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Thu, 09 May 2024

ADEPt – West Africa (Francophone)-Côte d'Ivoire

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INTERVIEWS

INTERVIEW DE MONSIEUR FADIKA KRAMO LANCINÉ
Directeur Général de l’Office National du Cinéma de Côte d’Ivoire (ONAC-CI)
KDO: (Un entretien écrit avec Monsieur FADIKA Kramo Lanciné). Pouvez-vous nous dire la place que vous voulez donner au film documentaire dans le cadre de l’Office National du Cinéma de Côte d’Ivoire?

FKL: L’Office National du Cinéma de Côte d’Ivoire étant l’organisme de promotion et d’encadrement du cinéma dans son ensemble, accordera la place de choix qui lui revient dans notre pays, surtout le documentaire de création, qui est un art à part entière. Il bénéficiera de soutien aussi bien au niveau de la production que de la diffusion.

KDO: En tant que directeur de la Cinématographie, quelles sont les stratégies que vous voulez mettre en place pour l’émergence du documentaire?

FKL: L’émergence du cinéma documentaire en Côte d’Ivoire sera soutenu et renforcé par l’ONAC-CI sur les plans financiers et promotionnels; de les nouvelles initiatives seront encouragées pour renforcer le secteur.

KDO: Quelles sont les stratégies à adopter pour que les documentaires faits par de jeunes cinéastes soient pro- grammés par les télévisions?

FKL: Clap Ivoire, annuel concours de films, véritable plateforme de promotion des jeunes cinéastes. Ce concours qui a une compétition documentaire a permis à de nombreux jeunes de faire valoir leur savoir- faire. Il faut note que le seul film ivoirien primé au FESPA- CO 2013 est: ‘Ils sont fous, on s’en fou’ de Coulibaly Seydou, qui a été révélé par Clap Ivoire. Cette rencon- tre ne cesse de s’internationaliser, il était d’abord na- tional puis ouvert aux jeunes de l’UEMOA maintenant tous les jeunes de la CEDEAO peuvent prendre part à ce concours, et cela est important car créer un cadre de rencontres et d’échanges entre ces jeunes favorisent leur professionnalisation.

Aujourd’hui, il s’agira de renforcer davantage le volet formation de cette rencontre pour mieux accompagner les jeunes réalisateurs. Comme nous le disons dans le cadre des accords entre les télévisions et Clap Ivoire, la télévision nationale diffuse les films ayant pris part à l’édition et notre partenaire Canal+ Afrique s’engage à le faire. Nous travaillons à ce que les télévisions nation- ales des pays de la CEDEAO en fassent autant.

KDO: Quels sont les moyens de créer de l’audience pour le documentaire en Afrique et en Côte d’Ivoire en particulier?

FKL: Créer un engouement du public pour le docu- mentaire en Côte d’Ivoire, voire en Afrique, est là tout l’enjeu. Aujourd’hui nous devons conquérir ce public, nous devons aller vers lui et proposer des films, de bons films surtout. L’exemple du Ciné Droit Libre est là, lors de la première édition il y quelques années, les salles étaient vides et maintenant nous constatons un vrai engouement. Alors l’ONAC-CI va accompagner les initiatives tendant à aller montrer les films de tout genre et particulièrement le documentaire. La semaine du doc d’AFRICADOC COTE D’ IVOIRE est une initiative heureuse dans ce sens.

KDO: Le taux de diffusion du documentaire est relative- ment faible en général, comment palier ce déficit?

FKL: Les accords de coproduction avec la télévision nationale font actuellement défaut. Heureusement qu’il a été mis en place récemment à la demande de la RTI Radio Télévision Ivoirienne une plateforme de réflexion des possibilités de collaboration entre les acteurs du secteur audiovisuel privé regroupés au sein de l’ONAC-CI et la RTI. Nous accorderons dans les discussions une place à la production et la diffusion des films documentaires.

KDO: Est ce que vous arrivez à passer des accords de coproduction avec la télévision nationale de la Côte d’Ivoire pour des documentaires?

FKL: La question de la disparition des salles nous préoccupe énormément mais il faut humblement reconnatre que la visibilité des films surtout documen- taires passe d’abord par les télévisions. Car rouvrir ces salles ne veut pas dire forcéement retour du public. Je pense qu’il faut aller vers ce public comme le fait le Festival Ciné Droit Libre.

KDO: Nous constatons dans toute l’Afrique de l’Ouest francophone la disparition des salles de cinéma dans chaque capitale africaine. Qui dit production de film, dit distribution, visibilité des films. Peut-on imaginer d’autres types de structures, que voyez vous comme ac- croche possible?

FKL: Nous travaillons déjà à cet aspect des choses. Il s’agit de diffuser des films de fiction ou documentaires portant sur des thèmes variés, dans les établissements scolaires et universitaires, suivies d’échanges. Cette stratégie a une double avantage, de former les jeunes, le public cinéphile de demain à la lecture et la com- préhension du cinéma. Cette approche contribuera également à renforcer leur culture et leur inculquer le goût d’aller voir des films.

KDO: Quelles sont vos structures de formation pour le documentaire en Côte d’Ivoire?

FKL: Il n’existe pas de structures formelles dédiées à la formation de jeunes documentaristes mais des struc- tures de formation au Cinéma. Mais nous travaillons à la formation de ces jeunes dans le cadre de notre programme avec AFRICADOC COTE   D’IVOIRE. Et lors des concours Clap Ivoire, des formations leurs sont données ponctuellement.

KDO: Quelles sont les sources de financements pour le documentaires en Cote d’Ivoire? Quelles sont les struc- tures existantes actuellement?

FKL: Il n’existe pas un fonds spécialement dédié au documentaire.La s ource principale pour le finance- ment du cinéma en Côte d’Ivoire sera certainement le Fonds de Soutien à l’Industrie Cinématographique qui prendra en compte le documentaire, aussi bien que la fiction.

