kkk

Resources

Support
@ADEPt_y
Thu, 09 May 2024

ADEPt – West Africa (Francophone)-Mali

Masterclasses

SYNTHÈSE

CINÉMA DOCUMENTAIRE MALIEN
  1. Réaliser des documentaires engagés dans une situation politique compliquée, état des lieux.

Une relève de documentaristes pourraient réaliser des films engagés politiquement liés aux événements de 2012. Regarder aussi dans le passé aiderait à interpréter les tensions actuelles.

Il faut que les réalisateurs proposent des documentaires. Au Mali tout le monde veut faire de la fiction. Pour- tant, pour ce qui concerne le documentaire, il y a beau- coup de choses à élaborer et à écrire, on peut procéder à des recherches dans tous les domaines. Aujourd’hui, étant donné la situation, une occasion rare se présente aux cinéastes maliens pour réaliser des documentaires, car ce qui se passe dans leur pays est difficile à ap- préhender. Les artistes ont un regard critique et peu- vent pénétrer la société par le biais du réel. Cela ne veut pas dire que la fiction n’est pas importante. Le genre fiction nécessite de moyens importants, alors qu’avec une petite caméra, beaucoup de motivation, de la passion et l’amour envers son propre pays, un regard aigu, et encore, beaucoup d’ambition, le documentaire devient possible. De jeunes réalisateurs passent à l’acte: Awa Traoré, Moustapha Diallo, Youssouf Cissé, et bien d’autres. Ce qui est possible, c’est de renforcer la formation des jeunes qui font du reportage. Ils peuvent passer au documentaire de création après une expéri- ence de terrain. Les contacts sont pris avec AfricaDoc, et les jeunes font des stages au Sénégal, à leur retour, ils sont aptes à la réalisation de documentaires.

 

  1. Compromis de coproduction avec la télévision nationale du Mali

Le CNCM cherche des accords et tente de collaborer avec la Télévision Nationale du Mali pour mettre en place des compromis de coproduction. Des pourparlers sont en cours. Les deux ministères sont séparés ; le Centre National du Cinéma fait partie du Ministère de la Culture et la télévision fait partie du Ministère de la Communication.

 

  1. L’engagement unilatéral, suppression du monopole de la télévision?

C’est le combat mené depuis 2005 au niveau de la télévision pour un contrat de partenariat. Les produc- tions sont faites au niveau national ; le public malien mérite de voir ce qui est produit et d’apprécier les films. Aujourd’hui, l’heure est arrivée où le monopole de la télévision va disparaître. Les télévisions vont s’ouvrir au public malien et il y aura de nouvelles propositions, dans le cadre d’une vision nationale de la production audiovisuelle et cinématographique, avec le CNCM et les autres structures privées. Par le biais de ces compro- mis il est possible d’élever la production nationale tout en améliorant la productivité et la qualité des œuvres. Le CNCM seul ne peut pas le faire, les sociétés privées et les sponsors seuls non plus, la collaboration est donc essentielle entre tous les secteurs.

 

  1. Partenariat avec le CNCM

Pour ce qui est des actions externes, le matériel tech- nique du Centre National du Cinéma est à disposi- tion. Une unité de vidéo-projection est disponible avec écran, lecteur DVD et matériel son. Selon les cas une lettre officielle est adressée au Directeur qui convient d’une date pour la projection. Le partenariat avec le CNCM est très encourageant, il procure néanmoins une envie d’indépendance. Un complément de matériel devrait être acquis pour des projections à la demande, en direction du public.

 

  1. Les conditions de production pour des projets spontanés.

Il faut considérer les difficultés rencontrées lors du démarrage d’un projet de production de films documen- taires. Même si le documentaire est beaucoup moins onéreux que la fiction, les moyens manquent, et il n’y a pas beaucoup d’opportunités financières au Mali pour le prendre en charge. Soutenir les jeunes documentaristes maliens est difficile. Il faut commencer par l’écriture avant de penser aux coproductions avec accès aux fonds européens. La commission européenne demande des critères précis, qui ne sont pas souvent à la portée des pe- tits producteurs. Le documentaire est parfois spontané, proche du réel, cela demande de travailler au quotidien sans qu’il y ait préalablement ni une grande scénarisation ni un énorme système de financement.

 

  1. La distribution des films au Mali

Quelques cinémas ouvrent selon les circonstances, et les deux cinémas de Bamako ne font plus de programma- tions continues, mais présentent des films ponctuelle- ment, à des dates définies, avec la présentation d’avant- premières et d’autres événements.

LE FAR:

La distribution et l’exploitation se font aussi dans le cadre du réseau: FAR (Film Afrique Réseau), organisa- tion qui regroupe le Sénégal, le Burkina Faso et une association française.

Des kits de projection sont utilisés (avec des véhicules, des vidéo-projecteurs et une sélections de films) dans l’optique d’organiser des événements autour d‘un film. Le cas du Mali est un peu difficile car il y a peu de structures de distri- bution et d’exploitation, il faut donc améliorer ce secteur.

MOBICINE:

Le programme Mobiciné a été initié, avec des pro- jecteurs, et un catalogue de films africains. Des franchi- sés ont été formés afin d’organiser des projections dans les écoles et dans les villages. Les spectateurs présents, les films sont projetés dans les foyers, des espaces habi- tuellement destinés aux jeunes.

C’est très positif de pouvoir reconquérir le public avec un cinéma de proximité qui vient à lui. Chaque fran- chisé a la responsabilité de marquer sa commune par ses projections. La fidélisation avec le public est importante et elle se réalise à travers la ponctualité du rendez- vous et une bonne promotion d’accompagnement.

 

  1. Rénovation des salles, LE PADESC

Cinq salles sont classées patrimoine à Bamako, à Mop- ti, et à Ségou. La réhabilitation de ces salles est prévue pour des projections futures de meilleure qualité. Au CNCM, il a été décidé de renouveler les salles. Mais parallèlement on a demandé de gérer ces salles aux opérateurs privés.

Les exploitants doivent déposer des dossiers au PADESC, le Programme d’Appui au Secteur Culturel de la Culture du Mali. Il y a également des opérateurs qui ont décidé de prendre des salles et de les rénover parallèlement à l’action de l’État.

 

  1. Projections de documentaires dans les écoles et les lycées

Les spectateurs de demain sont dans les écoles. Il faut donc s’adresser à ce public, tout en le formant, dès le plus jeune âge.

Des projections sont organisées suivies de débats en- tretenus avec des jeunes, provenant des associations ou des lycées. La culture des documentaires destinés aux jeunes est primordiale. Il faut donc trouver des solu- tions afin de développer ce secteur, qui sous-entend que ces jeunes seront les spectateurs de demain.

 

  1. Une initiative rare à Bamako, les projections de films dans la prison des femmes

Des projections de films documentaires ont débuté en 2011 dans une prison féminine de Bamako. Étant don- née la situation sociale particulière, l’idée est d’amener un film documentaire qui ait un lien avec les femmes. Les documentaires sélectionnés peuvent apporter à ces femmes un apprentissage et une différente manière de voir les choses.

L’édition, qui est annuelle s’est reproduite en 2012, toujours dans le cadre du 8 mars, pour la Journée de la Femme. Ces deux séances se sont extrêmement bien passées. C’est un projet à reproduire plus d’une fois par an. Cela pourrait devenir une action pérenne, en souhaitant que cela se fasse une fois par mois, au lieu d’une fois par an.

Les projections pour les femmes détenues sont des initiatives avec des conséquences sociales et culturelles importantes mais sans véritable économie.

Une autre opération importante, c’est l’initiative Ciné- Grin. Cela se passe à la Pyramide du Souvenir, une place publique de Bamako, où chaque mois un film documentaire est proposé en plein air, avec par la suite des débats ouverts aux spectateurs.

 

  1. Portée de l’image

La portée de l’image n’est pas comprise, même si cer- taines personnes pensent que ce privilège-là est réservé aux fonctionnaires de l’État. Ce qui complique plus ou moins la tâche des producteurs privés. La télévision nationale ne met pas un franc dans les productions et les films sont diffusés gratuitement. Et quand les films sont prêts, très généralement CFI et TV5 les diffusent.

Les diffusions sont parfois offertes gratuitement à la té- lévision, car pour véhiculer notre message, c’est l’unique voie, il n’y a pas d’autres choix.

Les dirigeants n’ont pas saisi la porté des projets. Tout bon projet de développement, quand il n’est pas axé sur la culture, est voué à l’échec.

 

  1. Télévisions satellitaires

D’après mes recherches entreprises localement, les personnes concernées, tant les réalisateurs que les producteurs, confirment que les télévisions satelli- taires africaines ont le potentiel pour diffuser les films documentaires. Malheureusement, cela n’est quasiment jamais appliqué, tout comme pour les télévisions natio- nales. La diffusion est compensée par les accords faits avec les chaînes francophones qui passent en Afrique, mais qui sont gérées depuis Paris (CANAL+ AF- RIQUE,    CANAL     FRANCE     INTERNATIONAL, TV5 AFRIQUE).

Les contrats de coproductions stipulés entre les pro- ducteurs et ces diffuseurs varient selon certaines spéci- ficités: par exemple CANAL FRANCE INTERNA- TIONAL propose aux chaînes africaines des packages de programmes dans lesquels se glissent parfois des documentaires produits, soit en coproduction soit en pré-achat.

 

INTERVIEWS

INTERVIEW DE ABDOULAYE ASCOFARE
REALISATEUR, PRODUCTEUR

 

LES FILMS DE LA DUNE ROSE
KDO: Je vais faire un entretien avec M. Aboulaye ASCOFORE, qui dirige la société de production “LES FILMS DE LA DUNE ROSE” et nous allons commenc- er par son parcours et voir ce qui l’a amené à la réalisa- tion de films documentaires.

AA: Je suis né à Gao, en 1949, où j’ai fréquenté l’école primaire et plus tard, il y a eu un bref séjour au lycée de Tombouctou. Par la suite, j’ai obtenu un diplôme d’acteur et de mise en scène théâtrale à l’Institut National des Arts. J’ai travaillé environ sept ou huit ans à la radio et j’ai fait des mises en scène théâtrales à Bamako. Puis j’ai publié un recueil de poèmes intitulé “Domes- tique et le Rêve” et une pièce de théâtre qui a participé à un concours inter-africain dans les années 70. En 1978, je suis allé faire des études de cinéma à Moscou, qui ont abouti par un Master d’Art que j’ai obtenu en matière de réalisation avant de revenir au Mali.

KDO: À quel institut à Moscou?

AA: Le VGIK, l’Institut d’État de la Cinématographie de Moscou. La même école que Souleymane Cissé et Abderrahmane Sissako. À mon retour au Mali, je suis entré au Centre du Cinéma où j’ai fait quelques documentaires dont « la Sonatam » et un sur le PEV, le Programme Élargi de Vaccination. Il y a environ une dizaine d’années, j’ai réalisé un film sur Aminata Dramane Traoré. En matière de fiction, j’ai réalisé mon film « Faro, une mère des Sables », qui a connu un cer- tain succès au Festival de Cannes présenté dans le cadre de la Semaine de la Critique. J’y avais obtenu le prix « Coopération Française ». Actuellement, je travaille sur un documentaire qui s’appelle « ZABOU, MANNE- QUIN DES SABLES».

KDO: Est-ce que vous pouvez nous parler de ce documentaire?

AA: “ZABOU” raconte l’aventure d’une certaine Zabou- méga qui au début des années 70 a connu un certain suc- cès. De Gao jusqu’à Bamako et de Bamako à Paris, où elle est entrée au Crazy Horse Salon. C’est la première africaine noire au Sud du Sahara à être entrée au Crazy Horse après Josephine Baker. Elle a dansé au Crazy Horse de Paris. Zabou est passée par beaucoup de pays comme l’Angleterre, l’Allemagne, le Japon, et par la plu- part des capitales européennes. Au début des années 80 sa chute a commencé à cause de la drogue et de l’alcool. Le film est mené comme une enquête sur sa vie. Elle re- vient à Gao, et ayant perdu la raison, elle rentre chez elle avec ses deux grands chiens, une simple valise. Le film raconte son itinéraire depuis sa ville natale, Gao. Elle se rendra à Dakar, et ensuite en Europe via la Jamaïque.

