INDUSTRIES TECHNIQUES DOCUMENTATION
MINISTÈRE DE LA CULTURE BURKINA FASO ET DU TOURISME
Unité-Progrès-Justice
SECRÉTARIAT GENERAL
FESTIVAL PANAFRICAIN DU CINEMA
ET DE LA TELEVISION DE OUAGAGADOU
2ème edition des JCFA 2012
RAPPORT COMMISSION RENCONTRES PROFESSIONNELLES
Ouagadougou, 05 mars 2012
Dans le cadre de la deuxième édition des JCFA se sont tenues les 4 et 5 mars 2012 à l’institut français les rencontres professionnelles organisées autour du programme suivant
- un master class sur le thème montage d’ un projet de film documentaire organisée dans la matinée du 4 mars
- une séance de travail réunissant les porteurs de projets documentaires avec les script doctors organisée dans l’après midi
- l’animation d’un panel le 05 mars sur le thème femmes et actions prioritaires des partenaires institu- tionnels et des ONG en Afrique
- DU MASTER CLASS
L’objectif du master class était de montrer l’importance de la présentation des dossiers, textes et images d’un projet documentaire, à préparer les participantes à défendre leur projet auprès des producteurs, à faire évaluer leur projet en le confrontant aux regards des formateurs et des participantes; à donner les pistes pour trouver un diffuseur une fois le film réalisé etc.
Le master class a été animé par messieurs Raymond TIENDREBEOGO, documentariste et Guy Désiré YAMEOGO, scénariste, et modéré par Monsieur
Clément TAPSOBA en présence de gens de médias, professionnels et amateurs. Les animateurs doivent présenter les démarches de montage d’un projet de film documentaire.
Le premier présentateur, Raymond TIENDREBEO- GO a présenté ses œuvres et indiqué qu’il est formateur à l’ISIS/SE (Institut Supérieur de l’Image et du Son/ Studio Ecole). Ainsi, il a différencié le reportage qui est un recueil d’informations et d’interviews montées et le documentaire de commande où le point de vue du commanditaire prime du documentaire de création où le point de vue de l’auteur prédomine. L’écriture documentaire comporte deux phases, à savoir la docu- mentation (savoir de quoi on parle) et la narratologie (écriture). Cette documentation peut être audiovisuelle (visionner les films pré-existants) ou écrite (ouvrages):
- La documentation qui peut être audiovisuelle, la recherche de documentation écrite et l’entretien avec des spécialistes sur le sujet afin d’éviter les répétitions
- L’écriture du canevas du film pour avoir une idée des apports du
Le dossier de production se compose de plusieurs élé- ments qui sont:
- La conception du sujet ou l’idée qui énonce l’enjeu du sujet et dégage les grandes idées en trois lignes
- Le résumé en sept lignes ou en un quart de page développe l’idée, expose brièvement l’histoire et met en valeur les personnages principaux
- La note d’intention en une page fait apparaître l’engagement de l’auteur par rapport au sujet et son intention. En quoi l’auteur peut-il apporter du nouveau? Comme l’a souligné Pierre MAYO « Le vrai problème n’est donc pas dans l’histoire mais dans le sens de l’histoire ». Ce qui voudrait dire que la vraie question, ce n’est pas qu’est-ce que je dois raconter? mais qu’est-ce que je dois dire en racontant?
- La fiche de traitement avec la mise en image, le traitement filmique et son En un mot, la fiche de traitement donne la vision à transmettre
- Le synopsis qui énonce la problématique, présente les personnages, l’enchaînement des évènements et fait ressortir la vision de l’auteur. L’essentiel n’étant pas dans l’action mais dans le point de vue
- Le CV (Curriculum Vitae) et la filmographie de l’auteur en trente lignes
- La fiche
Pour la réalisation, plusieurs manières s’offrent à l’auteur et les quatre modes narratifs les plus récurrents sont:
- Le commentaire ou voix off écrit par l’auteur porte l’histoire. Il a deux variantes
- Il peut être écrit puis illustré par le montage
- Il peut être écrit d’après le montage achevé (en exemple nous avons les films de Jean Rouch). Cette variante a été utilisée en 1950 et en Son seul reproche a été que le réel passe en second plan.
- Le récit où un personnage principal porte le récit. Il a également deux variantes
- Le récit du personnage en in et en off peut être la bande son du film et la seule source d’information
- Le récit du personnage principal peut être rajouté à d’autres éléments.
- Le commentaire récit et témoignages alternés où il y a la présence de voix off, de témoignages de personnages et de commentaires introductifs ou alternés
- Le pré-éminence de récits croisés sur un sujet donné (pour et contre).
Le deuxième intervenant Guy Désiré YAMEOGO, scénariste, formateur à l’ISIS/SE, sélectionneur de pro- jets a révélé les conditions de réussite d’un film docu- mentaire. Il faut de ce fait réussir la note d’intention et avoir le point de vue de l’auteur qui est sa conception de l’art. Il faut également se poser des questions avant d’écrire sur le pourquoi du thème et de la réalisation puis se baser sur les moments émotifs. « Le cinéaste n’est pas extérieur à ce qu’il filme. Il doit y mettre corps et âme. La construction d’une histoire va nous conduire à choisir des moments émotifs ».