KDO: Est-ce que vous pensez qu’il y a une relève de documentaristes pouvant faire des films engagés et quel est l’avenir du documentaire en Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier?

FKL: L’image du documentaire évolue en Afrique, chaque année ce sont des dizaines de films documen- taires qui sont produits sur le continent, des films qui vont au- delà des frontières du continent. Et il faut également noter qu’il existe de plus en plus des cadres d’accompagnement à l’écriture et à la production de films documentaires. En Côte d’Ivoire, nous travaillons à un partenariat avec AfricaDoc pour des résidences d’écriture notamment en septembre prochain. Nous constatons l’intérêt des jeunes pour le documentaire, les postulants pour les formations d’AFRICADOC COTE D’IVOIRE ne cessent d’augmenter chaque année.

 

INTERVIEW DE IDRISSA DIABATE
REALISATEUR, PROFESSEUR

ID: Je m’appelle Diabaté Idrissa, je suis ivoirien, j’ai fait toutes mes études universitaires en France. J’ai fait une Maîtrise à Paris 13 et ensuite une Maîtrise des sciences et techniques de communication. J’ai appris la technique de l’audiovisuel. Après ça, je suis allé à l’université Paris 7 pour faire ma thèse de 3ème cycle en communication. Je voulais faire du cinéma en Afrique. Comme on ne vit pas du métier du cinéma, je me suis dit que le seul métier qui me permettrait d’en faire, c’était l’enseignement. L’enseignement me donnerait le temps de faire ce que j’ai envie de faire parallèlement à mes activités professionnelles. Mais l’enseignement secondaire est très lourd, c’est 21 heures par semaine. L’enseignement supérieur est assez intellectuel mais c’est huit heures par semaine, donc je me suis dit qu’il valait mieux soutenir ma thèse pour pouvoir ensuite enseigner dans le supérieur. Ainsi je pourrais faire les films que j’ai envie de faire. C’était mon projet d’étudiant.

KDO: Donc vous saviez déjà ce que vous vouliez faire?

ID: Je voulais faire des films, mais pourquoi le docu- mentaire? J’ai côtoyé Jean Rouch, un des plus grands documentaristes que j’aie connus. Je l’ai fréquenté,

il m’a donné envie de faire du cinéma documentaire. Je l’ai connu à travers un film qu’il a réalisé en Côte d’Ivoire, à Abidjan vers les années 50 qui s’appelle « Les Jeunes Noceurs ». J’ai un cousin qui jouait dans ce film avec des jeunes danseurs. J’ai beaucoup aimé son film. Par la suite, je suis allé en France pour faire mes études et j’ai assisté à ses cours au Musée de l’Homme à Paris. Voilà comment je suis arrivé à découvrir Jean

Rouch. Et quand il m’a parlé de tous ses séminaires sur le cinéma documentaire cela m’a donné envie de faire du documentaire. Quand j’ai soutenu ma maîtrise, je me suis dit qu’il fallait faire comme Jean Rouch. Lui aussi était enseignant-chercheur, ce qui lui permettait de réaliser ses documentaires en même temps.

KDO: Et ce projet s’est réalisé?

ID: Oui. Quand je suis arrivé à Abidjan, je me suis fait recruter à l’INAAC (Institut National des Arts et de l’Action Culturelle). C’est là que j’ai enseigné en tant qu’assistant. Actuellement je donne huit heures de cours par semaine, et cela depuis plus de 30 ans, dans ce même institut. Parallèlement à l’enseignement, je me suis mis à faire des films documentaires. Mon premier film, je l’ai fait en super 8, en 1993, il s’appelle LE TAM-TAM. Je l’ai présenté au Musée de l’Homme (il était sélectionné par le Festival de Jean Rouch) et le film a obtenu le prix CANAL + . Le programme s’appelait “SURPRISE” c’est à dire que le soir, le programme était en clair. Ce programme de CANAL + était vraiment intéressant, c’est Patrick Bauchy qui gérait cette case, un homme très cultivé, très fin. Quand donc j’ai eu le prix CANAL +, c’était à l’époque 10 000 francs français plus le passage à l’antenne et ensuite les droits d’auteurs etc., je me suis retrouvé avec beaucoup d’argent!

KDO: Comment concevez-vous le travail de documentariste?

ID: Quand un événement arrive, je suis présent, et je suis le témoin qui a un outil, la caméra. J’essaye de travailler avec cet outil pour capter, pour être vrai- ment le plus fidèle à cet événement afin de le montrer à ceux qui ne sont pas là. Mais assez de théorie. Pas mal d’intellectuels universitaires se sont exprimés sur la question. Je peux me permettre de pratiquer mon art en me penchant sur la vie de quelqu’un que j’ai choisi. Cela peut être un scientifique, par exemple. Si je viens vers lui pour faire un film c’est d’abord parce cette per- sonnalité m’intéresse. L’outil audiovisuel a une capacité d’élargir le champ de vision du public. J’ai cet outil là, j’aime ce scientifique et ce qu’il fait, donc j’utilise cet outil pour capter le geste, le savoir faire, tout ce qui fait le personnage. Je ne peux pas appeler ça création.

KDO: Vous voulez dire plutôt un témoignage sur l’existence de cette personne?

ID: A mon sens l’Afrique aujourd’hui a besoin de ce genre de repères. La jeunesse en tout cas. Des repères de connaissance, des repères de comportement, des repères de conduite vis à vis de l’autre. En Afrique, on les retrouve tant chez le professeur passionné par son travail d’enseignant que chez le paysan. Et moi je me lance et essaye de faire un film pour justement montrer aux jeunes, au public africain pour dire voilà, c’est vrai- ment mon travail.

KDO: Cela veut dire que vous ne travaillez pas sur com- mande. On ne vous a pas commandé de faire un film sur ce personnage. Vous avez choisi la thématique, le personnage, le sens dans lequel vous voulez diriger votre personnage, vous avez choisi le cadre, l’approche. N’est-ce pas un genre de création?