Le film essaye de réfléchir sur ses faits de gloire comme sur sa décadence. Aujourd’hui, si vous allez à Gao, vous pouvez la voir, elle a plus de soixante ans, elle porte plus d’une vingtaine de bagues aux doigts, plus d’une soixan- taine de colliers au cou et se déplace comme une star.

KDO: Et maintenant parlons plus globalement de la prob- lématique du documentaire au Mali. Avez-vous sollicité la télévision du Mali pour que votre film soit diffusé?

AA: J’ai sollicité la télévision malienne. Pour cette production, je n’ai pas reçu de financement particulier. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas accordé d’aide à d’autres personnes.

Je sais également que le film terminé, la télévision va demander à le visionner, et va peut-être le diffuser.

KDO: La télévision fait des participations en coproduc- tion, pour l’apport de matériels, de choses comme ça?

AA: Moi, je n’en ai pas bénéficié, mais le Centre du Ci- néma a participé à hauteur de 25% du budget du film.

KDO: Et vous avez reçu une aide de l’extérieur outre les 25% du Centre National du Cinéma?

AA: Oui, puisque j’ai reçu l’aide de l’Union Europée- nne, de l’OIF, de Multi TV Afrique, une petite divi- sion de Canal Plus, de l’UMOA, de la Présidence de la République du Mali qui a apporté 3 millions CFA, ce qui est correct.

KDO: En ce qui concerne uniquement le documentaire, que peut-on penser et imaginer pour l’avenir vu qu’il n’y a plus de salles de cinéma en Afrique? Dans les années 70, il y avait une vingtaine de salles dans chaque capitale africaine. Mais aujourd’hui nous n’avons qu’une ou deux salles par pays qui fonctionnent véritablement. Est-ce qu’on peut imaginer un autre avenir ou une autre visi- bilité pour les films documentaires?

AA: Je voudrais dire d’abord qu’il ne faut pas désespérer. Même en France les salles ont été un peu désaffectées, et il a fallu ce petit retour effectué grâce aux initiatives de Jack Lang et petit à petit on a ouvert à nouveau les salles, et des aides ont été accordées. J’ai vu la même chose se passer au Maroc. Il fut un temps où les salles ne marchaient pas du tout. Mais maintenant cela s’améliore. Nous allons sortir un jour des formules an- ciennes germées à partir à l’époque du cinéma colonial et néocolonial. On a traversé une période de crise mais il est certain qu’on reviendra aux salles. Ceci dit, les réalisateurs continuent de se battre, pour la vidéo, pour la télévision. Le documentaire va continuer de vivre, la fiction également, mais tout va changer.

C’est vrai qu’il y a une volonté de la part de la télévi- sion malienne et du Centre National du Cinéma. Il faut peut-être aller voir du côté des grosses sociétés qui pourraient s’impliquer financièrement.

KDO: Malgré les efforts du Centre National du Cinéma et de la télévision malienne, vous pensez qu’il faudrait que les producteurs se dirigent aussi vers un mécénat d’entreprise?

AA: Il y a peu d’argent au Mali, nous sommes un pays pauvre mais nous pouvons essayer de nous exprimer beaucoup plus culturellement. Il y a des gens qui peu- vent encore donner de l’argent. Il faut que les réalisa- teurs ou les producteurs frappent à d’autres portes pour trouver des personnes ayant les capacités d’investir dans la culture et d’aider le cinéma. Si les producteurs tra- vaillaient plus, ils trouveraient des sources de finance- ment. Il y a des exploitations de mines d’or au Mali, des usines, des entreprises qui peuvent financer. Peut- être que ce mécénat là est un créneau à ne pas négliger.

 

INTERVIEW DE ASSANE KOUYATE
REALISATEUR
KDO: Je rencontre au CNCM, au Centre National de la Cinématographie du Mali, M. Assane KOUYATE, réalisateur de film de fictions et de documentaires. Cette interview veut surtout définir les raisons qui l’ont amené à faire du cinéma documentaire.

AK: Vous m’avez posé la question: « Pourquoi le docu- mentaire? ». J’ai suivi une formation de réalisation et mise en scène de films de fiction à l’Institut de Cinéma de Moscou, le VGIK, de 1983 à 1990. J’ai récemment réalisé un long-métrage, “EKABALA”, dont on a parlé un petit peu. Et je veux parler à présent du problème essentiel que nous avons sur le continent africain: le financement des films. Nos états ne s’occupent pas beaucoup du cinéma. Il y a des pays qui font des efforts, mais en général ce n’est pas une activité très soutenue. Si nous regardons d’un peu plus près les génériques de nos productions, on s’aperçoit que les financements proviennent de l’Union européenne, de la coopération française, de la Francophonie et de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie). Nos états soutien- nent les films que très rarement.

Le documentaire est un domaine où, avec l’avènement du numérique, il est possible de réaliser un film avec une petite caméra, et avec l’aide de deux ou trois tech- niciens. Je viens de réaliser un documentaire juste avec mon cameraman.

Nous avons pu faire trois documentaires à la suite. Les avantages technologiques dont nous disposons de nos jours nous poussent à en produire.

Pourtant le manque de moyens et d’infrastructures reste un des problèmes essentiels.

Une autre question d’actualité est aussi, qu’avec la démocratisation de nos pays, l’audiovisuel s’est gé- néralement privatisé.

Il y a l’éclosion des télévisions privées qui s’intéressent beaucoup à la production de documentaires. Elles s’adressent à des réalisateurs en marge de structures publiques. Mais c’est dans le cadre du secteur privé que moi, j’ai pu réaliser des documentaires institutionnels.

Souvent sur des problèmes d’environnement, sur la transmission des savoir faire et des connaissances, de la mutation de nos traditions, etc. J’ai travaillé sur ces thèmes là, et je crois que c’est une très bonne chose. Habituellement, depuis les indépendances, de 1960 jusqu’à aujourd’hui, nous étions majoritairement habi- tués à voir des documentaristes étrangers, occidentaux, japonais, chinois, etc., traitant de nos réalités à travers leur regard.

KDO: À travers leur point de vue?

AK: Leur point de vue exactement. Je crois qu’il est temps qu’avec notre cinéma africain qui a 50 ans au moins, qui est un cinéma adulte, que les cinéastes africains aussi produisent des choses à partir de leurs points de vue, à partir de leurs sensibilités, de leur intelligence, et de leur culture. Tout cela est très important. C’est pour cela que je tiens à faire des documentaires. Je sais que nos sociétés sont en muta- tion aujourd’hui, et que nous sommes dans la mondi- alisation. Senghor disait: « Le rendez vous du donner et du recevoir ». C’était le terme qu’il a utilisé pour exprimer que chaque peuple peut apporter quelque chose. Nous, en tant que cinéastes, ce que nous pouvons apporter, c’est notre regard sur nos propres réalités grâce au documentaire. La fiction aussi peut le faire, grâce à la réalité recomposée.

Mais le documentaire est le meilleur moyen pour que le cinéaste africain trouve sa place et contribue à une nouvelle expression.

KDO: De votre point de vue, les cinéastes africains doivent faire des documentaires avec leur regard, leur sensibilité et surtout leur identité par rapport à la société dans laquelle ils vivent?

AK: Nous sommes face à un problème identitaire car il y a une forme d’agression, de plusieurs points de vue. Dans les grandes villes africaines d’aujourd’hui, les toits de toutes les maisons sont hérissés d’antennes de télévision. Les productions étrangères nous arrosent de leurs émissions.

Économiquement, socialement et culturellement, il faut que nous formions notre propre défense. Je crois qu’un des meilleurs moyens c’est de produire selon notre propre regard. Avec notre culture, notre identité, c’est uniquement ainsi que nous pourrons rectifier la défor- mation que nous apporte le regard de l’autre.

KDO: Lors de ma tournée dans les cinq pays de l’ouest francophone, j’ai eu à constater, que les réalisateurs de documentaires se plaignent que les télévisions nationales diffusent très peu de documentaires.

L’autre constat c’est qu’il y a de moins en moins de salles de cinéma, de moins en moins de structures de diffusion. Est-ce qu’on peut imaginer une au- tre approche pour diffuser nos documentaires? Un renforcement des diffusions par les télévisions? Aller au devant d’un public africain d’une autre manière qu’avec les salles de cinéma? Qu’est-ce qu’on peut imaginer, pour innover en Afrique? Le public africain est très intéressé par l’évolution de sa société, com- ment voyez-vous les choses?

AK: Je pense tout d’abord qu’il faudrait voir du côté des télévisions nationales africaines francophones. J’ai eu une petite expérience avec la télévision nationale. Lorsque j’ai voulu réaliser mon premier documentaire, je leur ai soumis le projet. Ils ont été très réticents. Par la suite, je me suis rendu compte que les productions nationales ne les intéressaient pas.

KDO: Ils ne rentrent donc pas en coproduction?

AK: Non, car ils savent très bien qu’à travers l’OIF (l’Organisation Internationale de la Francophonie), à travers les télévisions partenaires européennes, jap- onaises, etc., ils ont accès à des stocks de documen- taires. Leur préoccupation est de remplir leur grille de programme. Il faut donc changer institutionnellement pas mal de choses. Dans les contrats que nous signons en tant que producteurs/réalisateurs, ce n’est qu’au bout de deux ans après la première sortie du film, qu’ils ont la liberté de donner nos produits aux télévisions franco- phones, cela tue le cinéma africain.

KDO: Et à leur donner gratuitement.

AK: Gratuitement! Ce qui fait que quand vous avez un projet et que vous leur demandez leur participation, ils se disent, non, mieux vaut attendre deux ans! Ainsi, ils reçoivent ton film gratuitement! Nous dénonçons ce phénomène depuis longtemps, et malheureusement les gens censés changer cette situation, jouent double jeu!

Ils savent bien qu’ils doivent investir de l’argent pour aider le cinéma africain à se développer. D’un côté, on leur dit qu’il ne se développe pas parce que les télévi- sions doivent participer aux productions. Mais ensuite vous leur donnez gratuitement nos produits! Il y a donc une énorme contradiction. Malheureusement cette situation perdure et c’est vraiment un gros problème.

KDO: Ce qui est contradictoire, c’est que les télévisions nationales ont accès à des documentaires produits depuis une quinzaine d’années. Or, les télévisions ne cherchent pas ces documentaires obtenus gratuitement et elles ne participent pas financièrement à leur production! Les documentaires sont très peu diffusés! 

AK: Ce qu’on leur demande c’est de participer réelle- ment, mais elles ne coproduisent pas.

KDO: Et vous pensez donc que des programmes comme National Geographic, des documentaires fournis gratu- itement, soit par la BBC, soit par TV5 ou CFI, empêchent aux télévisions nationales de participer à la production de documentaires de création au niveau national?

AK: Absolument! C’est cela, c’est bien résumé! Je crois que tant qu’on l’on ne portera pas à un coup à cette contradiction là, on risque de rester dans cette logique.

Ce n’est un secret pour personne qu’aujourd’hui, dans nos pays, il n’y ait plus de salles de cinéma. Ces salles ont été fermées pour des raisons que nous connaissons tous: la privatisation.

On s’est rendu compte que ces erreurs ont été com- mises au moment où les occidentaux nous disaient qu’il fallait privatiser. Les occidentaux ont un cinéma très fort; aujourd’hui le cinéma se porte merveil- leusement à Paris, aux USA, qui est le pays de la privatisation à outrance également, mais souvent ces salles ont été transformées soit en magasin soit en salles de jeux.

KDO: Et dans certains pays, en églises.

AK: En églises justement. C’est vraiment dommage car tout le monde connaît le rôle que joue le cinéma, qui est une école, un cours du soir, comme le dirait le doyen d’une université. Le cinéma comme fait culturel d’importance.