Ensuite se sont suivis des échanges de compréhen- sion des participants et des partages d’expérience. Les échanges de compréhension ont porté sur le mode narratif idéal pour le film documentaire, l’importance du choix de la musique en documentaire et l’habillage du documentaire, la durée idéale du film documentaire, les difficultés dans le film documentaire de commande, l’appropriation des concepts série, épisode, documen- taire, film de sensibilisation, documentaire de fiction.
En réponse, il ressort qu’il faut être motivé, connaître l’environnement, choisir le mode qui convient à l’auteur en tenant compte du genre de public, savoir que la musique renforce l’ambiance dans un film. Le récit est conditionné par le canal de diffusion et le sujet dicte le mode narratif qui sied le mieux. Mais, il faut se faire accompagner et protéger ses œuvres. La durée du film documentaire varie de 13 à 52 minutes.
En ce qui concerne les concepts, le film est la grande famille du documentaire et de la fiction. Le documen- taire est basé sur des faits réels avec des personnages. La fiction est un film à partir d’une invention. La série est un film à épisode et le feuilleton est un film con- tinu. Le documentaire de fiction est un documentaire avec des moments de fiction insérés.
Les échanges d’expériences ont porté sur la difficulté de réalisation du documentaire de commande où l’auteur est orienté dans sa réalisation par le commanditaire.
Les participantes ont souhaité disposer des documents présentés par les animateurs.
A l’issue de ces échanges, une pause est intervenue et suivie dans l’après-midi par la séance de travail en plénière par les porteurs de projets.
- DE LA SEANCE DE TRAVAIL DES PORTEURS DE PROJETS
Concernant la séance de travail des porteurs de projets, sur sept projets inscrits, cinq femmes étaient présentes pour défendre leurs projets.
Ce sont
- Marie Noëlla POUNZO, membre de l’ONG Télé Vidéo et réalisatrice dont le projet portait sur la problématique des filles excisées « Droit à un foyer»
- Aissata OUARMA, comédienne et réalisatrice avec « La honte doit changer de camp » qui portait sur la problématique des violences faites aux femmes
- Adeline NANEMA, cameraman monteuse à ImpacTV avec « Le péril des légumes » portant sur les femmes battantes, vendeuses de légumes
- Suzanne KOUROUMA avec « Les soldats de feu » portant sur les sapeurs-pompiers
- Adjaratou LOMPO avec « Conseil National de Lutte contre la Pratique de l’Excision (CNLPE), 22 ans après » portant sur les acquis et insuffisances du CNLPE depuis sa création.
- Chacune de ses femmes a défendu à tour de rôle son projet devant un jury de professionnels du septième art à savoir Raymond TIENDREBEOGO (réalisateur), Guy Désiré YAMEOGO (scénariste) et Clément TAPSOBA (critique de cinéma).
Remarques et recommandations
A l’issue de ce pitch, il ressort que chaque projet présente des insuffisances qu’il faudrait combler par une documentation audiovisuelle et écrite.
En vue de permettre aux candidates d’améliorer l’écriture de leur projet d’une part et d’autre part d’enrichir leur culture cinématographique en matière de documentaires, les encadreurs ont suggéré de mettre à la disposition des candidates des œuvres cinématographiques documentaires qu’elles pourraient visionner au Fespaco afin d’ approfondir leurs connais- sances sur le documentaire.
Aux candidates le jury a souhaité que chaque candidate remonte un dossier selon les normes proposées. Ces nouveaux dossiers seront présentés d’ici au mois de mai au comité de suivi composé des membres du jury qui s’est engagé à soutenir les candidates par leurs conseils.
- L’ANIMATION DU PANEL FEMMES ET ACTIONS PRIORITAIRES DES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS ET DES ONG EN AFRIQUE
Le panel sur le thème « Femmes et actions prioritaires des partenaires institutionnels et des ONG en Afrique » s’est déroulé le 05 mars au CCF entre les partenaires et les professionnelles de l’image. L’objectif du panel était de donner l’occasion aux ONG et partenaires institu- tionnels œuvrant dans le sens de l’épanouissement de la jeune fille et de la femme en Afrique, de définir leurs ac- tions sur le terrain et de dégager en adéquation avec les femmes de l’image, les voies et les moyens pour produire des images sur les préoccupations au quotidien de la femme africaine. Au sortir du panel des actions concrètes devaient être engagées pour la production de films docu- mentaires de femmes touchant les actions prioritaires définies par les partenaires d’ici au JCFA 2014.