ID: Oui, par exemple j’ai un personnage qui fait de la pêche. Sa manière de pêcher est quelque chose pour moi d’extraordinaire. Je veux faire un travail sur lui, comment il vit, comment il fait face aux besoins de ses enfants, tout dire de cet homme. Et je m’investis entièrement pour essayer justement de montrer ce que moi je vois à travers ce personnage, à travers cet environnement. C’est de la création bien sûr mais aujourd’hui il y a des écoles pour définir exactement ce qu’est le « documentaire de création ». Cela com- mence par de l’écriture, il faut définir tout de suite la première séquence du film et la dernière séquence du film. Pour moi, dans le documentaire on découvre les choses au moment de filmer. Est-ce que je dois laisser ce que je viens de voir par rapport à ce que j’ai imag- iné? Voilà la question donc, là je suis un événement, je suis un personnage et moi j’ai une idée du person- nage. Mais au moment de tourner, le personnage peut inventer d’autres choses, est-ce que je prends ou est-ce que je laisse?

KDO: Et puis il peut vous conduire vers autre chose.

ID: Le documentariste doit être prudent, il ne faut pas que son sujet le domine. Mais on découvre en tournant des choses qui sont tellement intéressantes. Quand je fais les prises de vue, il y a beaucoup de choses qui viennent se greffer sur mon sujet. Une fois que j’ai ramassé autant d’informations et que je me retrouve devant une table de montage, me voici face à une masse d’informations que je dois traiter sur le plan esthé- tique, sur le plan du contenu de ce que le personnage m’apporte de nouveau par rapport à l’humain. Il y a tellement de choses qui viennent se présenter à moi que je dois organiser, c’est une création. Vous êtes d’accord avec moi?

KDO: Oui, mais lorsque vous présentez des projets aux télévisions européennes, le problème de l’écriture se pose. Il faut bien présenter quelque chose de concret, non?

ID: C’est vrai mais quand je suis sur le terrain, ce que j’ai écrit il faut que j’arrive à m’en débarrasser. Cela peut devenir un frein pour moi. Automatiquement, quand je suis assis devant un personnage qui me raconte com- ment il faut écrire un documentaire, je rigole intéri- eurement, parce que je pense que le problème n’est pas là. Le problème est au niveau de la manière de prendre conscience que vous avez un outil, qui par sa présence peut intimider l’autre, par exemple. Il y a tout un com- portement à avoir et là on peut discuter là dessus. Mais si je dis demain je fais un film documentaire sur la guerre en Côte d’Ivoire, et qu’on me donne des recettes pour me dire comment est-ce qu’il faut écrire pour faire ça? Je rigole. Par contre je peux m’appuyer sur des témoignages, je fais des investigations pour trouver les personnages qui peuvent m’apporter quelque chose. Je trouve des archives qui vont me permettre d’enrichir les propos des autres. Il faut trouver aussi des lieux sym- boliques. Il y a donc un travail de recherche qui est fait.

KDO: A ce sujet, parlons justement de ce sujet, la guerre en Côte d’Ivoire. Est-ce que vous pouvez me parler de votre dernier documentaire dont vous venez de finir le montage?

ID: Le film s’appelle « LA CRISE IVOIRIENNE, UN HOMME, CHOI », Choi est le nom du représent- ant spécial du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire. Son travail était de certifier le bon déroule- ment de chaque étape jusqu’aux élections. C’était son travail mais comme il était pris entre le pour et le contre, il s’occupait de tout, des tractations aux prob- lèmes de violence. Il a malgré tout géré tout cela et il a pu faire son travail de certification, ce qui n’est pas si mal. Il faut que mon sujet soit un exemple. Et je suis passionné par cet homme qui a réussi à faire un travail délicat. L’Afrique a besoin de repères et de rigueur. Je me suis dit, cet homme là est un homme rigoureux et avec son caractère, il doit être passionné. Le projet était déjà dans ma tête et je suis allé le voir pour lui dire: « Je veux faire un documentaire sur vous! »

KDO: Il est de quelle nationalité?

ID: Il est sud-coréen.

KDO: Vous êtes allé le voir pour lui proposer de faire un documentaire sur lui, il était surpris?

ID: Complètement, il ne se rendait pas compte de l’importance de son travail! Avant de décider de faire un documentaire sur lui, je l’ai filmé en lui posant des questions: « comment les choses se sont passées, quelles sont les difficultés etc. Donc j’ai eu au moins deux heures d’entretien filmé avec lui. Voilà le matériel que j’ai: c’est lui même qui parle de lui même, c’est important. Sinon, ce n’est pas la peine.

KDO: Puis, vous avez fait des recherches complémentaires.

ID: Il a fallu que je trouve les gens qui ont travaillé avec lui, dans le gouvernement ivoirien. Il y a le ministre de la communication, et le président des élections qui or- ganisait les élections en Côte d’Ivoire. Je suis allé le voir le représentant spécial, le facilitateur burkinabé, Blaise Compaoré, qui était impliqué. Je devais le voir tous les jours, donc ces gens là je les ai rencontrés et je leur ai expliqué que mon film c’était « La crise ivoirienne, un homme, Choi ».

KDO: C’est formidable, je suis pressée de le voir.

ID: Ah oui, j’aimerais vraiment présenter le film en Côte d’Ivoire. Ce documentaire, je l’ai fait en 3 ans. Je n’ai jamais eu d’argent pour faire mes films. Comme je vous l’ai dit au départ, je suis enseignant donc je vis de mon enseignement.

KDO: Quand vous dites que vous n’avez jamais eu d’argent, cela veut dire que la télévision ivoirienne ne fait jamais de pré-achat sur les documentaires?

ID: La télévision ivoirienne ne met pas un centime dans le cinéma documentaire en Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de cinéma documentaire pour les Ivoiriens.