KDO: Je voudrais que l’on revienne sur la notion d’agression par rapport à ces antennes de télévision. À Bamako, la population a accès à une cinquantaine de chaînes de télévisions, grâce aux satellites. Au même moment d’une forte agression en terme d’images par le biais de la télévision, il n’y a pas de place à l’éducation nationale pour fournir aux écoliers et aux jeunes lycéens l’information nécessaire concernant l’importance et l’impact de l’image sur un individu. Pensez-vous que les pays africains n’auraient pas à y gagner en structurant des débats autour des documentaires dans les écoles? Et est-ce qu’un Centre National de Cinéma comme celui-ci n’aurait pas intérêt à s’associer avec l’Éducation Natio- nale pour donner des cours sur l’importance de l’image, avec une pédagogie pour les écoliers et les lycéens afin de créer justement une audience, pour l’avenir?

AK: Avant, l’enfance était surveillée d’une manière in- telligemment pensée: la première enfance, de un à sept ans, était sous la responsabilité de la mère, la deuxième enfance, de sept à quatorze ans, sous la responsabilité du père.

La troisième enfance était prise en charge par la société. Tout le monde sait aujourd’hui que les toutes premières créations d’images dans la tête d’un enfant se forment à travers les contes. Notre culture n’est pas une culture de l’image. C’est une culture de l’oralité et la base de cette oralité ce sont les contes, les légendes, etc. La personne qui était l’animatrice principale de cela, était la grand- mère. Autour du feu, le soir, elle disait des contes, faisait des devinettes à l’enfant.

J’ai bien profité de cela avec ma grand-mère, vers la fin des années 50. Je crois que beaucoup de ces grands-mères-là n’existent plus. Nos grands-mères actuelles sont modernes. Qu’est-ce qui a remplacé cette grand-mère-là? C’est la télévision! Aujourd’hui, à partir de six heures du soir, l’enfant se met devant la télé pour manger, pour faire quoi que ce soit! C’est malheureusement la télé qui a remplacé cette grand- mère, et le contenu de ce programme n’est pas con- trôlé par l’État ou par les autorités.

Dans nos pays où l’école ne fonctionne pas, où l’éducation ne marche pas, on se pose la question. Ef- fectivement aujourd’hui on est étonné par l’attitude de la jeunesse africaine qui ne sait rien de rien, mais la faute incombe aux autorités d’abord, et ensuite, à la famille qui s’est disloquée. Surtout dans les grandes villes. Les autorités ne font pas de contrôle ni au niveau des télévisions ni au niveau de l’école où il faut initier les enfants aux bienfaits de l’image tout autant qu’aux méfaits de l’image. L’image, c’est un couteau à double tranchant, qui peut jouer un rôle positif et négatif dans l’éducation de l’enfant. Il faut donc surveiller l’enfant dans son rapport avec l’image. Malheureusement l’ État ne fait rien, l’école n’arrive pas à contrôler et je suis sûr que dans les autres pays c’est à peu près la même chose.

KDO: Et que pensez-vous des ciné-clubs dans les écoles, dans les quartiers? Amener le cinéma soit documen- taire ou de fiction, dans des endroits publics, des endroits populaires, alors qu’il n’y a plus de salles de cinéma? Il y a quand même des stades et des salles communales qui permettent de créer de l’animation autour de films docu- mentaires projetés dans les écoles.

AK: L’expérience malienne est assez éloquente dans ce sens. Depuis l’indépendance, de 1960 jusqu’en 1968, sous la première République, d’obédience socialiste, on a vu se mettre en place tout ce que vous venez d’exprimer. C’est sous cette République que nous avons eu les ciné-clubs, à l’époque les ciné-clubs Askiano. Les premiers ciné-clubs maliens que beaucoup de cinéastes de la première génération ont bien connu.

KDO: Ciné-clubs, comment …?

AK: ASKIANO. Ensuite il y a eu d’autres clubs mais c’était vraiment le ciné-club de base. Ensuite, le cinéma ambulant a été mis en place. Il y avait des ciné-bus, qui allaient de village en village, un cinéma véritable- ment ambulant. Il y avait des salles sous l’époque du Président Keïta. Avec son ministre de la culture et de l’information, ils ont compris que l’image devait aller au village. Le socialisme de l’époque était un régime qui prônait cela. On ne va pas revenir à ce que Lénine avait dit par rapport à l’image. Avec la deuxième Ré- publique, de 1968 jusqu’en 1991, tout le monde a su ce qui s’est passé! L’école s’est détériorée, et quand l’école se détériore, c’est fini! Nous avons eu ces problèmes car l’école s’est désagrégée, la culture s’est désagrégée. Le sens moral de l’homme et nos valeurs également. Les idées politiques nous ont éloignés de nos propos. Mais c’est vers les années 1990-2000 que les choses ont un peu changé.

Il y a eu, par exemple, des tentatives: le CNCM a cherché d’implanter des ciné-clubs au niveau de l’enseignement secondaire. Il y a la réalisation d’un travail qui se perpétue mais qui régresse faute de moy- ens. Il y a eu aussi un projet financé par l’Union Européenne, il y a deux ans, trois ans, au niveau régional, au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal. Une sélection de certains films a été faite. L’ Union européenne en a financé une partie. Il y a quelques projets qui se font ainsi, mais ce n’est pas suffisant. C’est une base de réflexion. La nature a horreur du vide, et ce vide là on ne peut pas l’oublier, car il risque d’être comblé par autre chose.

Les enfants ont besoin de références et si on ne leur en donne pas, ils vont jeter leur regard ailleurs. Il faut cette volonté au niveau des hommes de culture pour nous rac- crocher à nos valeurs, en faisant des documentaires et en allant vers la population pour leur montrer ces films.

 

INTERVIEW DE AWA TRAORE
REALISATRICE, DISTRIBUTRICE
BEKA FILMS DISTRIBUTION
KDO: Je suis en entretien avec Awa TRAORE, réalisatrice de documentaires, ayant beaucoup d’activités avec Afri- caDoc. Notamment, elle va s’engager dans la distribution de films. J’aimerais avoir une discussion avec elle sur son projet de distribution et ses projets de projections, ici, à Bamako. Awa, est-ce que tu peux présenter rapidement ton par- cours, et ensuite nous pourrons débattre de tes objectifs et de tes activités?

AT: Je suis arrivée dans le secteur du cinéma en 2006 après une maîtrise en sociologie. Il y avait une résidence d’écriture organisée pour les jeunes intéressés par les documentaires. À l’époque, j’écrivais mon mémoire de maîtrise. Je me suis dit que le cinéma pouvait être un outil pour parler de cette thématique qui m’intéresse beaucoup. J’ai saisi l’occasion pour postuler pour cette résidence en 2006 et je m’y suis inscrite. Je suis arrivée dans le cinéma par cette voie. En 2006-2007, j’ai écrit un projet en résidence avec AfricaDoc. En 2008, j’ai commencé la réalisation et puis le film est sorti officiel- lement le 2 mai 2009. « WAALUDU » est un film de 52mn qui parle de l’adoption traditionnelle des enfants au Mali. Après sa sortie, je suis allée à Saint-Louis du Sénégal, où AfricaDoc a mis en place un Master 2 en réalisation de films. Quand j’étais là-bas, le film était en cours de tournage. Le Master a coïncidé avec le film. Ensuite, j’ai commencé à m’intéresser à la distribution, car j’ai constaté qu’il n’y avait pas grand-chose en terme de distribution de film au Mali, surtout pour le documen- taire. Je voulais vraiment me spécialiser dans la distri- bution en plus de la réalisation. J’ai commencé à faire des recherches sur la distribution, et finalement je suis entrée en contact avec Doc Net Films en France. Doc Net Films édite et distribue des films documentaires, et a obtenu une subvention de l’Union Économique et Monétaire Ouest-africaine pour distribuer une col- lection de documentaires africains dans les huit pays de l’UEMOA (Benin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo). Le projet était piloté depuis la France mais j’ai été chargée de toute la coordination Afrique. Cela a facilité la création de ma société de distribution.

KDO: Pouvez-vous me parler de vos projections dans les prisons de femmes?

AT: J’ai réussi à mettre en place deux initiatives de projections. Une première initiative est la projection de films documentaires dans la prison de femmes, qui a débuté en 2011. Puis il y a eu une deuxième édition en 2012. Étant donnée la situation sociale particu- lière, l’idée est d’amener le film documentaire qui soit en lien avec les femmes. La plupart d’entre elles sont détenues en prison pour infanticide ou autre délit. On choisit spécifiquement des documentaires qui puissent apporter à ces femmes un apprentissage et une différ- ente manière de voir les choses. La deuxième édition était donc cette année. Cela se passe dans le cadre du 8 mars pour la Journée de la Femme: une fête offerte à toutes les femmes sans exception même pour celles qui sont en prison. D’ailleurs on dit que toute personne, quelque soit sa situation, a droit à la culture! On s’est dit que pour cette date-là il fallait amener la culture dans la prison et c’est grâce à cela que je peux faire ces projections. Ces deux séances se sont extrêmement bien passées, et c’est vraiment un projet que j’ai envie de reproduire une fois par an. Les femmes en ont grand besoin, et quand on annonce l’arrivée des films dans la prison, elles sont impatientes de les voir. J’aimerais bien que ce soit une action pérenne, qui se reproduise non pas une fois par an, mais plutôt une fois par mois. Tout dépend des moyens, cela va venir avec le temps.

La deuxième initiative sont les projections Ciné-Grin, qui se déroulent à la Pyramide du Souvenir, une place publique à Bamako. Nous proposons chaque mois un film documentaire. Des débats sur le contenu ont lieu avec les jeunes des associations ou des lycées. J’aimerais que les lycéens puissent développer aussi la rédaction. Il faut qu’ils se déplacent pour aller voir ces films. Ces deux projections sont gratuites. En effet, je ne crois pas qu’il faille demander aux femmes détenues de payer pour voir des films! Le Ciné-Grin aussi est gratuit, afin d’amener la culture du documentaire au niveau des jeunes. Après les avoir fidélisés, on pourra créer un petit système économique, mais au début, les premières saisons sont gratuites. Nous avons fais trois séances juste avant les problèmes politiques, la dernière séance a eu lieu en mars. On a envie de reprendre en juin.

KDO: Quel type de matériels utilisez-vous pour faire ces projections à la prison?

AT: J’utilise le matériel du Centre National du Ci- néma; c’est une unité de projection numérique avec vidéoprojecteur, écran, matériel son et lecteur DVD inclus, tout simplement.

KDO: D’accord, vous avez un technicien?

AT: Non, je n’ai pas de technicien. J’ai demandé un partenariat avec le Centre National du Cinéma, qui m’a été accordé sur ces séances. Au moins une semaine avant la date de projection, j’adresse une lettre officielle au Directeur pour signaler la programmation pour cette date là, et ils nous confient le matériel et les techniciens. On organise tout, matériel, chaises, et l’aménagement de l’espace. En ce qui concerne le matériel de projec- tion, c’est le Centre National du Cinéma qui le prend en charge. Cela se passe dans le cadre d’un partenariat avec le Ciné-Grin, un samedi par mois. Mais j’aimerais faire plus de projections pour le public malien.

KDO: Et vous êtes l’animatrice des débats?

AT: J’anime avec d’autres collègues, on ne demande pas d’animation spéciale. Le jour où l’on introduit le film, on laisse les gens regarder ; à la fin on prend le micro et on lance le débat. On donne la parole au public, les gens réagissent et il y a une interaction, et ça, c’est intéressant.

KDO: Quelles sont les difficultés que vous rencontrez lorsque vous démarrez un projet de production de films?

AT: La plus grande difficulté, c’est le côté financier. Quand on veut faire des films, il faut un minimum de moyens. Le documentaire est beaucoup plus accessible que la fiction, mais les moyens manquent. Il n’y a pas un système financier organisé au Mali pour prendre en charge le documentaire. Pour accompagner les jeunes maliens qui veulent faire du documentaire, on est tout le temps obligé d’être dans un mode de coproduc- tion pour accéder à des fonds. On passe forcément par l’écriture- je n’ai rien contre l’écriture -j’ai toujours écrit mes projets.