A cet effet plusieurs courriers ont été adressés aux ONG œuvrant dans les domaines en faveur des femmes. De même des institutions régionales et internationales ainsi que les ambassades ont été invitées par voie de courrier. La modération du panel a été assurée par Mme Valé- rie Kaboré. Les participantes présentes étaient Mme Dorothée Batiga représentant l’Ambassade des Pays Bas; Mme Meig Riggs de l’Ambassade des USA et Mme TRAORE de l’Association des Veuves et Orphelins du Burkina (AVOB).
Après le mot de bienvenue de M. TAPSOBA Clé- ment représentant le FESPACO, la modératrice Mme KABORE Valérie, a fait la présentation des partenaires présentes dans la salle. La parole a été donnée à Mme Dorothée pour sensibiliser sur le fait que rien ne peut être fait en dehors des objectifs du millénaires tels que
- l’éducation des filles
- le désenclavement
- la réduction de la pauvreté
- la réduction de la mortalité
- la protection de l’environnement
- l’égalité des sexes
- combattre le VIH SIDA et le
Elle a ajouté que les PTF ont été créés en 2005 dans un cadre de concertation qui ambitionne de réunir tous les partenaires dans le but d’éviter les doubles financements. Les PTF se réunissent tous les mer- credis. Le premier bénéficiaire est l’Etat. Les ONG bénéficient rarement de ces fonds. Quant aux Fonds communs Genres, la compétition s’avère énorme. Selon Mme Dorothée, chaque partenaire a un canevas de financement et il faut entrer dans ce canevas pour être bénéficiaire.
Après l’intervention de Mme Dorothée, la parole a été donnée à Mme TRAORE de l’Association des Veuves et Orphelins du Burkina (AVOB).
A son tour, Mme TRAORE a donné les objectifs de son Association qui sont l’écoute et l’aide des veuves et orphelins. L’Association n’a jamais réalisé de films sur les violences, faute de financement et à cause de difficultés de montage de projet. Elle souhaiterait que les thèmes traités aillent jusqu’au fond du problème. Vu que les femmes victimes des violences refusent de témoigner à visage découvert, les films de fiction seront les bienvenus
Mme Meig Riggs a, pour sa part, évoqué l’opportunité de diffuser des films suivis de débat dans leur centre qui n’est autre que le centre américain. Selon elle, des bourses d’études son disponibles uniquement pour les femmes de l’image. Elle a déploré le fait qu’aucune femme profes- sionnelle de l’image n’ait eu à solliciter ces bourses. Elle a invité les femmes à venir à la source pour les informations à cet effet. Après l’intervention des différentes partenaires, les femmes professionnelles de l’image ont posé des ques- tions de compréhension, d’éclaircissement et d’autres ont apporté leur contribution.
Quelques femmes professionnelles de l’image ont partagé leur expérience par rapport aux recherches de financement, et ont aussi suggéré à celles qui ont des projets, d’aller à la recherche de l’information auprès des structures de financement ou sur le net.
Quelques structures de financement ont été recommandées à savoir
- la Coopération Canadienne
- l’Ambassade du Danemark
- l’Ambassade des Pays Bas
- la Coopération Suisse
- le Fonds des Nations Unies pour le Développement
- le PNUD
- l’Ambassade d’Autriche
- l’Ambassade de Suède
- l’UEMOA
- synergenre.org.
Les femmes professionnelles de l’image expérimen- tées ont souligné que les chances sont plus grandes d’obtenir les financements lorsque les demandes sont faites au nom d’un structure ou d’une société plus que par de simples individus. il faut aussi que le projet soit convaincant et qu’il entre dans la ligne droite et le canevas de la structure sollicitée.
Dans l’après-midi, les débats se sont poursuivis autour des suggestions et recommandations à faire dans le but d’une mobilisation concertée des femmes à travers l’Unafib, dans le but de permettre aux femmes profes- sionnelles de proposer des oeuvres audiovisuelles de qualité. Plusieurs propositions ont été faites.
A l’attention de l’Unafib
- les participantes ont souhaité une re-dynamisation de l’Unafib dans la dynamique des travaux des rencontres professionnelles.
- Une synergie d’action au sein des femmes professionnelles afin d’aboutir à une meilleure élaboration des projets filmiques (documentaire ou de fiction) basés sur des scénarios au contenu originaux
- Dans le cadre des recherches de financement pour les projets des femmes professionnelles que l’Unafib assure la mise en place d’un comité de suivi basé sur un réseau auquel chaque professionnelle doit contribuer. A cet effet et dans le même ordre d’idée les femmes professionnelles doivent être à même de constituer un lobbying efficace au bénéficie des projets porteurs auprès des bailleurs et des autorités.
- L’Unafib est invitée a élargir son réseau de partenaire avec d’autres associations.
- Enfin les femmes sont invitées à se mobiliser davantage pour les activités des JCFA et du Fespaco en général.