KDO: Parce qu’il n’est pas considéré par les télévisions! Ils ne les achètent pas, ils ne font pas de pré-achat et lorsque vous déposez des dossiers de documentaires dans les centres nationaux du cinéma la part du documentaire est très faible.

ID: Ça n’existe pas en Côte d’Ivoire.

KDO: Et même une fois vos films terminés, vous les offrez à la télévision.

ID: C’est TV5 et CFI, qui achètent mes documentaires. Alors que la télévision ivoirienne ne les achète pas.

KDO: Et les autres télévisions africaines non plus?

ID: Non! Mais parce que le problème de Canal France International (CFI), c’est que quand vous vendez, CFI les met à la disposition de toutes les autres télévi- sions africaines. Par exemple le Burkina n’a pas besoin d’acheter mon programme parce qu’il va l’obtenir par le biais de CFI. CFI vous l’achète entre 4000 et 5000 euros pour un 52 minutes. Vous voyez nous sommes dans une situation où vraiment il n’y a absolument rien pour le film documentaire.

KDO: Et vous n’avez pas réussi à vendre vos docu- mentaires ailleurs sur le continent américain, sur le continent européen?

ID: J’ai vendu, oui pour le continent européen à TV5.

KDO: Mais à d’autres chaînes de télévisions en dehors de CFI et TV5?

ID: Cela ne marche pas et c’est un problème aujourd’hui, j’ai fini par comprendre qu’aujourd’hui un film monté, fini, ça n’intéresse pas les télévisions européennes.

KDO: Il faut se préoccuper de la distribution.

ID: Il y a de très bons films documentaires avec des thèmes vraiment instructifs. Malheureusement les télévisions européennes ne les prennent pas. CFI va entrer en coproduction pour 5000 euros et va donner le film gratuitement à toutes les télévisions africaines.

KDO: Vous, vous n’arrivez pas à vivre de vos documentaires?

ID: Mais on ne peut pas vivre de ça, moi je suis un peu privilégié parce que j’ai un salaire. Ceux qui n’ont pas de salaire qui doivent vivre de ça, ils ne peuvent pas!

KDO: Ils ne peuvent pas, et alors êtes-vous optimiste par rapport à l’avenir du documentaire en Afrique? Il y a un besoin et non seulement il y a un besoin mais il y a une bataille à mener par les réalisateurs eux même sur l’ensemble du continent, pour imposer une visibilité du documentaire au niveau des chaînes de télévisions d’abord. Il faut qu’il y ait une charte des réalisateurs pour faire admettre sur le cahier des charges des chaînes de té- lévisions pour imposer des programmations de documen- taires. Il faut aussi se battre pour que les films soient vus. Or la faiblesse de nos Etats c’est qu’ils ne s’intéressent pas à nos films, à nos documentaires. Du coup il n’y a pas de synergie entre le droit audiovisuel, la législation pour imposer des programmes. Nous sommes en position de perte parce que nous fabriquons des films sans l’assistance de l’Etat, et nous ne pouvons pas imposer la vision de nos films parce que l’Etat est absent au départ et à l’arrivée.

ID: Comment voulez vous faire. Le producteur peut avoir une lettre de diffusion de la part du directeur de la télé, peut être que si dans les dix télévisions de la sous- région ils mettent cinq cent mille sur un documentaire ou même un million…avec dix millions tu peux peut être commencer à faire quelque chose.

KDO: Je pense qu’une des façons, si vous voulez, de valoriser le documentaire c’est de favoriser des coproduc- tions Sud-Sud, en permettant à un auteur réalisateur qui propose un sujet en tant que producteur d’élargir le sujet – social ou environnemental à trois ou quatre pays. A ce moment là il peut y avoir une synergie…

ID: C’est une mine l’Afrique, c’est une mine, c’est une richesse inimaginable en documentaires. Mais ça ne marche pas. Il faut ramener les jeunes cinéastes à la raison et leur faire comprendre qu’un film, ce n’est pas seulement toi seul avec ta petite idée qui fait le film. Il y a aussi – si tu est réalisateur en Côte d’Ivoire, il y a aussi au Burkina aussi des hommes qui peuvent ap- porter des choses…

KDO: Des hommes et des femmes.

ID: Voilà! Au Mali aussi il y a des hommes et des femmes qui peuvent t’apporter des choses. Même les jeunes, j’ai enseigné aux jeunes au Niger, au Togo, et au Bénin, et ce que je leur dis c’est: mettez vous ensemble!

KDO: Moi je pense aussi que c’est une dynamique. Le documentaire peut naître d’une dynamique de groupe… 

ID: De groupe, c’est ça.

KDO: Et comme aux Etats Unis, vous voyez quand il y a des scénarios qui marchent, il y a plusieurs cerveaux qui réfléchissent sur le scénario. Et du coup ça donne une dynamique ; je pense que le documentaire doit être comme ça. Mais surtout il y a un énorme travail à faire au niveau de nos administrations télévisuelles pour faire bouger les choses…

ID: J’ai essayé de travailler avec un sud- africain qui était venu à Ouaga. Moi j’ai eu le prix de l’UEMOA avec mon film « La femme porte l’Afrique ». J’étais très content. On m’a dit ah! Il va te l’acheter, il va te l’acheter. Après que je lui ai donné un DVD, il a dis- paru, je ne l’ai plus revu depuis quatre ans.

KDO: Vu le fait que, quand même, le continent africain est un continent assailli d’images – nus avons toutes les chaînes de télévision du monde à notre portée, il y a in- ternet, il y a bientôt la possibilité de voir des films sur les téléphones portables. Comment faire pour que cette jeu- nesse qui est agressée par les images comment faire pour que l’éducation nationale puisse intégrer, au moins, la notion d’explication de la valeur d’une image pour qu’un enfant ou un jeune puisse avoir les capacités d’analyser une image?