Souvent on passe beaucoup trop de temps à écrire pour des projets, car les commissions ont leurs critères. Le documentaire, c’est parfois spontané. Il faut juste avoir le moyen de faire un film sur le réel au quotidien. Sans passer forcément par une très grande scénarisation et un système de financement compliqué. Cela dépend des cas. Il y a des films qu’il est possible de réaliser sans que les fonds soient débloqués: j’ai envie de faire un film sur ma grand-mère, qui est la plus âgée du village aujourd’hui. Personne n’égale cette vieille dame! Elle a fait dix mater- nités, a perdu six de ses enfants. Elle en a quatre, main- tenant elle vieillit et chaque jour que Dieu fait, elle se dit: « Je ne serai plus là demain, je ne serai plus là! » Elle attend la mort. J’ai envie de filmer ma grand-mère dans ces moments là! Je n’ai pas besoin de m’asseoir, d’écrire tout ça pour aller chercher de l’argent, non! J’ai besoin du matériel rapidement, de techniciens que je peux amener sur le terrain, au village, pour filmer. Ce sont des films qui peuvent être des productions nationales, produits avec peu de moyens. Pour ce projet, j’ai juste besoin d’un cameraman et d’un preneur de son.

KDO: Parlez-moi de votre structure de distribution. Comment voyez-vous l’avenir concernant la distribu- tion de films à Bamako et dans les autres pays africains et quelles sont vos projections pour le futur?

AT: Dans l’avenir, il faut d’abord consolider notre ac- quis, à travers le projet de distribution de cette collec- tion. Et ce qui est acquis c’est la collection Afrique en Doc. Dans chaque pays, on ouvre une ou deux librairies qui vendent nos films. L’outil DVD c’est autre chose.

Le documentaire n’est pas connu, il n’est pas com- mercialisé. Dans l’avenir, je compte vraiment m’inscrire dans la logique de créer une véritable économie autour du cinéma documentaire. J’ai vu qu’il y avait une pos- sibilité pour la créer. Il faut avoir une forte volonté et une grande conviction pour faire cela.

KDO: Il faut créer une audience.

AT: En terme de projection, oui, et multiplier aussi les actions tels que le Ciné-Grin, et la projection pour les femmes détenues. C’est à travers ces actions que j’espère vraiment créer un système économique et aussi à travers les sorties en salles, et à travers la vente DVD.

KDO: Est-ce que vous pouvez me parler de votre pro- chain projet, dans le cadre d’AfricaDoc?

AT: Après la réalisation de mon premier film, j’ai senti qu’il fallait beaucoup plus d’implication dans tout ce qui est collectif. Dans la résidence d’écriture, dans la distribution. Je me dis qu’il faut recentrer les actions, qu’il faut se pencher aussi un peu sur la question de l’actualité brûlante, qui inquiète tous les maliens. Je ne suis vraiment pas en marge de cette réalité là, ainsi j’ai décidé d’aller à cette résidence à Bobo-Dioulasso pour écrire un projet de documentaire sur la situation actu- elle de mon pays. Cela me fait beaucoup de peine de voir mon pays dans cette situation, et aussi, je crois que ce film peut apporter sa pierre dans la reconstruction du Mali et faire évoluer le débat d’aujourd’hui. Il faut reconnaître que les niveaux ne sont pas les mêmes ici au Mali sur cette question là. Les analyses diffèrent et il faut donner notre lecture. Un film reste un point de vue toujours personnel. Il peut être partagé ou pas, mais ce sera ma façon aussi de contribuer aux débats. Car je ne suis pas la seule à avoir ce point de vue là. Beaucoup de personnes, dont aussi les grands intellectuels de ce pays doivent pouvoir être soutenus dans leur combat.

Ils constatent la réalité, alors que le bas peuple est mas- sacré et est privé d’éducation, afin qu’il ne comprenne justement pas ce qui se passe, pour qu’il soit limité dans l’analyse. Cela bloque le changement!

KDO: Donc là, vous allez faire un film engagé politiquement?

AT: Vraiment! Je ne me suis jamais sentie assez engagée en fait politique, c’est la première fois. Avant, à part avec mon père, je ne soutenais pas de débats. À la mai- son, mon père aime beaucoup la politique. Je discute avec lui, je parle politique, mais là, depuis les derniers événements, je me sens à fond impliquée dans la politique et c’est naturel, voilà, c’est naturel! Et j’espère vraiment arriver à faire ce film.

 

INTERVIEW DE MAMADOU CISSE PRODUCTEUR ET REALISATEUR DE FILMS DOCUMENTAIRES
GERANT DE LA SOCIETE FARAFINA PRODUCTION
KDO: Je rencontre Mamadou CISSE, producteur, réalisa- teur de documentaires et gérant de la société de produc- tion “FARAFINA PRODUCTION”. Il va rapidement nous expliquer son parcours et nous parlerons ensuite des documentaires qu’il a produits et réalisés.

MC: Je réalise des documentaires de création dans des conditions extrêmement difficiles. Comme c’est le cas pour toute la production africaine.

KDO: Comment produisez-vous vos documentaires de création?

MC: Ce sont des autoproductions. Il faut que le sujet me plaise, et en fonction de ça je commence à faire un travail de recherche. Je filme parfois après avoir travaillé sur des dossiers de production pendant plus d’un an.

Nous sommes dans un pays où jusqu’à présent on n’a pas compris la portée de l’image. Certaines personnes pensent que ce privilège-là est réservé aux fonctionnaires de l’État. C’est ce qui complique notre tâche en tant que producteurs privés. Quand le produit arrive, au mo- ment de la diffusion, CFI et TV5 sont généralement nos potentiels diffuseurs. Ce qui est difficile, c’est que notre télévision nationale ne met pas un franc symbolique dans nos productions, et nos films sont diffusés gratuitement.

KDO: Vous dites que la télévision malienne ne met pas un franc, en tant que coproductrice, et en même temps, vos films sont récupérés par le biais de CFI et de TV5?

MC: C’est difficile à admettre, mais on préférerait que nos films soient d’abord diffusés à partir de notre té- lévision nationale, et ensuite par CFI et TV5.

À part ça, CFI achète les documentaires à prix très bas. À titre d’exemple, j’ai eu la chance de vendre un film à ARTE: alors que ARTE achète la minute à 500 euros, CFI est à 100 euros la minute, pour une diffusion dans tous les pays francophones.

KDO: Et TV5 achète au même tarif?

MC: TV5 achète au même tarif, donc voilà nos deux diffuseurs potentiels. On aimerait davantage que nos créations soient vues par nos propres populations, qui peuvent s’identifier parfois aux histoires racontées par nos films.

KDO: Quand vous faites des documentaires, la télévision nationale ne les diffuse donc pas?

MC: La télévision nationale diffuse à condition que tu cèdes ton documentaire gratuitement. Quand tu mets 5 ans à faire un film, cela est inadmissible pour un réal- isateur/producteur! Jusqu’à présent nos dirigeants ne l’ont pas compris. Tout bon projet de développement, quand il n’est pas axé sur sa culture est voué à l’échec.

KDO: Est-ce que le documentaire en Afrique a de l’avenir? Est-il possible de vendre vos films ailleurs qu’à CFI à TV5?

MC: La diffusion est très difficile, personnellement, je sous-titre en anglais, en espagnol, en portugais. J’aimerais beaucoup qu’il y ait dans ces différents pays des diffuseurs qui s’intéressent au documentaire africain.

KDO: Avez-vous un vendeur international qui s’occupe de vos films?

MC: Non! Pas encore!

KDO: Est-ce que vous pensez pouvoir faire la diffusion de vos films en salles, ici à Bamako ou dans des ciné-clubs?

MC: Concernant les ciné-clubs, moi, je suis prêt à don- ner mes films gratuitement. Il y a besoin de changer les mentalités. Nous sommes prêts à offrir nos documen- taires pour les différentes couches de la population.

Parfois, on accepte les diffusions gratuites à la télévi- sion, car si l’on veut véhiculer notre message et que c’est l’unique voie, il n’y a pas d’autres choix.

KDO: Est-ce que vous pensez que la jeunesse malienne et la jeunesse africaine d’aujourd’hui est intéressée par le documentaire?

MC: La jeunesse actuelle qui est dans le cinéma s’intéresse beaucoup aux documentaires. Mais à un moment donné, les jeunes réalisateurs et producteurs décrochent, parce qu’ils ne voient pas d’issues.

On met parfois 5 ans pour faire un documentaire de 26 minutes! Cette patience-là, les jeunes ne l’ont pas en- core. Nous, nous l’avons, car notre passion est très forte. Si on ne fait pas ce métier, qui va le faire à notre place?

 

INTERVIEW DE MONSIEUR MOUSSA OUANE REALISATEUR DE FILMS DOCUMENTAIRES ET DIRECTEUR DU CNCM (CENTRE NATIONAL DU CINEMA MALIEN)
KDO: Nous sommes au Centre National du Cinéma Malien, en entretien avec Monsieur Moussa OUANE, directeur du CNCM et également réalisateur de docu- mentaires. Est-ce que vous pouvez brièvement nous expliquer votre parcours, et ce qui vous a amené à réaliser des documen- taires?

MO: Je viens de l’École Nationale des Arts du Mali. J’ai suivi par la suite une formation de cinq ans, à l’Institut Supérieur des Arts de Cuba. Nous avons eu la chance de vivre le mouvement culturel de l’époque, entre 1978 et 1985. Je me suis beaucoup intéressé au cinéma, et je faisais ma pratique à l’ICAIC (Institut Cubain d’Art et d’Industrie Cinématographique). J’ai pu assister à des critiques cinématographiques et voir beaucoup de films. J’ai participé au tournage de longs-métrages à Cuba. Après ma formation, je suis revenu au Mali, à l’ORTM (Office de la Radio et de la Télévision du Mali) et j’y ai travaillé en tant que réalisateur. J’ai constaté à mon re- tour qu’il y avait beaucoup à faire avec l’outil du cinéma et de la télévision. Je voulais au début me spécialiser dans le domaine de l’espace dramatique mais malheu- reusement, au niveau de la télévision, cela n’existait pas. Ayant reçu une formation de réalisateur, je faisais des documentaires en attendant que les conditions soient réunies pour faire des séries ou des sitcoms, etc…

À cette école de Cuba, on dit que la création artis- tique ce sont deux personnes: celle qui crée et celle qui recrée. Celui qui créé c’est l’artiste, celui qui recréé c’est le public. Pour moi, afin de porter un regard sur mon pays, la meilleure démarche était de faire du docu- mentaire. Cela nécessite de peu de moyens. J’avais une complicité avec les gens de la télévision nationale, les caméramans, les perchmans… On était tous engagés pour jeter un coup d’œil sur notre pays afin de com- prendre les choses. J’ai fait un film sur les Dogons, sur l’architecture etc …

Ce que j’ai réalisé ensuite, et qui a été apprécié à trav- ers le monde, c’est « l’Esprit de Mopti ». Avec ce film, j’ai voulu porter un regard sur mon pays, proposer au monde entier ce que nos ancêtres ont bâtit. Sur les relations humaines, sur notre philosophie, qui dit qu’il faut d’abord construire l’homme avant de construire autre chose. Je crois que le documentaire est le meilleur moyen de comprendre les choses sur son propre pays.

KDO: Aujourd’hui, en 2012, avec ce qui est en train de se passer au Mali, pensez-vous qu’il y ait une relève de documentaristes pouvant faire des films engagés politiquement, en relation avec les événements? Qui puissent porter un regard dans le passé pour expliquer les raisons des tensions actuelles?

MO: En étant au CNPC (Centre National de la Pro- duction Cinématographique), devenu par la suite CNCM (Centre National de la Cinématographie du Mali), je me suis évertué à dire qu’il faut que les réalisa- teurs proposent des documentaires.

Ce qui est condamnable c’est que chacun veut faire des longs-métrages de fiction, alors qu’il y a tellement de projets de documentaires à écrire, et des recherches à faire dans tous les domaines. L’occasion est unique pour les cinéastes de faire des documentaires, car nous vivons un coup d’état et des événements politiques inexplicables. Cela ne veut pas dire que la fiction n’est pas importante, mais cela nécessite de beaucoup de moyens. Actuellement avec une petite caméra, beau- coup de motivation, de l’amour pour notre pays, un certain regard, et de l’ambition, on peut vraiment faire du documentaire. Il y a des jeunes aujourd’hui qui en font: Awa Traoré, Moustapha Diallo, Youssouf Cissé.