A l’attention du Fespaco
Au regard de la faible représentativité des partenaires sollicités, les participantes ont souhaité que pour l’organisation prochaine de telles rencontres un meil- leur suivi soit assuré. Mme Kabore a suggéré que l’organisation de tels panels soit confiée à une agence de communication chargée de mobiliser les partenaires, tout en félicitant la délégation générale du Fespaco pour l’initiative prise de créer les JCFA. Les femmes professionnelles ont encouragé la délégation générale du Fespaco à renforcer l’implication des femmes dans l’organisation des éditions du Fespaco notamment en invitant le maximum de professionnelles africaines et autres aux éditions du Fespaco et des JCFA; en assurant davantage la promotion des films des femmes africaines de l’image lors des différentes éditions.
A l’issue du panel des motions de remerciements ont été délivrées à l’intention de la marraine du Fespaco, du ministre de la culture et du tourisme; du ministre de la promotion de la femme, ainsi qu’au délégué général du Fespaco(voir en annexe) Conclusion générale: Les leçons à tirer dans l’ensemble les rencontres professionnelles ont répondu aux objectifs visés. Le master class a connu une partici- pation relativement moyenne (environ une trentaine de participante) et a été bien animée. Les personnes ressources sollicitées ont été à la hauteur des attentes. Les questions posées par les participantes ont reflété le niveau inégal des participantes; il y a d’une part celles qui n’avaient aucune connaissances sur le cinéma et encore moins sur le documentaire ( essentiellement cer- taines comédiennes) et celles qui avaient déjà réalisé ou participé à la réalisation de documentaires. Les ques- tions posées par ces dernières visaient à renforcer leur connaissances ou à éclaircir certains points développés par les animateurs. D’où le souhait par les participantes de bénéficier de supports écrits sur le thème développé. Malgré l’intérêt manifesté par les participantes il est souhaitable néanmoins que de tels masters class soient plus ciblés en fonction du profil des participantes.
Le panel n’a pas répondu aux attentes de l’organisation au regard du faible taux de participation des parte- naires. De fait, l’objectif premier qui visait a aboutir au terme du panel à l’élaboration d’un partenariat entre porteurs de projets et partenaires n’a pas été atteint. L’intérêt du thème nécessite cependant que le thème soit reconduit sous une autre forme en vue de favoriser les échanges entre les partenaires institutionnels et le Fespaco dans le cadre des prochaines JCFA.
CINÉMA DOCUMENTAIRE DU NORD ET DU SUD
QUEL TYPE DE COOPÉRATION?
par Laurentine Bayala (Burkina Faso) Cinéaste, Journaliste
INTRODUCTION
Le village planétaire que prédisait Mac LUAN[1] est plus que jamais une réalité. L’époque contemporaine a su briser les échelles de temps et d’espace. Ce qui convainc Dominique WOLTON d’affirmer qu’ « après avoir maîtrisé les distances et conquis la nature et la matière, les hommes retrouvent un désir d’infini dont la multitude des mots, des images et des données serait la plus parfaite illustration[2]». Parlant d’images, on peut dire que le développement des moyens de diffu- sion de type électrique et électronique, nous familiarise avec une restitution exhaustive de la réalité. A l’heure actuelle dans le domaine du cinéma, le documentaire semble marquer le pas. Genre cinématographique se basant sur le réel, le documentaire est un puissant outil de communication et d’éducation, un moyen d’investigation sur la réalité et un lieu d’affirmation de l’identité. Des images provenant de contrées éloignées et captant le vécu des êtres vivants, nous donnent l’impression de connaître l’autre, sa vie et son histoire. En effet, « Puissant support médiatique mondialement reconnu, le cinéma s’est avéré au fil du temps être un moyen de transmission d’informations sur le mode de vie, les idéologies, les pratiques et les cultures des peuples du monde. Il a donc servi à façonner, à former et à transformer les représentations sociales que les groupes sociaux se font les uns des autres[3] ».
Des réalisateurs font la chasse à l’image dans les quatre coins du monde, pour ensuite la représenter sous son as- pect esthétique. Des documentaristes de renom comme Thierry MICHEL et Chris MARKER ont promené leur caméra en Afrique pour en ressortir avec des chefs d’œuvres. Il s’agit notamment de « Mobutu roi du Zaïre[4] » pour l’un et « Les Statues meurent aussi[5] » pour l’autre. Selon Jean Marie BARBE[6], « l’Afrique n’est pas filmée par les Africains ». On est donc tenté de se demander ce qui explique cette léthargie car « une société quotidiennement et quasi exclusivement submer- gée par des images absolument étrangères à sa mémoire collective, à son imaginaire, à ses références et à ses valeurs sociales et culturelles perd peu à peu ses repères spécifiques et son identité; du même fait, elle perd son aptitude fondamentale à imaginer, à désirer, à penser et à forger son propre destin[7] ». Si l’Afrique n’est pas filmée par les Africains, est-il possible et envisageable, que des réalisateurs de ce continent filment d’autres horizons comme l’Europe pour une diversité culturelle et une pluralité des regards? Pour le moment, ces cinéastes africains ne courent pas les rues. Quelques-uns travail- lent à renverser le rapport filmeur/filmé. Dans « Un Africain à Annecy », le jeune réalisateur nigérien Mal- lan SAGUIROU s’infiltre dans la société française pour établir les similitudes et les divergences d’avec sa culture d’origine. C’est un premier pas qui se montre concluant et qui mérite d’être suivi. Il faut donc persévérer dans cette logique pour que le documentaire soit « le lieu de réfléchir à notre quotidien, notre réalité, sans laisser l’autre, celui qui vient d’Europe, s’approprier cette réalité, en ne passant souvent que trop peu de temps avant de s’approprier ces images[8]» . Alors, pour qu’advienne un regard croisé dans le domaine du documentaire, il doit exister une coopération entre le cinéma du Nord et celui du Sud. Mais déjà, nous nous demandons s’il existe une quelconque coopération et sur quels plans s’opère cette coopération? Pour mieux cerner les contours de notre recherche, nous formulons la question centrale suivante Cinéma documentaire du Nord et du Sud quels types de coopération? Notre question vise à vérifier s’il existe d’ores et déjà une coopération entre le Nord et le Sud dans le domaine du documentaire. Par ailleurs, quels sont les acteurs de cette coopération pays, réalisateurs (africains et européens), techniciens, …? Enfin, s’il n’existe pas une coopération, quels sont les domaines possibles dans lesquels peuvent germer une coopération?