ID: C’est un problème que nous avons abordé plusieurs fois. Maintenant comment s’organiser? Moi je dis que c’est encore la production, il faut être là, c’est un marché, l’image est là. Aujourd’hui on est assailli par les images et tu n’es pas là dedans. Comment tu peux te reconnaître, si toi-même tu n’existes pas. Et moi je pense que le seul moyen qu’on a aujourd’hui pour être présent c’est d’être à la production, la distribution et la diffusion. Concernant la production, moi je pense qu’aujourd’hui il y a quand même des balbutiements. Mais il y a très peu de distribution du documentaire et il faudrait que les télévisions s’impliquent un peu plus dans la diffusion des documentaires.

 

INTERVIEW DE ADAMA KONKOBO
RESPONSABLE DE IVOIRE FILM ET COMMUNICATION
KDO: Bonjour, vous êtes Monsieur Adama Konkobo, vous êtes à la tête de la société de production IVOIRE FILM et COMMUNICATION, pouvez-vous présenter votre société de production?

AK: Je suis Monsieur Konkobo Adama, responsable de IVOIRE FILM et COMMUNICATION, une entreprise de production de films documentaires, de distri- bution de films documentaires, et nous agissons aussi de temps à autre dans le domaine de l’événementiel. Ivoire film et communication a été créé en 2011 sous le numéro 664A du registre du tribunal de commerce du premier centre Abidjan. Nous travaillons pour la mise en valeur de la culture ivoirienne, et partout dans la culture africaine, et nous préconisons une vision de l’Afrique par les Africains. Nous travaillons générale- ment avec des réalisateurs africains, et jusque là, au niveau professionnel en long métrage, nous avons produit deux films: TERRE VERTE de Boubacar Gakou et AU FIL DE L’ELECTRICITE du réalisa- teur congolais Aimé. Au plan local nous avons travaillé avec Monsieur Dia Amed Ali qui a produit un film sur l’environnement pour Abidjan.

KDO: Pouvez vous me dire quelles sont les difficul- tés que vous rencontrez en coproduction, par exemple l’expérience au Mali que vous avez eue dans le cadre de la coproduction de votre film au Mali?

AK: La difficulté majeure que nous rencontrons dans le cadre de la coproduction au Mali c’est jusqu’à présent la non collaboration entre les différents offices du cinéma des différents pays africains. De sorte que lorsque nous allons sur le territoire malien, nous sommes considérés comme des producteurs étrangers et nous avons dif- ficilement accès à beaucoup de choses. C’est pareil aussi pour le Congo et je dirais aussi que pour les réalisateurs non ivoiriens qui viennent, c’est aussi la même difficul- té qu’ils rencontrent chez nous. Ensuite nous travaillons généralement en coproduction avec des productions françaises et dans le cadre du réseau AFRI DOC. Nous travaillons également avec TV RENNES et FRANCE 5. Mais cela dit, sur le terrain nous éprouvons beau- coup de difficulté, parce qu’il faut déjà avoir comme partenaire local une télévision nationale, ce qui n’est pas évident. La RTI, la télévision Ivoirienne n’a pas encore accompagné un film indépendant, et au Mali nous avons eu la chance que le directeur de programme soit lui même cinéaste. A la création de AfricaDoc, il nous a soutenu. Au Congo Brazzaville c’était la même situ- ation avec Boris Mosika, ancien cinéaste, membre du réseau AfricaDoc. En tant que directeur de programme de la télévision il nous a facilité la tâche. Mais en de- hors de ces pays, il faut reconnaître que les télévisions nationales sont un peu réticentes, même très réticentes. Voilà ce que je constate, quand il s’agit d’accompagner des films indépendants.

KDO: Des films indépendants et particulièrement des documentaires? 

AK: Particulièrement les documentaires parce que je di- rais que l’Afrique n’a pas encore bien compris la portée du documentaire, parce que, jusqu’à présent dans nos différents Etats, il n’y a pas un véritable public pour ce genre. Il faut actuellement travailler et assister ce public là. Les gens ont plutôt tendance à absorber des séries télé, et à un degré moindre les films de fiction. Donc le documentaire est aujourd’hui, je dirais, le parent pauvre de la culture africaine et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Etats mettent difficilement les moyens pour soutenir ce genre. Le mécénat n’existe pas dans le domaine du documentaire. Et voilà, il y a beaucoup de difficultés je dirais pour ce qui concerne le cinéma documentaire africain.

KDO: Que pouvez-vous imaginer, ou que pensez-vous pouvoir mettre en place pour amener une jeunesse ivoiri- enne à adhérer au documentaire? Comment envisagez- vous la distribution justement de vos documentaires, et comment amenez la jeunesse à aller voir les documen- taires en Côte d’Ivoire?

AK: Après enquête, nous avons compris que cela fait maintenant 20 ans que l’ivoirien a perdu l’habitude d’aller au cinéma. Il s’agit donc pour nous d’amener le cinéma vers lui. Vous l’avez remarqué, toutes les salles de cinéma sont la plupart devenues des églises ou des lieux de commerce. Nous envisageons, plutôt que de rappeler un public potentiel vers une salle de cinéma, de déporter la salle de cinéma vers le public. Nous envisageons d’aller à la rencontre du rural et de ceux de l’intérieur parce que nous pensons qu’ils seront les premiers à répondre, parce que nos films, pour l’essentiel, répondent à leurs attentes. Vous voyez quand quelqu’un s’intéresse à son quotidien, le spectateur est plus intéressé. Nous envisageons de faire une tournée dans 30 localités de la Côte d’Ivoire. Il est vrai que ces films parlent de la paix pour être en corrélation avec la situation que nous voulons, mais notre objectif à nous, c’est que les gens puissent voir des films docu- mentaires. Nous allons donc aller vers ces populations, leur proposer des films, par exemple, leur projeter des films et après les projections nous allons initier un petit échange. Pour ce qui concerne les grandes villes comme Abidjan et Bouaké, nous prévoyons de faire un festival que nous avons dénommé Abidjan DOCS. C’est un festival qui va s’étendre sur 3 jours. Nous allons diffuser des films et comme je l’ai dit, nous utilisons le contexte dans lequel nous vivons qui est l’intégration. Nous al- lons diffuser des films du Niger, du Mali et du Burkina et un film de la Côte d’Ivoire. Enfin pouvoir réunir toutes les communautés de ces pays là, afin de regarder les films ensemble, et échanger, discuter.