Ce que nous pouvons faire, c’est renforcer la formation pour les jeunes qui font des reportages pour qu’ils puis- sent passer au documentaire de création. Nous avons donc pris contact avec Africadoc. Nous envoyons des jeunes faire des stages au Sénégal, afin qu’à leur retour ils réalisent des documentaires.

KDO: Quelles sont les stratégies à adopter pour que les documentaires faits par de jeunes cinéastes soient pro- grammés par les télévisions? Quels sont les moyens de créer de l’audience pour le documentaire en Afrique et au Mali en particulier?

MO: La télévision nationale du Mali ne diffuse pas de documentaires, car elle ne participe pas à la production. Les réalisateurs aujourd’hui se rapprochent de l’ORTM (Office de la Radio et de la Télévision du Mali) qui souhaite diffuser gratuitement ces documentaires.

Pourtant ce sont ces jeunes qui ont réussi à avoir des financements, qui se sont sacrifiés pour aboutir à leur documentaire, mais la télévision nationale malienne ne participe pas à l’effort de production.

KDO: Et donc elle ne participe pas à un achat pour la dif- fusion?

MO: Oui, et nous pensons que c’est déplorable parce qu’il faudrait un budget national, et que la télévi- sion participe tant à la production qu’à l’effort. Avec l’émergence des télévisions privées, l’ORTM est obligé de changer de démarche à cause de la concurrence, il y aura donc de la demande.

Des études ont montré que le public africain souhaite voir son image à la télévision. Ces jeunes qui réalisent actuellement des documentaires auront la capacité d’influencer les programmes des différentes télévisions.

C’est une perspective pour nous très intéressante, et à partir de cela, nous pensons qu’à travers la création du Studio-école « le Bourgou », avec la collaboration d’AfricaDoc et avec la création initiée au niveau du CIFAP ( CENTRE INTERNATIONAL DE FOR- MATION AUDIOVISUEL PROFESSIONNEL) nous pouvons les regrouper. Ils obtiennent ainsi des outils indispensables pour créer des documentaires. La télévision doit réellement réaliser une propre mutation et encourager le développement de ce secteur. La meil- leure manière de définir notre identité culturelle, passe par le documentaire de création.

KDO: En tant que directeur du Centre National du Ciné- ma du Mali, est-ce que vous arrivez à passer des accords de coproduction avec la télévision nationale du Mali?

MO: C’est le combat que nous menons depuis 2005: avoir un vrai contrat de partenariat. Nous faisons des productions au niveau national. Le public malien mérite de voir ce que nous produisons et d’apprécier nos films. C’est ensemble que nous pouvons réellement améliorer la production nationale, la productivité, la qualité des œuvres. Le CNCM ne peut pas le faire seul, les privés tout seuls non plus, ni les sponsors nationaux; c’est vraiment ensemble que nous pouvons travailler. Donc nous souhaitons passer un contrat de partenariat avec l’ORTM.

Le monopole de la télévision va disparaître. Ce que nous souhaitons, c’est qu’il y ait une sorte de vision nationale dans le cadre de la production audiovisuelle et cinématographique.

KDO: Dans ce cadre là, ne pourrait-il pas y avoir plus de contacts entre le Ministère de la Culture et le Ministère de la Communication, des rapprochements et peut-être des budgets communs pour défendre le cinéma, le théâtre, la danse, et les arts plastiques?

MO: C’est le vœu que nous avons. Si vous considérez l’histoire du Centre National de Cinéma, nous som- mes soit rattachés au Ministère de la Culture, soit au Ministère de la Communication, soit au Ministère de l’Information.

KDO: Ça change…

MO: Selon le bon vouloir des politiciens du gouvernement. Il y a eu quand même une amélioration, nous sommes aujourd’hui une structure indépendante, avec un budget.

Nous pouvons initier un contrat de partenariat, avec tous les moyens légaux pour une complémentarité avec la télévision nationale. Nous avons déjà commencé les démarches, la télévision nous a proposé une émission régulière autour du cinéma, des arts plastiques, de la peinture et de la photographie et de toutes les activités artistiques et culturelles. Cette émission sera coproduite par le Ministère de la Culture et par le Ministère de la Communication. Ce sont les événements politiques actuels qui ont fait que cette émission n’a pas démarré.

Il faut que l’État accepte cette fois-ci de nous donner le fond d’aide à l’industrie cinématographie que nous avons sollicité il y a très longtemps.

Cela nous permettrait d’avoir une plus grande production nationale.

KDO: Nous constatons dans toute l’Afrique de l’Ouest francophone la disparition des salles de cinéma dans chaque capitale africaine. Qui dit production de film, dit distribution et visibilité des films. Peut-on imaginer d’autres types de structures, que voyez-vous comme ac- croche possible?

MO: Effectivement, c’est un grand handicap au niveau du Mali. Avant, il y avait beaucoup de salles, les gens allaient au cinéma, c’était une véritable fête, les salles étaient envahies par un public enthousiaste. Ensuite il y a eu la fermeture et les ventes des salles. Cheikh Omar Sissoko étant ministre, nous avons pu sauver de la vente cinq salles de cinéma, qui font maintenant partie du patrimoine du Centre National de Cinéma.

Il faut faire en sorte que les opérateurs économiques soient prêts à se lancer dans les activités de distribution et d’exploitation.

Nous avons réhabilité une salle à Ségou, équipée en 35mm et en vidéoprojecteurs. Pendant une semaine nous y avons organisé un festival. Le cinéma devenu opérationnel, un public très nombreux était présent. Nous allons contacter le secteur privé afin de créer une synergie avec les opérateurs économiques. Nous avons un cinéma à réhabiliter aussi ici à Bamako. Nous faisons des efforts pour réhabiliter le secteur, et donner naissance à un tissu indépendant de distributeurs et d’exploitants.

KDO: Pour une audience du jeune public, serait-il intéres- sant de réhabiliter les projections de films dans les écoles, afin d’initier les jeunes au cinéma?

MO: Nous travaillons en collaboration avec Awa Traoré qui une fois par mois organise des séances publiques de documentaires, accompagnées de débats sur la place de la Pyramide, une place destiné aux jeunes. Nous avons des cinés-clubs dans les établissements scolaires, et égale- ment à l’université. Dans les établissements secondaires, il y des cinés-clubs un peu partout ; nous proposons ainsi une variété de films pour la jeunesse. Nous faisons des appels pour diffuser ces films et faire des débats.

Nous distribuons des films à environ quarante ciné-clubs de Bamako et de Ségou. Avec les cinés clubs, nous avons trois objectifs, le premier est celui d’inviter les jeunes à se déplacer pour aller au cinéma, à aimer le cinéma.

Le deuxième est d’identifier les jeunes talents qui s’intéressent vraiment au cinéma, pour les canaliser, et leur offrir des bourses en vue de parfaire leurs connais- sances et pour qu’un jour ils deviennent cinéastes.

Le troisième objectif c’est de déterminer parmi ces jeunes quels sont ceux qui veulent se consacrer à la distribution et à l’exploitation.

Nous proposons également nos archives pour intéresser les jeunes documentaristes, pour valoriser la mémoire de notre pays, et constater comment notre pays a évolué.

KDO: Pouvez-vous m’expliquer le Studio-école et son système de formation?

MO: Aujourd’hui au Mali beaucoup de jeunes ont des petites caméras, et qui, par de très faibles moyens mais beaucoup d’initiative, réalisent des films. Nous voyons que la passion est là, mais pas la technicité. Pour pal- lier à cela, nous avons créé le Studio-école dénommé “Le Bourgou”, doté d’un équipement très performant, avec salle de montage, caméra, lumière. Nous faisons des mises à niveau, des formations pour la qualité de l’image, et pour le son. Il y a des formations également pour la critique de scénario. Nous venons d’achever une série de cinquante-deux épisodes intégralement conçue par le Studio-école. De jeunes scénaristes du Burkina Faso, du Niger, du Togo et du Mali ont écrit le scénar- io. Ils ont tout fait, de la conception jusqu’à l’écriture fi- nale des cinquante-deux épisodes. Au Bénin, il y a deux jeunes que nous avons identifiés qui ont également la capacité d’écrire des scénarios. Ces jeunes comprennent aujourd’hui qu’ils peuvent gagner leurs vies avec ce mé- tier. Nous avons réussi à créer une synergie au niveau de la sous-région pour cette collaboration.

KDO: Et toute la postproduction a été faite ici au Mali?

MO: Toute la production a été faite au Mali et toute la postproduction également, nous avons l’équipement pour cela.

 

INTERVIEW DE MOUSTAPHA DIALLO
REALISATEUR, PRODUCTEUR

 

GERANT DE LA SOCIETE MACINA FILM
KDO: Je suis au CNCM, le Centre National du Cinéma Malien, pour interviewer M. Moustapha DIALLO, un jeune réalisateur malien. Il réalise des documentaires institutionnels et des documentaires de création.

MD: Je suis réalisateur indépendant et gérant de la so- ciété de production Macina film que j’ai créée en 2007. Je suis arrivé au documentaire par conviction, par plaisir et par amour. Pour moi, le cinéma était plus parlant que la photographie que je pratiquais. J’ai débuté dans le studio d’un photographe nigérian à Abidjan. Je suis malien né à Abidjan, et rentré au pays avec mes parents.

Étant à l’école et n’ayant pas les moyens nécessaires pour faire une école de cinéma, je me suis tout de suite mis avec les anciens qui réalisaient des films de fiction. Moi, je voulais faire du documentaire car il y a beau- coup de choses à dire avec ce genre.

Après le bac, sans la moindre bourse pour une école de cinéma, je suis d’abord allé au Burkina Faso, pour connaître les possibilités d’une formation plus ou moins académique. Cela m’a permis d’avoir une ap- proche plus scientifique au documentaire. Revenu au Mali, je me suis mis à la tâche: ayant beaucoup d’idées, il fallait que je puisse réaliser des films docu- mentaires. Mais comment vivre de ce métier? Heu- reusement, il y a beaucoup d’ONG (Organisations Non Gouvernementales) au Mali. Il y en a beaucoup qui commandent des films sur leurs actions. Il y a des appels d’offre, parce qu’ils connaissent nos compé- tences. J’ai travaillé dans tous les secteurs afin de ré- aliser des films institutionnels, cela m’a appris à mieux comprendre certains systèmes et à mieux appréhender mes futurs documentaires de création. Quand j’ai l’opportunité de réaliser des commandes de films in- stitutionnels, je prends aussi le temps de me consacrer à un documentaire de création.

KDO: Est-ce que vos documentaires ont été diffusés à la télévision nationale ici à Bamako?

MD: Deux documentaires ont été diffusés à la télévi- sion nationale: un court-métrage que j’ai dénommé « Enfant de Fer », fer comme F.E.R. qui présentait la situation des enfants qui travaillent dans les forges modernes de Bamako. Leurs parents expliquent que ces enfants doivent travailler car ils n’ont pas les moy- ens de les envoyer à l’école. Il se trouve que l’école est gratuite au Mali! J’ai réalisé ce documentaire qui a été diffusé à l’ORTM.

J’ai réalisé également “Au delà de la Musique”, un film sur le festival du désert, montrant comment le festival a brassé toute cette population du Sud et du Nord du Mali autour de la musique.

KDO: Ce festival a eu lieu quand?

MD: C’était l’édition 2007. Ces deux documentaires ont été diffusés à la télévision.

KDO: Vous êtes la première personne que je rencontre par- lant de diffusion de documentaires à l’ORTM. J’aimerais savoir si l’ORTM a participé à la production, et comment vous avez réussi à négocier leur diffusion?

MD: L’ORTM n’a pas participé à la production de ces documentaires, mais j’avais besoin de visibilité. J’ai donc déposé gracieusement mes films qui ont été dif- fusés à deux reprises.