- ETAT DES LIEUX DU CINEMA DOCUMENTAIRE EN AFRIQUE
L’Afrique est documentaire. C’est une affirmation du Sénégalais Moussa TOURE, vivement salué au FES- PACO (Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadou- gou) 2005 pour son film « 5×5 » qui est un portrait désopilant d’un polygame aux 5 épouses et aux 25 en- fants. « Il n’est qu’à en juger par la sélection étonnante et florissante des films documentaires de cette dernière édition (c’est-à-dire la 20è édition), depuis la condition de Pygmées en République Démocratique du Congo filmée par le journaliste camerounais Saïd Penda, aux débuts du cinéma africain à travers un pays, le Niger, dans « Al’lèèssi, une actrice africaine » de Rahmatou Keita, en passant par « Le Malentendu colonial » de Jean Marie Téno. Cette année, les films documentaires entrent en compétition au FESPACO. Preuve s’il en fallait, qu’ils réunissent un public enthousiaste. Car l’avenir du cinéma africain tient aussi aux sujets traités. Plus que jamais, le public est demandeur d’images de son continent, qui relatent son histoire, son passé, mais aussi son actualité [9]»
Une des forces du documentaire, c’est d’être en prise avec la réalité. Il sollicite directement le spectateur comme témoin. De nos jours, produire soi-même majoritairement les images que l’on consomme, n’est pas un luxe, ni pour un individu, ni pour une société, un peuple, un pays ou un continent. « Si l’Afrique, ce continent de 850 millions de femmes et d’hommes, se démettait de sa responsabilité de devenir produc- trice d’images, elle renoncerait du même coup à celle de décider et de conduire son propre développement. L’image de soi joue une fonction proprement vitale ».
Cependant, à voir la réalité, on dira que l’Afrique est le continent où le documentaire a du mal à prendre son envol. En témoigne la faible production d’œuvres documentaires.
1.1 PRODUCTIONS DES ŒUVRES DOCUMENTAIRES
Le cinéma africain en général et le cinéma documentaire africain en particulier connaissent une faible pro- duction. En effet « la production cinématographique en Afrique semble être à la croisée des chemins en rai- son de la quasi-absence sur le continent de mécanismes de financements locaux et de l’absence d’un véritable marché intérieur bien structuré et fiable pouvant as- surer la rentabilité des productions. Il n’est pas exagéré de dire que bon nombre de cinématographies de pays africains survivent ou vivent grâce aux appuis extérieurs au continent[10] » Certains pays font exception à la règle en se distinguant par une production nationale documentaire assez remarquable, même si les œuvres ne revêtent pas un caractère artistique. Il s’agit par exem- ple du Burkina Faso qui produit des documentaires in- stitutionnels, ethnographiques. Mais il reste beaucoup de choses à faire pour ce pays qui ne fait qu’entamer ses premiers et timides pas dans le documentaire. Alors, pour un rayonnement du documentaire en Afrique, on pourrait méditer sur cette réflexion de Jean Michel
FRODON « pour qu’un film en appelle d’autres, pour qu’un auteur puisse continuer de travailler et qu’il fasse des émules, il faut des espaces d’action et de pensée, des cadres de travail. Il faut des lois et des financements, des machines et des hommes qui savent s’en servir, des publics et des lieux pour les accueillir, des dispositifs de transmission et de partage. Et il faut que puissent en bénéficier tous ceux qui aiment le cinéma, parce qu’ils le font, ou simplement parce qu’ils y vont[11] »
1.2 LA DIFFUSION DES ŒUVRES DOCUMENTAIRES
« On constate aujourd’hui qu’à peine né, le cinéma africain se débat, noyé par les problèmes de la dis- tribution, de la production, de la taxation et de la formation des hommes…La plupart des structures nationales de distribution sont tombées en faillite, ou connaissent d’énormes difficultés de fonctionnement et d’approvisionnement en films ». En plus d’avoir une faible production, il se pose un réel problème de diffu- sion au Sud. Le peu d’œuvres documentaires produits sont difficilement vues par le public africain. Au Nord comme au Sud, les festivals s’affirment de plus en plus comme une alternative à la faible diffusion des films d’Afrique en salles. Fruit de beaucoup d’implication, un festival est un moment privilégié de découverte, d’éducation et de rencontre. « A côté de festivals bril- lant par l’intelligence de leur programmation (théma- tiques, rétrospectives, séminaires et évènements cul- turels), le paternalisme en quête de bonne conscience de certains autres, fait froid dans le dos. Présenter un film africain devient parfois une action humanitaire, voire le nécessaire pilier de sa promotion [12]».