KDO: Pour le moment est ce qu’il y a une case documen- taire qui existe au niveau de la RTI1 et de la RTI2?

AK: Il y a bien une case qui accepte de diffuser ces doc- umentaires, mais il n’y a pas de case spécifique. Quand vous allez sur la télévision à certaines heures, vous avez des films documentaires mais ce que nous appelons des cases spécifiques ce sont des cases thématiques.

KDO: Et est ce que lorsque vous produisez, vous arrivez à obtenir des pré-achats de la télévision?

AK: En Côte d’Ivoire je n’ai pas connaissance d’un réalisateur qui ait pu avoir un pré-achat de la télévi- sion, voilà ce que je peux dire avec certitude. Nous avons eu le cas de notre doyen Idriss Diabaté dont le film LA FEMME PORTE L’AFRIQUE a été dif- fusé pratiquement dans tous les pays africains, lors de la journée internationale de la femme mais nous ne l’avons pas encore vu à la télévision ivoirienne, et il y a vraiment beaucoup de cas comme ça. Nous même avons essayé de proposer des films documentaires, et nous n’avons pas eu une oreille attentive jusqu’à présent. Nous avons demandé à l’Office National du Cinéma de nous aider à entrer directement en contact avec le premier responsable de la télévision ivoirienne. Dans un premier temps, nous leur donnons des films sans les droits. Mais au fur et à mesure, nous allons les inciter à payer un peu les droits, de sorte que les réalisa- teurs puissent vivre aussi de leurs œuvres.

KDO: Et pouvez vous me parler de votre relation avec AfricaDoc?

AK: Ma relation avec AfricaDoc date de 2010 où après avoir postulé pour la résidence de Bamako nous avons eu la chance d’être parmi les résidents qui ont été retenus.

KDO: C’est le résidence d’écriture ou le résidence de production?

AK: Résidence d’écriture et de production. Nous étions douze à Bamako, huit pour la réalisation et quatre en production. Nous avons eu pour formateur Monsieur Dominique Olier, avec qui nous avons passé deux semaines à travailler autour de la production. Il nous a donné tous les outils nécessaires pour une structure de production, ce qui a nous a permis de coproduire avec lui le film TERRE VERTE de Boubacar Akoué. Après nous avons sollicité la résidence de Niamey au Niger. Nous avons également été retenus, il y a eu une résidence avec Madame Sophie Salbot de Athénaïse Production, ensuite toujours dans le cadre d’AfricaDoc, nous avons eu à travailler avec BEKA FILMS qui est la structure de distribution de Awa Traoré basée au Mali. C’est ainsi que nous avons nos inventaires de distri- bution et de manière générale, nous dirons que notre formation documentaire provient du réseau AfricaDoc.

KDO: Grâce à AfricaDoc arrivez-vous à trouver des systèmes de coproduction dans d’autres pays africains?

AK: Maintenant pour nous, au niveau de AfricaDoc, en fait au niveau de la communication, ce que moi j’envisage pour les deux et trois années à venir c’est la coproduction Sud-Sud. Je vais travailler avec Mamouna Nikéma qui a produit un film au Burkina. Elle a une société de production, Pilumpiku Production qui doit faire une partie de ce tournage en Côte d’Ivoire. Donc nous sommes convenus d’une coproduction, de sorte que lorsqu’elle sera en Côte d’Ivoire, nous al- lons lui apporter un soutien en moyens techniques et en disponibilité du personnel. Cela pour lui faciliter le tournage du film ici. Nous allons faire de même pour le Sénégal car nous travaillons aussi sur un film portant sur la renaissance africaine, et nous devons faire les repérages au Sénégal. Dans ce cadre nous cherchons ac- tuellement une société de production sénégalaise. C’est bien de mettre ensemble ces petits moyens pour en obtenir de plus importants. Les guichets se font de plus en plus rares. L’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) n’a pas eu de guichet pour la deuxième session passée. Les moyens n’étaient pas rassemblés, alors il faut commencer à trouver des solutions alterna- tives. Et nous pensons que l’une de ces solutions c’est la coproduction Sud-Sud.

KDO: Et comment envisagez-vous les deux ou trois prochaines années? Vous pensez faire des coproductions Sud-Sud. Quel serait selon vous l’idéal pour être à l’aise en production de documentaire? Est-ce une participa- tion plus forte des organisations nationales du pays, une participation des télévisions pour le documentaire, et peut-être créer des guichets internes en Côte d’Ivoire?

AK: Oui y a une nécessité de créer des guichets in- ternes. Il s’agit d’avoir un peu d’imagination et on trouvera les moyens. Mais pour moi, le rêve le plus fou serait l’accompagnement des télévisions, car nous estimons que nos films doivent être vus par nos popula- tions. Maintenant, quel peut être leur apport, on pourra en discuter. Mais vraiment, le plus important, c’est que nos films soient vus.

KDO: Qu’est ce que vous envisagez comme système de distribution de documentaire en Afrique de l’Ouest fran- cophone et dans le reste de l’Afrique?

AK: A ce niveau là, nous devons féliciter notre sœur Awa Traoré du Mali qui a eu l’ingénieuse idée de créer BEKA Films. Alors que tout le monde crée des sociétés de production, elle s’est dit: « Il faut créer une société qui va diffuser nos films ». Awa a des corre- spondants dans chaque pays, nous sommes ses correspondants en Côte d’Ivoire. Maintenant la distribution que nous prévoyons, c’est la présentation de ces films dans tous les pays. Aujourd’hui l’Ivoirien ne peut pas comprendre qu’il faille acheter un DVD de film docu- mentaire à 3.500 FCFA, alors que tous les films piratés sont disponibles à 500 FCFA sur CD, mais c’est une question de culture. Quand on sait que celui qui a fait ce film vit de son œuvre et que l’œuvre est de qualité on n’hésite pas à mettre les moyens.