KDO: Ils ne sont pas coproducteurs de vos deux documentaires?

MD: Non, ils ne sont pas coproducteurs.

KDO: Quels sont vos projets d’avenir?

MD: J’ai déjà plein de sujets. En ce moment je suis en train de filmer la situation actuelle du Mali.

KDO: Est-ce vous pouvez expliquer ce qui se passe au Mali aujourd’hui?

MD: Dans le Nord, les gens se sont vus abandonnés par l’administration. Actuellement les militaires veulent prendre le pouvoir, et il y a une partie de la population qui refuse cette situation.

KDO: Et vous voulez faire un documentaire sur ce sujet?

MD: Le sujet de ce documentaire traitera de la question: « Pourquoi en est-on arrivé là? »

KDO: Est-ce que vous avez des projets de production ou de produire d’autres jeunes réalisateurs de documentaires comme vous, ou bien votre structure ne vous permet aujourd’hui que de vous produire vous-même.

MD: Oui, MACINA Film est une petite structure, ce serait donc difficile de produire un autre jeune. Mais l’avenir nous dira s’il y a des possibilités dans ce sens.

KDO: Quel est l’avenir de la visibilité du documentaire en dehors de la télévision nationale? Et il y a si peu de salles de cinéma! Comment, vous, en tant que jeune réalisateur pensez-vous aller vers les spectateurs, au Mali? Envis- agez-vous des projections de films dans des salles commu- nales, sur des places publiques, dans des stades, comment voyez-vous les choses?

MD: Il faut d’abord créer des festivals. Faire en sorte que le public malien apprenne à regarder les films documentaires. Avec l’avènement de tout ce qui est production numérique, il faudrait faire en sorte que la diffusion du documentaire soit supportée par des initia- tives dans ce genre, pour une meilleure compréhension du public. Actuellement il y a deux salles acceptables à Bamako, le Babemba et l’Institut français. Ces deux salles ne sont pas suffisantes.

KDO: Est-ce que vous pensez que pour créer une audience, il serait intéressant de travailler éventuellement avec l’Éducation Nationale? Faire des projections de films dans les écoles primaires, les écoles secondaires et créer des animations, des débats? Ces enfants là, plus tard, seront des adolescents capables d’être une audience privilégiée parce qu’ayant acquis un langage cinématographique, ils connaîtront la valeur de l’image, pourront juger ce qui est positif ou ce qui est négatif.

MD: Si les élèves ont l’opportunité de regarder un docu- mentaire pour en débattre ensuite avec le réalisateur, cela peut créer un engouement. Et ces jeunes se trans- formeront peut-être en cinéphiles.

Mais il ne faut pas se limiter à l’école, beaucoup de gens, dans tous les secteurs de la société, sont intéressés par les films documentaires.

Je vais vous donner un exemple, j’ai fait des films pour la coopération suisse ; le dernier film, “Le Mi- rage Jaune”, parle de l’exploitation des mines pour l’orpaillage traditionnel. Le sujet relatait l’illusion des gens partant dans l’espoir d’être riche. Ils campent des années et des années au bord de leur mine et se retrou- vent sans un gramme d’or, sans argent, et ne peuvent pas revenir chez eux.

Le film a suscité beaucoup de débats. Dans les mines d’or les gens se sont posés la question: « On ne savait pas qu’on pouvait apprendre un métier plus rentable »!

 

INTERVIEW DE SALIF TRAORE
REALISATEUR, PRODUCTEUR
 
SOCIETE SARAMAFILM
KDO: Je suis au CNCM avec Salif TRAORE, gérant de la société de production Saramafilm. Il va nous expliquer son parcours, et la problématique du documentaire en Afrique.

ST: Effectivement, je suis dans le cinéma depuis 1978. Après une formation à l’université de Ouagadougou, à l’INAFEC, la première école de cinéma africain, je suis revenu à Bamako pour intégrer le CNCM, le Centre National du Cinéma du Mali.

J’ai travaillé ensuite comme assistant et producteur délégué sur tous les films de Souleymane Cissé. J’ai eu à gérer, à faire la délégation de production. C’est à cette époque que j’ai été initié à la production. Et j’ai com- mencé en tant que réalisateur, par un court-métrage et c’est là où j’ai compris les difficultés liées à la production.

L’instinct de producteur a pris le dessus sur ma fonction de réalisateur.

J’avais envie d’aider les gens à produire leurs films. Mais ce n’était pas facile, car il fallait sacrifier parfois ma fonction de réalisateur. C’est ainsi que j’ai produit des séries pour la télévision nationale, des films de fiction, des documentaires, des courts et des longs- métrages. « FARO, la Reine des Eaux » est mon dernier film en tant que réalisateur.

J’ai également produit des séries comme « d’Où la famille » avec un autre réalisateur et j’ai produit « Gami» de Maurice Kaboré. J’ai produit aussi les documen- taires: « Sous les traces de d’Ahmet Baba » et « Mon oncle Jules » actuellement en cours de réalisation

KDO: Est-ce que vous pouvez nous parler de vos deux projets de documentaires?

ST: Les recherches de documentation n’ont pas été faciles. Surtout pour « Sous les traces de d’Ahmet Baba». Il a fallu aller au Maroc mais on a réussi à recon- stituer certains documents. C’est un film de 52 minutes que j’ai produit. Malheureusement, aujourd’hui on a un problème de marché avec les films documentaires africains, car nous n’avons pas l’espace pour les montrer. Nous n’arrivons pas à les vendre.

Le second documentaire « Mon oncle Jules » concerne un homme politique d’avant-garde, qui fut le premier ministre de la culture du Mali. Il a créé l’Ensemble Instrumental, la Troupe Nationale de Théâtre au Mali et depuis le premier régime, il a été l’un des pion- niers pour ce qui concerne la valorisation de la culture du Mali. Il a d’ailleurs été emprisonné et il est mort en prison après le coup d’État en 1968. Il était de la famille du président Modibo Keita, arrêté la même an- née. C’est d’ailleurs quelqu’un qui, à l’époque, avait fait beaucoup de photographies et filmé certaines pièces de théâtres. Lors de ses voyages dans les campagnes, il faisait plein d’images qu’il a conservées. C’est à sa mort que l’on s’est rendu compte qu’il existait un lot d’images dont personne ne savait quoi faire.

Heureusement, son neveu, Sidi Becaye Traoré, travail- lait justement aux archives du CNCM et un jour, il a vu sa tante ranger les affaires de son oncle. Il a trouvé des diapositives, des négatifs, des films et il s’est dit: « Mais est-ce que mon oncle faisait du cinéma? ». Sa tante le voyait tourner des films qu’il avait conservés, et on s’est rendu compte qu’il avait filmé tout le parcours politique de son pays.

C’était dans un carton destiné à la poubelle! Becaye est venu me voir avec ces images d’archives, j’ai trouvé l’idée géniale. Je pense qu’il faut l’accompagner pour réaliser ce documentaire qui contient ces archives. Nous avons contacté les hommes politiques de l’époque, tous très âgés maintenant, et qui ont la mémoire de cette période. Nous espérons faire aboutir ce projet en 2013.

KDO: C’est une page d’histoire que vous tenez entre vos mains!

ST: Ce monsieur avait filmé le premier festival des Arts Nègres à Dakar et au Nigéria, ces images existent.

KDO: Quel est l’avenir du documentaire en Afrique, sur quoi nous baser pour aller à la rencontre des spectateurs?

ST: Je pense que la première chose à faire c’est d’intégrer un espace dans nos chaînes de télévision pour pouvoir montrer ces documentaires.

Quand je vois les familles devant la télévision pour des films documentaires venant d’autres pays, cela me don- ne l’espoir. Je pense qu’il faut cette opportunité pour créer du partenariat avec les télévisions locales, afin de les amener à coproduire nos films documentaires. C’est seulement une question de volonté politique.

Les télévisions sont habituées à recevoir des films par le biais d’institutions étrangères qui leur offrent des programmes tout finis, et gratuitement.

KDO: On va passer au volet d’Afrique Film Tv dont vous êtes partenaire. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu le principe, et nous dire l’intérêt de diffuser en ligne sur internet des films africains et maliens?

ST: Nous sommes partis du constat que nous n’avions pas de marché, pas de distributeurs, c’est le véritable problème du cinéma africain. Pour remédier à cela, nous voulions commercialiser des DVD ou d’autres supports. Mais il y a des problèmes de piraterie. Une fois que quelqu’un achète un DVD, il passe de famille en famille, se multiplie et se vend sur le marché comme des petits pains. Pour pallier à cela on s’est dit qu’avec l’avènement des nouvelles technologies, avec l’ordinateur, avec le téléchargement, chacun peut avoir accès à ces films. Pourquoi ne pas organiser une vente en ligne? De là est venue l’idée d’initier ce programme AfricaTv, qui pour le moment, détient un certain suc- cès. Tous les producteurs à qui on a expliqué le fonc- tionnement et l’efficacité du système ont adhéré. Pour le moment en Afrique, nous n’avons pas la culture de l’achat par cartes bancaires, parce que nos banques ne sont pas outillées, mais ce problème sera résolu.

KDO: Pouvez-vous me parler de Mobiciné, ce système de diffusion de films dans les espaces scolaires et ailleurs?

ST: C’est le problème de la visibilité du cinéma af- ricain, les salles qui manquent. Nous avons initié le programme Mobiciné, avec des kits de projecteurs et un catalogue de films africains. Nous avons formé des franchisés pour organiser des projections dans les écoles et dans les villages. Les spectateurs sont présents, et nous projetons également des films dans les foyers en prenant l’espace occupé habituellement par les jeunes.

C’est une bonne initiative que de pouvoir conquérir à nouveau le consommateur, de l’attirer vers ce cinéma de proximité qui vient à lui. Nous fidélisons nos projec- tions et chaque franchisé a la responsabilité de marquer sa commune par ses projections. Cette fidélisation est importante car il ne faudrait pas que l’on se dise: «

Ah! Ils étaient là mais ils ne reviennent plus! » Il s’agit d’être au rendez-vous, dans un foyer, par exemple, tous les mercredis, avec une publicité à l’appui.

KDO: Et cela fonctionne bien?

ST: Oui, mais c’est petit à petit qu’on arrive à avoir notre clientèle. Malheureusement avec l’événement du 22 mars, le rythme s’est cassé, mais on espère reprendre une fois qu’il y aura la paix dans le pays.

KDO: Donc pour vous, le documentaire a quand même de l’avenir?

ST: Pour moi, le documentaire a peut-être plus d’avenir que la fiction. Je crois qu’il faut s’y mettre, car avant on se disait que les gens ne s’intéressaient pas aux documen- taires. Les films brésiliens ont pris l’espace sur nos écrans de télévision, ce sont des films qui ne parlent pas de nous. Cela a transformé notre jeunesse. Nous avons pour mission de briser ce système en imposant nos films.

KDO: Et pour cela il faut que les télévisions nationales reprennent leurs cahiers de charges et prennent leur responsabilités vis à vis de leur public.

ST: Même s’ils ne financent pas la production, ils ont la logistique, les véhicules, du matériel de tournage, ils peuvent donc participer.

KDO: Ils ont quand même la mission de diffuser les films!

ST: Surtout de diffuser, car la télévision a causé beau- coup plus de mal que de bien pour la jeunesse. Rien que pour le comportement vestimentaire, vous sortez dans la rue, vous voyez comment nos jeunes s’habillent maintenant, je m’excuse du terme, « les fesses en l’air»! Cela ne fait pas partie de notre éthique, ce sont des comportements calqués sur ce qui passe à la télévision.

L’habitude de l’enfant à la maison a également changé, la façon de parler aux vieillards aussi. Avant, dans un lieu public, les enfants se levaient pour te donner la place, maintenant ce n’est plus le cas. Ils ont accès à d’autres dimensions au travers de la télévision. Il faut reconquérir la télévision en s’ implicant.

 

INTERVIEW DE SANON SANOGO
DISTRIBUTEUR
 
GERANT DE LA SOCIETE DE DISTRIBUTION KENEDOUGOU-DISTRIBUTION
KDO: Nous sommes au CNCM, je fais une interview de M. Sanon SANOGO gérant de la société Kénédougou- distribution. Il va nous présenter son parcours et nous expliquer ce qui l’a conduit à faire de la distribution.