Il n’en reste moins que « face à la faiblesse de la diffu- sion et la quasi-absence de prise en compte des films d’Afrique dans les revues de cinéma, les festivals restent une vitrine essentielle et le seul lieu encore trop rare, de réflexion critique[13] »
De façon générale, les œuvres documentaires africaines sont vues par un public extérieur qui a la chance de les regarder lors des festivals. « L’inorganisation générale du secteur cinématographique conduit au paradoxe que le film africain est un produit étranger sur son marché. Il est plus aisé pour un film américain, asiatique ou européen que pour un film réalisé par un cinéaste nigérian, malien ou camerounais d’atteindre les écrans d’Afrique. N’ayant pas accès à son propre marché, l’on comprend que le film africain éprouve du mal à se financer[14] ». Le public du Nord est mieux exposé au cinéma documentaire du Sud, grâce à des chaînes de télévisions internationales qui prennent part à la pro- duction des œuvres. Nous pouvons citer CFI, ARTE
- LES CAUSES DU SOUS-DEVELOPPEMENT DU DOCUMENTAIRE EN AFRIQUE
Le documentaire africain souffre de multiples maux de la production sous perfusion à une diffusion sinistrée. Le manque de soutien de la part des décideurs poli- tiques est l’une des raisons fondamentales du retard ac- cusé par le documentaire africain. Les gouvernements voient ce genre cinématographique comme une menace à la stabilité de leurs pouvoirs. En effet, le documen- taire a cette force de se baser sur le réel qui nous en- toure. Il peut donc être une arme de dénonciation des maux qui minent l’Afrique « l’image des cinéastes af- ricains est souvent critique par rapport à la réalité locale et donc facilement suspectée de subversion; Les images venues d’ailleurs sont politiquement moins dangereuses même si elles sont terriblement plus nocives pour les populations ». Ce qui est du genre à détourner le regard des décideurs politiques qui préfèrent plutôt soutenir la fiction, qui, comme son nom l’indique, relève de l’imaginaire. Pourtant, « les gouvernements africains et les cinéastes sont des partenaires obligés aux respon- sabilités illimitées car les peuples africains ont faim et soif de leurs images. Combien de temps survivront-ils encore avant d’être culturellement étouffés?[15] ».
On ajoutera également que par rapport à la situa- tion très critique de sous-développement culturel et économique que vit le cinéma africain, la responsabilité des Etats est indiscutablement prédominante. En ef- fet, la seule prise de mesures judicieuses sur les plans juridique, législatif et réglementaire par les décideurs publics pourrait opérer une transformation de l’environnement cinématographique. Il est réellement affligeant de constater comment dans leur majorité, les gouvernements africains ne semblent pas vouloir se persuader que le secteur du cinéma réclame d’être organisé, structuré, soutenu, développé tout comme le secteur minier, l’hôtellerie ou les transports.
Une autre cause du sous-développement du documen- taire en Afrique réside dans l’insuffisance du finance- ment qui provient généralement du Nord. Le finance- ment demeure un réel problème pour l’émergence du documentaire. Il manque une politique de soutien au sein du continent. La plupart du temps, les réalisa- teurs se tournent vers les producteurs étrangers dont l’Europe, pour obtenir un financement. Gaston KA- BORE, réalisateur burkinabé le mentionne bien dans les propos suivants « Cet état de fait amène les réalisa- teur d’Afrique à se tourner vers l’extérieur à la fois pour la diffusion et la production des œuvres. Grâce à des subventions de quelques pays du Nord et à des co-pro- ductions de divers types réalisées avec des organismes publics et des chaînes de télévision, de nouveaux films africains se font [16]». Ainsi donc, beaucoup de projets de documentaire ne parviennent pas à voir le jour, faute de moyens.