 

ÉCOLES / FORMATION

ETABLISSEMENTS DE FORMATION
ABIDJAN
ETABLISSEMENT TEL E.MAIL
Institut Supérieur Technique de la Communication (ISTC)

 

Boulevard De L’université (cité Des Arts) –CocodycBP V205 Abidjan www.istc.ci www.caftic.istc.ci

22 44 86 66

 

22 44 88 38

[email protected]
Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO)

 

08 BP 22 Abidjan 08 RCI

22 40 06 50 [email protected] [email protected]
Université de l’Atlantique 22 48 72 55 [email protected]
Institut Professionnel du Cinéma et de l’Audiovisuel 05 88 99 18 [email protected]
Centre des Métiers du Cinéma 48 11 28 35 [email protected]

 

INSTITUT SUPERIEUR TECHNIQUE DE LA COMMUNICATION (ISTC)
Présentation

Créé en 1992, l’Institut des Sciences et Techniques de la Communication (ISTC) est placé sous la tutelle du Ministère ivoirien de la Communication.

L’ISTC est un établissement d’enseignement supérieur qui forme aux métiers du journalisme et de la com- munication. L’institution a une vocation panafricaine. Elle bénéficie des conventions de partenariat avec des institutions nationales et internationales.

Le corps professoral de l’ISTC est composé en pratique d’enseignants de rang doctoral et des professionnels des secteurs de l’Information et de la Communication.

Filières de formation
  • Journalisme
  • Production Audiovisuelle
  • Publicité Marketing
  • Sciences et Techniques de la Communication
  • Infographie – Multimédia
Débouchés

Communication

Localisation

Abidjan

Coordonnées

Bd de l’Université BP V 205 Abidjan

Tél.: (225) 22 44 86 66 – 22 44 88 38 – 22 44 09 01

Fax: (225) 22 44 84 33

 

FESTIVALS

CLAP IVOIRE
FORMATION
  1. PRESENTATION

Clap Ivoire est un festival – concours de courts métrag- es vidéo destiné aux jeunes techniciens et réalisateurs des pays de l’UEMOA. C’est un programme de forma- tion aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel.

Clap Ivoire, se caractérise par des sélections au niveau de chaque pays, sous la direction des ministères en charge de la culture. Au terme de ces compétitions na- tionales, les candidats déclarés vainqueurs se retrouvent à Abidjan – Côte d’Ivoire pour la phase finale. Ce volet international est ponctué d’activités diverses: table- ronde des professionnels du cinéma, ateliers de forma- tion, séances gratuites de projections de films (films en compétition et de notoriété), exposition artistique, et animations éclatées (animations musicales et humoris- tiques ainsi que des projections de films) dans certains quartiers du District d’Abidjan.

Clap Ivoire est une initiative du Centre national des arts et de la Culture (CNAC), institution sous tutelle du Ministère de la Culture et de la Francophonie de Côte d’Ivoire.

  1. AUDIENCE DE CLAP IVOIRE

Clap Ivoire couvre l’espace UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest Africaine) dont la population est estimée à 72 millions d’habitants. Selon les rapports techniques des directeurs de la cinématog- raphie, les phases nationales de Clap Ivoire prennent l’allure de véritables fêtes populaires dans chaque pays. L’accès libre aux séances de projections des films, col- orées d’animations musicales et humoristiques, con- stitue un facteur de mobilisation des cinéphiles et du grand public.

Cette audience de Clap Ivoire se verra renforcée grâce au précieux concours de Canal France International (CFI) qui diffusera les meilleurs films des phases fina- les sur ses 52 chaînes partenaires.

Comme on le constate, Clap Ivoire peut servir de prétexte aux opérateurs économiques qui ambitionnent de positionner leurs produits et marques dans l’espace UEMOA.

  1. LES OBJECTIFS CLAP IVOIRE

3.1 Objectifs généraux

Mettre au service des jeunes techniciens et réalisateurs des pays de l’UEMOA un outil de formation en vue de renforcer leurs connaissances en matière de production audiovisuelle

  • Promouvoir les métiers du cinéma et de l’audiovisuel
  • Promouvoir l’intégration sous-régionale pour une meilleure compréhension mutuelle des peuples
  • Faire du cinéma et de l’audiovisuel un moyen de lutte contre la pauvreté

3.2 Objectifs spécifiques

  • Déceler les talents
  • Développer l’esprit de créativité
  • Amener les jeunes techniciens et réalisateurs à se familiariser aux techniques modernes de l’audiovisuel
  • Faire connaître les œuvres audiovisuelles
  • Susciter le financement de la production audiovisuelle par le secteur public ou privé, en vue de garantir non seulement des emplois stables, mais aussi des productions régulières et significatives susceptibles de recréer un cycle de vie économique et commerciale dynamique en Afrique
  • Créer un cadre d’échanges et de rencontres dans le secteur de l’audiovisuel et du cinéma
  • Offrir des opportunités de contacts d’affaires aux opérateurs économiques et fournisseurs des équipements audiovisuels et cinématographiques
  • Associer le plus grand nombre de créateurs au mouvement collectif d’animation de la culture en Afrique

 

DIFFUSEURS

LES CHAINES DE TÉLÉVISIONS DE COTE D’IVOIRE 

Lors de la crise qui a débutée en 2002, La Première est suspendue dans les zones sous contrôle de la rébellion. Cela réduit considérablement l’audience de la chaîne.