SS: Je suis venu à la distribution en créant cette struc- ture en 2004. Je faisais déjà de la distribution auprès de Conafilm, où j’étais administrateur chargé de la dis- tribution. Après avoir quitté cette société en 2004, j’ai créé Kénédougou-distribution pour continuer dans la même lancée la distribution de films africains.

KDO: Avec quels exploitants travaillez-vous ici à Bamako?

SS: À Bamako nous avons un grand problème, ce sont les exploitants. C’est un peu compliqué pour moi car il n’y en a quasiment plus.

Quelques salles ouvrent parfois, à part les deux salles qui ne font plus de programmations contin- ues, mais qui ouvrent plutôt les jeudis, vendredis, samedis et dimanches.

Je parle des salles d’Amadou Félix Diallo, et de Samba Diakité. C’est avec ces deux salles-là que j’ai eu à tra- vailler pour la sortie d’un film. Et puis j’ai travaillé dans le cadre d’un réseau que nous avons décidé de créer: le FAR (Film Afrique Réseau), en collaboration avec le Sénégal, le Burkina Faso et une association française.

Nous avons regrouper les synergies pour distribuer les films. Nous avions raison puisque les gens nous ont fait confiance et on a reçu beaucoup de films. Des films proviennent de Côte d’Ivoire. Nous avons un film dont on a payé les droits et que l’on doit sortir dans nos villes. Le Mali est en grande difficulté actuellement donc on n’arrive pas à le sortir. Il y a une synergie avec d’autres pays et ici au Mali avec le Bayemba, qui a sa propre structure de distribution. Les films viennent parfois directement de France. Mais toutes les fois que j’ai un film à sortir, grâce aux accords que nous avons passés, il sursoit sa programmation et il sort en priorité le film africain. Car le Bayemba fait la promotion des films africains programmés sur une ou deux semaines, c’est comme ça que nous collaborons.

KDO: Je voulais vous demander est-ce que vous envisagez de distribuer des films documentaires?

SS: Oui, il y a un film documentaire de Kal Touré « Vic- time de nos richesses », de Guinée. Nous avons les droits du film, pour la vente des DVD également. Cela se passe dans le cadre de FAR, de notre réseau. Le film est déjà sorti au Burkina, au Sénégal. Mais j’attends que la situation politique liée aux événements se décrispe pour pouvoir sortir le film et m’occuper de la vente des DVD.

KDO: En général, lorsque vous distribuez un film, est-ce uniquement sur Bamako? Ou est-ce vous faites une tournée en région?

SS: L’exploitation cinématographique est très compli- quée au Mali. Mais puisque vous posez la question, à part Bamako, pour sortir un film dans les autres villes, il faut avoir son kit (avec projecteur, films, véhicule). Je peux donc sortir mon film en région, mais à part Ségou qui est équipée, pour le reste du pays il faut que nous venions avec notre matériel de projection, que l’on fasse les installations pour présenter le film. Cela complique la sortie des films dans les régions.

KDO: Est-ce que vous pensez qu’il est possible, d’organiser des distributions de documentaires avec débats?

SS: Quand nous avons décidé de nous fournir en kit de projection (avec projecteur, films, véhicule) c’était dans cette optique. Nos clients de demain sont dans les écoles et parmi le jeune public. Il faut donc créer ce mouvement et déclencher des débats afin de provoquer chez les gens le désir de venir au cinéma. Vous savez, le cas du Mali est un peu difficile, dans les autres pays on arrive facilement à inviter les réalisateurs pour qu’ils viennent parler de leurs films. Au Mali il n’y a aucune structure de soutien à la distribution, donc nous faisons tout nous-même.

KDO: Se peut-il qu’il y ait la réhabilitation de certaines salles? À Bamako beaucoup de salles ont disparu mais il existe cinq salles classées patrimoine à Bamako, à Mopti, et à Ségou. Pensez-vous qu’on arrivera à réhabiliter ces cinémas pour de futures projections?

SS: Au CNCM, il a été décidé de renouveler les ciné- mas et de demander aux opérateurs de les reprendre. J’en fais partie, j’ai pris la salle de Kati. Il faut rénover la salle actuellement, ce n’est pas acceptable pour les clients. Il est vrai que j’ai déposé un dossier que j’ai constitué pour le PADESC.

KDO: Le PADESC?

SS: Le PADESC est le Programme d’Appui au Secteur Culturel. J’ai toujours ce projet et j’attends la réponse. J’ai fait un appel à projet mais avec la situation actu- elle au Mali, cela s’est décalé. C’est ce qui fait que ma salle n’est pas encore rénovée. Mais d’autres opérateurs ont décidé de reprendre des salles et de les réhabiliter, parallèlement à l’action de l’État.

KDO: Vous avez une salle à Kati que vous allez rénover et faire des projections. Cela veut dire que vous croyez encore au cinéma, aux sorties de films en salle!

SS: Vous savez, pour moi, rien ne pourra tuer le cinéma, l’émotion que l’on a en salle on ne peut pas l’avoir sur un écran de télévision ou ailleurs. Je crois ferme- ment à la salle de cinéma, et à la distribution ciné- matographique en salle!

 

INTERVIEW DE YOUSSOUF CISSE
REALISATEUR, PRODUCTEUR, FORMATEUR
KDO: Je vais interviewer Youssouf Cissé, gérant de la société de production « Farafina-jâ ». Il a fait plusieurs documentaires qu’il a auto-produit et il propose des for- mations. Peux-tu justement nous en parler?

YC: Ma société de production créée en 2009 s’appelle « Farafina-jâ ».

L’objectif premier était de former les reporters de mariage qui sont les vidéastes du secteur informel. Quand j’étais très jeune, mes parents m’ont offert une caméra pour filmer les mariages, ainsi je pouvais me faire de l’argent de poche. J’ai vu que c’était lucratif et que ça me donnait une certaine autonomie, et j’avais la passion de filmer l’Autre. Je me suis rendu compte alors, qu’il était nécessaire de quitter ce côté informel et de le formaliser.

En Afrique, il n’y a pas beaucoup de structures de for- mations professionnelles et éducatives. Dans le secteur de l’audiovisuel, la base de la formation débute avec quelques notions à partir du lycée, pour ensuite devenir un objectif professionnel.

Pourquoi ne pas créer une société de production et de formation dans ce sens? Nous faisons de l’autoproduction et en même temps nous offrons les connaissances, nous partageons les acquis avec d’autres vidéastes. Nous sommes partis sur cette base en 2009, en faisant une série de formations avec le conservatoire et avec l’UCECAO, l’Union de Créateurs et Entrepre- neur du Cinéma, qui ont apprécié l’initiative.

Après, il y a eu le fond d’appui de la formation profes- sionnelle qui trouvait que le secteur devait s’améliorer et qui nous a accompagnés. À la date d’aujourd’hui, une soixantaine de personnes ont été formées.

Notre objectif a été de créer ce centre parce que la demande est très forte. Je pense qu’il n’y a pas besoin de faire deux ans de formation pour maîtriser cer- tains outils essentiels comme une chaîne de post- production. Donc, voilà pourquoi on a lancé cette formation-là.

KDO: Vous êtes partis du principe qu’il est plus intéressant de faire venir un formateur au Mali pour former ainsi plusieurs personnes?

YC: Quinze, vingt, trente personnes.

KDO: Plutôt que de payer un billet d’avion pour une seule personne pour qu’elle suive une formation en Europe?

YC: Il y avait des bourses pour quelques personnes ; je me suis alors posé la question du coût de la formation d’un étudiant. J’ai constaté que c’était excessif pour un pays comme le Mali qui a un budget limité pour le cinéma.

Il est préférable d’inviter un professionnel d’un centre de formation externe avec qui on travaille en parte- nariat, le faire venir au Mali pour qu’il partage un mois d’expérience avec nous. Faire venir le formateur afin qu’il connaisse le climat social, afin qu’il voie quel genre d’image nous concerne, quel type de montage nous faisons, et quelles sont nos sensibilités. On lui demande donc de s’adapter à notre environnement.

Je pense qu’il faut éviter que l’étudiant aille s’adapter à celui du pays étranger dont il ne va pas forcément tirer profit. La plupart du temps les formateurs sont des professionnels de grands centres, ayant l’expérience de cours de formation de petites durées, de formations pragmatiques et très concrètes.

KDO: Pouvez-vous nous donner votre filmographie dans le domaine du documentaire?

YC: J’ai réalisé six documentaires dont trois ont été sé- lectionnés à Montréal en 2008. Un s’appelle « Un autre regard sur l’Afrique » et c’est un portrait du photogra- phe malien Malick Sidibé.

J’ai eu aussi la chance de rencontrer une jeune femme photographe dont j’ai réalisé le portrait: « Wassa ». J’ai réalisé « Aminata Deh », l’enfant de Niaminance ; c’est l’histoire d’un homme qui maniait bien le Coran, un très grand religieux qui, à l’âge de sept ans, savait déjà lire le Coran. Intrigué par cela, j’ai réalisé un docu- mentaire sur cette personnalité.

Après, j’ai fait « Les berges de Ndjamena ». Ces docu- mentaires n’ont pas eu de succès mais cela reste des documentaires en tant que tels, d’une durée de cinq à six minutes.

Actuellement je me suis lancé sur des projets plutôt engagés.

KDO: Sur les changements politiques…

YC: Vingt ans de démocratie au Mali, avec ses boule- versements. Ce film est en attente de montage vue la situation actuelle liée aux événements. Et j’ai un autre projet sur la problématique du franc CFA. Ce sera un documentaire engagé. C’est très important pour moi d’avoir un regard personnel sur ces sujets.

KDO: Est-ce que vous pouvez nous parler des difficultés que vous rencontrez aujourd’hui, en termes de produc- tion, pour ces deux derniers documentaires? Quels sont vos partenaires financiers? Et comment vous arrivez à produire ces films?

YC: Je n’ai jamais reçu de subventions pour aucun de mes projets. Mais comme je travaille comme monteur également, je peux me permettre de me financer.

J’ai eu la chance d’être un enfant du cinéma, j’ai été entouré par Cheikh Oumar Sissoko, par Souleymane Cissé, Ibrahima Touré, Moussa Ouane, le directeur du centre national de cinématographie.

En terme matériel, je bénéficie souvent de petites ca- méras pour aller tourner des séquences. Parfois, les films peuvent prendre un ou deux ans de tournage. Je connais donc des difficultés énormes en terme d’autonomie, mais j’arrive toujours à créer quelque chose de dynamique malgré les limites techniques et financières.

Le résultat n’est pas toujours ce qu’on attend. Nous avons besoin d’être plus performant, cela implique qu’il nous faudrait plus de moyens.

KDO: Comment vous envisagez, en tant que réalisateur de documentaire, l’audience dans les années à venir? Une audience africaine, malienne, tant pour les films docu- mentaires que pour les films de fiction?

YC: En terme de diffusion, je pense que les réalisateurs, les producteurs, et les distributeurs devraient compren- dre qu’il faut aller vers les autres, aller à proximité des spectateurs, car la plupart des cinémas ont disparu.

La diffusion, pour moi, peut se passer dans les cinémas, dans la rue, à la télévision. Il faudrait que toute la poli- tique soit centrée sur les diffuseurs, les exploitants, et qu’ils aient une vraie stratégie pour montrer nos films.

On ne peut pas être réalisateur, monteur, distributeur et exploitant, on ne peut pas tout faire. Si l’un se consacre à faire des films, il faut que l’autre prenne la décision de trouver les moyens de diffusion.

Et nous avons besoin que la population sache ce que nous faisons et qu’ils aillent voir nos films! C’est notre fierté pour nous les réalisateurs.

KDO: Peut-on imaginer par exemple, des projections dans un marché ou dans un stade? 