En outre, les télévisions nationales qui sont des dif- fuseurs de documentaires, n’ont paradoxalement pas un système de soutien à l’initiative créatrice des réal- isateurs. Ces télévisions locales se sont habituées à la facilité et l’assistanat. Elles obtiennent gratuitement des œuvres cinématographiques grâce à des chaînes internationales comme CFI (Canal France International) qui sélectionne, achète et achemine chaque jour, au moyen d’un réseau de satellites, des programmes de télévision et de cinéma français mis gratuitement à la disposition des télévisions des pays émergents. Cet appui tue toute responsabilisation de ces télévisions du
Sud, qui, pourtant à elles seules peuvent financer des œuvres documentaires. Le directeur des programmes à CFI du nom de Pierre Block de FRIBERG ne manque pas de justifier la politique de sa maison dont les programmes « sont adressés aux télévisions partenaires de notre réseau dans cinq zones du monde l’Afrique, l’Europe centrale et orientale, le Monde Arabe, l’Asie et Haïti. Ces programmes sont distribués par voie satellitaire, cryptés de manière à ce que seules les télévi- sions partenaires puissent les exploiter pour alimenter leurs grilles de programmes et permettre ainsi aux images françaises d’être diffusées dans des régions où les marchés n’existent pas, ou sont en voie d’émergence. En concertation avec les directeurs de programmes des télévisions partenaires, nous affinons constamment la sélection des programmes, pour être en phase avec leurs demandes et leurs besoins. L’objectif n’est pas de «noyer » ces télévisions avec une masse d’images inutiles, mais de les aider à construire leur grille et, au delà, de permettre à ces chaînes d’attirer plus d’annonceurs afin qu’elles puissent financer leurs productions[17] ». Ces propos du directeur de CFI montre clairement le parte- nariat dont il est question avec le Sud et ce partenariat n’est pas pour arranger le Sud.
- ETAT DES LIEUX DE LA COOPERATION ENTRE LE NORD ET LE SUD DANS LE DOMAINE DU DOCUMENTAIRE
La coopération entre le Nord et le Sud en matière de documentaire est surtout remarquable dans le domaine du financement. Comme nous l’avons déjà indiqué, les réalisateurs du Sud, dépourvus de fonds, se dirigent vers des institutions et partenaires du Nord. Ceci est une forme de coopération déjà existante. Cependant cette coopération n’est autre qu’une dépendance de l’expression artistique du Sud vis-à-vis du Nord. Nom- bre de projets de film sont restés au stade du scénario parce n’ayant jamais été sélectionnés pour un finance- ment quelconque.
Ainsi, le désir de certains réalisateurs de se spécialiser dans le documentaire s’anéantit. D’ailleurs pour Pierres-Yves VANDEWEERD « on ne vit pas du documentaire en Afrique ». Pour dire que le documen- taire ne nourrit pas son homme.
La co-production est aussi un domaine de coopéra- tion existant entre le Nord et le Sud. De plus en plus, des producteurs du Nord co-produisent des films documentaires du Sud en collaboration avec des pro- ducteurs locaux du Sud. Des exemples sont légions. Tout dernièrement, le documentaire intitulé « Pour le meilleur et pour l’oignon » du réalisateur nigérien Sani MAGORI a été simultanément coproduit par la société Adalios de Magali CHIROUZE de France et par Mallan SAGUIROU du Niger.
Une nouvelle collaboration est entrain de prendre forme. Elle se dessine dans le domaine artistique où l’on observe un travail artistique commun entre réalisateurs du Nord et du Sud. « Le monologue de la muette » fraîchement réalisé par Khady SYLLAR et Charlie VAN DAMME, montre qu’il peut exister une coopération dans ce secteur. Des associations comme AFRICADOC mènent une bataille pour instaurer un nouvel ordre en Afrique dans le domaine du documentaire. Elle contribue à l’émergence d’une vague de documentaristes au Sud, dans le but de briser la fracture numérique.
- DOMAINES DE COOPERATIONS POSSIBLES ENTRE LE NORD ET LE SUD
Le documentaire constitue un vaste champ dans lequel des opportunités de coopérations existent à toutes les étapes de l’acte de création. De l’écriture à la réalisation en passant par le montage, des possibilités de coopéra- tions s’offrent aux deux hémisphères.
- L’écriture c’est la première étape de la création ar- C’est le regard singulier porté par un auteur sur un sujet bien donné. Le documentaire de création, parce qu’il est nanti d’une approche artistique, néces- site un travail d’écriture de fond. C’est pourquoi, nous soutenons que le documentaire de création est une brèche ouverte pour un enrichissement réciproque entre le Nord et le Sud. « Si la co-production est inévitable, son véritable génie ne doit pas se ramener à une mathématique financière et commerciale, mais doit consister précisément à préserver ce que chaque partenaire a de plus spécifique et de plus authentique dans sa vision du monde. En d’autres termes, le parte- nariat ne doit pas s’exprimer en des termes exclusive- ment économiques mais doit prétendre à se réaliser également en des termes de créativité [18]»
Cette option peut favoriser une divergence de regards sur des sujets traités sur le réel du Nord et du Sud. Aussi, le Sud est-il beaucoup plus filmé par le Nord. Il faut changer cette donne pour que le Sud puisse donner son opinion sur le Nord.