L’entreprise fait des choix inopportuns et sombre petit à petit. Elle traîne des dettes et des créances non récupérables. Il n’y a pas plus de vision globale. Les chaînes servent d’instrument de propagande. Elle ne joue presque plus son rôle d’entreprise de service public de média.

De 2010-2011, la chaîne devient l’outil de propagande du président défait aux élections de 2010. Le vainqueur Alassane Ouattara se voit obligé de créer une chaîne

de télévision dénommée Télévision Côte d’Ivoire TCI et une chaîne de radio pour porter la voix de la Côte d’Ivoire. TCI commence à émettre le 22 janvier 2011.

Pendant la crise, les installations de la RTI sont détru- ites, le matériel est pillé. Désormais, la RTI en tant que média n’existe plus. Ce sont les chaînes de télévision et de radio.

Après avoir diffusé les émissions de la TCI depuis le 11 avril 2011, Le 9 août 2011, la chaîne est de nouveau diffusée avec le logo RTI1. La programmation de celle- ci est généraliste et institutionnelle et diffère donc de RTI 2 qui propose des programmes culturels.

C’est le renouveau des médias publics ivoiriens avec une volonté affichée par les dirigeants d’en faire des instruments au service de la cohésion sociale et de la réconciliation. A la faveur de la libéralisation du paysage audiovisuel qui est annoncée par les autorités ivoiriennes, la RTI veut se donner les moyens d’être une entreprise médiatique moderne. Le Président de la République a décidé de lui fournir les moyens de son ambition. Après la crise, d’énormes moyens ont été dégagés pour remettre sur pied les chaînes. L’objectif reste la couverture totale du territoire et de porter la voix de la Côte d’Ivoire. Une station régionale dans la Centre du pays à Bouaké a été remise sur pied pour plus de proximité.

 

Rappel historique

En 1960, la Côte d’Ivoire ne disposait que d’une sta- tion de radiodiffusion appelée « Radio-Abidjan ». Elle fut créée en 1951 et deviendra « Radio- Côte D’Ivoire» en 1961.

Le 26 Octobre 1962, l’Assemblée Nationale créait un établissement public dénommé Radiodiffusion Télévi- sion Ivoirienne (RTI). Cet établissement avait pour mission d’informer, d’éduquer et de distraire le public national et de donner en même temps au public inter- national une image vivante et réelle de la nation. La té- lévision ivoirienne naît le 7 août 1963, de la volonté du président de la République Félix Houphouët-Boigny qui veut en faire un instrument de développement, et ne diffuse que 5 heures 30 d’émissions par semaine. Elle ne dispose alors que d’un seul émetteur de 10 kW installé à Abobo et d’un studio de 47 m2. Le 4 août 1966 est inaugurée la maison de la télévision à Cocody dotée de deux studios de 100 m2 et 400 m2 et de maté- riel technique de qualité.

Le 07 Août 1963, démarrait la première émission télévisée en noir et blanc, la couleur n’intervenant que dix années plus tard c’est à dire le 07 Août 1973. Une station régionale est créée en 1965 à Bouaké.

L’effort de couverture du territoire, entrepris sept ans plus tôt, se concrétise avec l’ouverture d’une antenne du journal télévisé en 1973 à Bouaké, dans le nord du pays, qui est transformée en station régionale en 1980. Cette couverture du territoire national se termine en 1988 avec l’inauguration de l’émetteur de Dabakala.

Suite au lancement d’une seconde chaîne de télévision, Canal 2, le 9 décembre 1983, l’ancienne unique chaîne de télévision de la RTI est rebaptisée La Première.

Seule chaîne exclusivement généraliste du service public, La Première offre une programmation diversi- fiée, destinée à atteindre un large public. Cette position lui assigne l’ambition de jouer dans les domaines de l’information nationale et internationale, de la créa- tion, du divertissement et de l’événement, un rôle d’entraînement en matière de qualité et d’innovation pour l’ensemble du secteur audiovisuel.

Comme toute chaîne généraliste, La Première propo- sait de l’information, du sport, des divertissements, des magazines, des séries et des films. La deuxième chaîne de télévision ivoirienne, baptisée Canal 2, naît le 9 décembre 1983. C’est d’abord une toute petite chaîne sans publicité, ni information qui ne diffuse que deux jours par semaine (le mardi et le vendredi à partir de 20h30) sur un rayon de 50 km autour d’Abidjan. Le 1er novembre 1991, la chaîne est reformatée sous le nom de TV2, et devient une chaîne thématique de proximité qui émet tous les jours sur un bassin de réception élargi à 150 km autour d’Abidjan. TV2 est une chaîne théma- tique de proximité axée sur le divertissement (feuillet- ons, émissions de divertissement, dessins animés, films, clips), mais qui diffuse aussi beaucoup de magazines.

La libéralisation de l’audiovisuel en Côte d`Ivoire prévoit l`attribution des fréquences à cinq chaînes de télévisions dont les promoteurs devront chacun s’acquitter d’une caution d`un milliard de FCFA (1,5 million d`euros), a annoncé mardi l’organe de régulation.

La capacité technique de la Côte d`Ivoire est autour de cinq chaînes de télévision, a déclaré le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle en Côte d`Ivoire (Haca), Ibrahim Sy Savané, lors d’une conférence de presse.

Pour postuler, “il faut être une société de droit ivoirien, disposer d’un cautionnement d`1 milliard et payer des redevances annuelles de plus de 100 millions FCFA (environ 152.000 euros)”.

La commission de sélection des offres, composée de neuf membres “va bientôt se mettre en place” pour faire aboutir le processus, a souligné M. Sy Savané, ancien ministre ivoirien de la Communication (2007-2010).

Cette commission va “s’atteler au dépouillement des appels d`offres, et attribuer des fréquences (…) aux entrepreneurs audiovisuels ayant une capacité financière avérée”, a-t-il poursuivi.

La Haca est chargée de la libéralisation de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire.Le pays dispose actuellement d`une seule chaîne publique de télévision, la RTI.