YC: Mais bien sûr, j’ai fait cette expérience récemment, au mois de décembre, en plein marché de Dibida. On a projeté à la population un travail collectif de jeunes talents, une série de films d’une à deux minutes. Les gens ont besoin de cela. Car la télé ne diffuse pas nos films. C’est un problème financier, parce que personne ne va donner son film gratuitement à une chaîne de télé qui gagne de l’argent avec la publicité. Et en retour, le réalisateur/producteur ne reçoit rien. Il faut donc changer de politique.

Pour moi chaque film a une cible, un auditeur, un spectateur.

Essayons seulement de nous canaliser dans cette optique, organisons les projections, ayons une bonne visibilité.

KDO: Et que pensez-vous de la possibilité de diffuser les films maliens dans les lycées et dans les écoles? Je pense que l’audience pour l’avenir, c’est la jeunesse. Il faut apprendre aux jeunes, dans les écoles, à lire un documen- taire, en débattre. Qu’est-ce un documentaire, un film de fiction, un dessin animé?

 

YC: Il faudrait initier un programme qui comprenne deux heures de cinéma, deux heures d’art plastique, deux heures de théâtre, de manière à ce que les gens arrivent à comprendre que la culture a aussi sa place dans l’éducation. Nous sommes des techniciens, des réalisateurs, des artistes et en même temps on a un devoir envers la société. Le fondement c’est l’école, l’enseignement, l’éducation de l’enfant, de manière à ce qu’il soit édu- qué culturellement.

KDO: Et donc le cinéma qui va à l’encontre des popula- tions peut faire renaître le désir de connaissances nou- velles?

YC: Aller vers les autres, partager les connaissances, être uni pour se battre pour notre métier.

 

ÉCOLES/FORMATION

FARAFINA-JA

Centre de formation

FARAFINA-JÂ est un centre de formation aux tech- niques de l’audiovisuel et du cinéma qui vise à dével- opper et à renforcer les capacités techniques et opéra- tionnelles des artistes et des techniciens de l’audiovisuel et du cinéma en Afrique de l’Ouest.

La formation s’adresse:

  • aux néophytes souhaitant s’initier aux techniques et aux moyens utilisés dans les métiers de la réalisation, de la production et de la postproduction ;
  • aux jeunes actifs désireux de se perfectionner et de se professionnaliser en acquérant l’expérience d’une pratique solide des outils professionnels utilisés dans le secteur de l’audiovisuel et du cinéma;
  • aux techniciens expérimentés qui souhaiteraient se perfectionner dans une technique audiovisuelle ou cinématographique précise.

La réalisation de cet espace audiovisuel a pour objectif principal la formation aux métiers et aux techniques de l’audiovisuel et du cinéma pour permettre aux élèves d’entreprendre des activités rémunératrices dans le secteur de l’audiovisuel et du cinéma, grâce aux NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication).

Le centre entend œuvrer pour la reconnaissance des jeunes créateurs et techniciens maliens et africains et vise à accroître l’ancrage du secteur culturel dans la dynamique du développement économique et social et notamment en embauchant certains élèves sur les productions du centre. À travers ses créations docu- mentaires et de fiction, il souhaite mettre l’accent sur la richesse et la diversité culturelle et artistique du Mali aux plans nationaux et internationaux. Le centre est doté des moyens techniques et humains nécessaires pour offrir une formation de qualité aux jeunes stagi- aires d’Afrique souhaitant se professionnaliser dans l’audiovisuel ou le cinéma.

Le centre se donne pour mission d’affiner et de développer la sensibilité artistique des élèves qu’il formera, mais également du grand public, à travers des projections de films réalisés en cours de la forma- tion, et à travers des séminaires et des conférences sur l’audiovisuel en Afrique.

À travers ces actions le centre cherche à privilégier la valorisation et la transmission du patrimoine audiovi- suel et cinématographique.

 

DISTRIBUTION

KENEDOUGOU DISTRIBUTION SARL
FILMOGRAPHIE

Kénédougou distribution SARL est une société de distribution de films créée en août 2004. Au Mali et à l’étranger, elle a pour objectifs:

  • la distribution de films
  • l’exploitation des films
  • l’organisation de spectacles

et en général, toutes opérations financières, commer- ciales, industrielles, mobilières et immobilières pouvant se rattacher directement ou indirectement à l’objet ci- dessus ou à tous objets similaires ou connexes.

Son gérant est Sanon Sanogo et Aminata Tangara en est l’agent comptable.

Kénédougou distribution est partenaire de Films Afrique Réseau (FAR).

Contact:

Siège social: 1061, rue 104 Sogoniko

BP 2010 Bamako Mali

Email: [email protected] [email protected]

Tel: 223 7 630 01 00

 

SARAMA FILMS
BAMAKO – DJOUMANZANA – BP. E . 2030 – MALI

TEL: 00 223 – 679 70 58 – 673 29 74

FAX: 00 223 – 221 77 62

E – MAIL: [email protected] [email protected]

G. I. E . Créé à BAMAKO – MALI le 23 Septembre

1996 et enregistré au registre du commerce sous le N°

10 294 – le 28 Novembre 1996

ADMINISTRATEUR DU G.  I.  E.  SARAMA

FILMS: SALIF TRAORE

 

DIFFUSION

AfricaFilms.tv – mobiCiné (2009)

Consortium de projet: IDMAGE (France), SOON (Sénégal) et SARAMA FILMS (Mali) En Afrique plus de 40% de la jeune population ne connait pas la salle de cinéma. La télévision l’abreuve d’images provenant d’Hollywood, de Bombay ou de télénovelas, qu’on achète aussi en copies piratées sur les trottoirs et qu’on regarde sur la télé du salon et bientôt sur les smartphones.

AfricaFilms.tv

AfricaFilms.tv est une plateforme numérique dédiée au film africain. Elle dispose d’un catalogue numérisé de films de fiction, documentaires, séries TV, sitcoms, animations…réalisés par des africains ou traitant de l’Afrique et de sa diaspora. Mode d’exploitation via la boutique VOD AfricaFilms.tv, sur internet puis sur les bouquets numériques.

MobiCiné

MobiCINE est un projet de renforcement de la filière audiovisuelle ouest-africaine: un nouveau circuit de projection, itinérant, urbain, payant. Il a pour ambition de faire renaître l’expérience collective du film vu sur grand écran.

AfricaFilmstv-mobiCiné ont pour objectif d’aider le film africain à:

  • Prendre pied sur le marché numérique – être accessible au niveau mondial
  • Renouer avec le public africain
  • Améliorer la montée de recettes aux ayants droit africains
  • Contribuer à une régénération de la filière audiovisuelle africaine
  • Se doter d’une expertise numérique en Afrique

Sur BAMAKO et sur DAKAR

7 unités par capitale pour faire revivre le cinéma là où les salles ont fermé.

 

INDUSTRIES TECHNIQUES / CNCM

CENTRE NATIONAL DE LA CINEMATOGRAPHIE DU MALI (CNCM)

Moussa Ouane, Directeur Général

Rue 127 – Porte 54 Av. de la Marne Kibaru Bozola

(Derrière Hotel de l’Amitiè)BP: E 4075

Bamako Mali

tel. 1+223 20 21 59 13 fax: +223 20 21 77 62

http://www.cncmali.com

Statut actuel

E.P.S.T.C. Un Etablissement Public à Caractère Scientifique, Technique et Culturel (E.P.S.T.C.) à votre service; une équipe de 31 agents pour vous ac- compagner dans vos réalisations, un équipement haut de gamme.           Le Centre National du Cinéma du Mali a pour mission de concevoir et de réaliser toute pro- duction cinématographique à caractère publicitaire et d’actualité, à caractère documentaire et artistique. La loi N.98-037P-RM du 20 juillet 1998 lui confie la réglementation, le contrôle et la régulation de tous les secteurs de la cinématographie nationale. Les textes de relecture relatifs à cette nouvelle mission sont à l’étude.

  1. STATUT

Créé par la loi N. 79-4/AN-RM du 29 novembre 1979, le Centre National de Production Cinématographique (CNPC) est un service public.

  1. MISSION

Le CNPC a pour mission de concevoir et de réaliser toute production cinématographique à caractère pub- licitaire et d’actualité, à caractère documentaire et artistique. La loi N.98-037P-RM du 20 juillet 1998 lui confie la réglementation, le contrôle et la régulation de tous les secteurs de la cinématographie nationale. Les textes de relecture relatifs à cette nouvelle mission sont à l’étude. Les activités cinématographiques recouvrent les quatre domaines suivants: * la Production ; * la Distribu- tion ; * l’Exploitation ; *les Entreprises techniques du cinéma. Toute personne physique ou morale exerçant une des professions citées ci-dessous ne peut exercer son activité que si elle est titulaire d’une autorisation d’exercice délivrée par l’autorisation chargée du guichet unique. Il s’agit de: * Production de films ; *Importateurs de films cinématographiques ; * Importateurs – distributeurs de supports enregistrés ; * Distributeurs de films cinématographiques ; * Exploitants de salles de spectacles cinématographiques de toutes catégories; * Exploitants de cinéma ambulant ; * Exploitants de vidéoclubs ; * Entrepreneurs des industries techniques: studios, laboratoires, auditorium ; * Fabriquants de maté- riels et de fournitures cinématographiques.

Le CNCM a succédé en mars 2005 au Centre national de production cinématographique (CNPC), service public créé par la loi du 29 novembre 1979.

Le Centre national de la cinématographie du Mali dispose d’un studio école baptisé “Le Bourgou” inau- guré le 12 septembre 2006. Installé dans le bâtiment du CNCM, il dispose d’une salle de formation polyva- lente, d’une salle de postproduction et de bureaux. Le studio école propose des formations aux différents pro- fessionnels du cinéma (réalisateurs, scénaristes, scriptes, cadreurs, techniciens du son et de la lumière, comédi- ens, décorateurs, maquilleurs, costumiers et régisseurs). Il est organisateur de la Semaine Nationale du Film Africain de Bamako.

Équipe Dirigeante du CNCM

Directeur Moussa OUANE

Directeur Sidy DIABATE

Directeur Adjoint Alou KONE

Directeur Studio École Bourgou Ladji DIAKITE

Chef Département Production Abdoulaye ASCOFARE

Chef Section Scénario Assane KOUYATE

Chef Département Documentation et Archives  Léopold TOGO

Administration Sidy Bécaye TRAORE

Adjoint Département Documentation et Archives Ibrahima TOURE

Chef Section Post Production Marie Rose MAIGA

Secrétaire de Production Mohamed L. TOURE

Directeur Photo Fatimata N. TRAORE

LE BOURGOU
ATELIER AFRICAIN DE PROMOTION DES INSTRUMENTS ET DES LANGAGES DE LA CREATION CINEMATOGRAPHIQUE

Le Studio École – LE BOURGOU – est un atelier professionnel pour la création audiovisuelle, notamment les genres en épisodes: séries, feuilletons, sitcoms, films d’animations, etc. Équipé pour la production et la post- production, avec des salles de formation, il propose aux organismes de cinéma et de télévision du Sud, des sessions qui répondent aux besoins d’apprentissage et de perfec- tionnement de leur personnel artistique et technique:

Scénaristes, Réalisateurs, Compositeurs, Comédiens, Directeurs de la Photographie, Caméramans, Cadreurs Ingénieurs et Preneurs de Son, Désigners Décors et Costumes, Scripts, Assistants, Régisseurs, Maquilleurs, Machinistes, Éclairagistes, Monteurs et Mixeurs, Dessinateurs et Infographistes animateurs.

ACCÈS AU STUDIO

Le Studio évalue le coût des prestations demandées, et propose au porteur de projet un contrat de production déterminant les modalités d’exécution de la commande. Les professionnels du public comme du privé, intéres- sés par un module de formation, font acte de candida- ture. Les fiches d’inscription pour la participation aux sessions sont disponibles par téléchargement. Un pro- gramme annuel des sessions est également disponible.

PRISE EN CHARGE

Les porteurs de projets adressent leurs dossiers aux partenaires financiers disponibles. Dans l’éventualité d’une coproduction, le CNCM peut proposer un ap- port en industrie. Pour la formation, la couverture des frais est négociée auprès du service employeur, des services de coopération et des agences spécialisées.