Par ailleurs, cela permettra au Sud d’acquérir une cer- taine légitimité et aidera à faire exister des documenta- ristes dans le Sud.
- La réalisation c’est à ce stade que se concrétise l’acte de cré Le réalisateur conçoit le projet de film à travers des images et du son expressifs et créatifs. La réalisation est un métier à travers lequel le Nord et le Sud peuvent unir leur force pour constituer un binôme artistique enrichissant. En effet, que ce soit le cadrage, l’éclairage, la prise de son, le Nord et le Sud ont des approches qui peuvent être une force pour le documentaire. Une complicité entre un caméraman du Nord et un réalisateur du Sud peut renforcer la qualité du produit final qui est le film. La co-réalisation est capable d’insuffler une dynamique dans les deux pôles. Elle est le lieu par excellence, de l’imbrication, de l’interpénétration des regards de deux réalisateurs sur une réalité vécue différemment par chacun d’eux. Ceci rejaillit sur l’œuvre de créa- tion et lui confère une dimension artistique nouvelle et multidimensionnelle. En nous basant toujours sur « Le monologue de la muette » co-réalisé par Khady SYLLAR et Charlie VAN DAMME, nous osons dire que ce documentaire est d’une approche artistique particulière. Elle est dotée d’une force artistique qui certainement, est l’œuvre de deux intelligences. Ce type de coopération est à encourager entre le Nord et le Sud.
- Le montage est très important pour le documen- taire de cré Au fait, il fait appel à la technique d’agencement des images pour donner un sens artis- tique à celles-ci. Elle constitue la dernière écriture du film et conditionne énormément sa réussite. Le Nord comme le Sud regorge de monteurs. Mais nous savons pertinemment que le Nord est mieux avancé en matière de montage. Une coopération dans le domaine du montage est un moyen pour gratifier les œuvres réalisées au Sud. En outre, le montage en tant qu’acte artistique peut permettre au Nord et au Sud
- Gaston KABORE, L’Afrique et le centenaire du cinéma, Présence Africaine, 1995 de poser une fois de plus, des regards singuliers et différents sur une œuvre donnée. Chaque partenaire monteur, qu’il vienne du Nord ou du Sud apporte son savoir-faire.
- Le tournage concerne la période de la conception de l’œuvre artistique. D’une manière générale, les réalisateurs du Nord qui viennent tourner au Sud se munissent au préalable du matériel nécessaire au tournage. L’inverse étant rare, nous ne pourrons nous exprimer sur ce point. On trouve du matériel ciné- matographique au Sud, même si souvent ce matériel n’est pas au diapason de l’évolution technologique. Une coopération est envisageable à l’étape du tour- nage et cela permettra à l’industrie quasi-inexistante du Sud d’engranger des devises grâce à la location du matériel de tournage (par les réalisateurs du Nord qui viennent tourner au Sud) et à la perception de recettes fiscales par les autorités. On peut donc assister à l’essor d’une économie locale autour du cinéma du Sud. Cette économie pourra financer et rehausser notre cinéma « qui tarde à prendre son envol[19] ».
Le financement: est une équation qui n’est pas en- core résolue au Sud. Il constitue d’ailleurs l’un des problèmes majeurs du retard accusé par l’avancée du documentaire en Afrique. Comme nous l’avons évoqué précédemment, les Etats du Sud se méfient du docu- mentaire qu’ils trouvent préjudiciable à leur stabilité.
Le financement est le domaine de coopération le plus en vue entre le Nord et le Sud. Mais nous nous deman- dons s’il s’agit d’une réelle coopération? Nous dirons qu’il s’agit plutôt d’une dépendance du Sud vis-à-vis du Nord. Ici, c’est le Nord qui fixe les règles du jeu et le Sud fait ensuite la courbette pour bénéficier des bonnes grâces du Nord.
- LES CONDITIONS D’UNE COOPERATION FRUCTUEUSE
5.1 L’engagement des cinéastes africains
Les cinéastes du Sud en particulier africains ne doi- vent pas dormir sur leurs lauriers. Ils doivent s’engager réellement pour faire du documentaire du continent un secteur émergent. L’engagement s’entend ici par « une prise de conscience selon laquelle l’avenir du cinéma africain dépend du travail qu’ils abattront pour se dé- marquer de la vieille génération dont les œuvres furent qualifiées de cinéma calebasse ». Il faut penser le documentaire africain à court, moyen et long terme. Et chaque durée ou étape demande une stratégie adaptée pour atteindre des objectifs mesurables dans le temps. Les cinéastes africains doivent penser à une stratégie pour se départir du financement extérieur. Le finance- ment extérieur nuit à l’éclosion de l’esprit artistique du réalisateur « le cinéma africain, si les cinéastes n’y prennent garde, peut perdre son propre point de vue et devenir un cinéma dépersonnalisé, livré au diktat du marché occidental qui le façonnera tant dans sa forme que dans l’essence profonde de son contenu[20] ».
Les réalisateurs auront tendance à écrire des projets pour séduire les producteurs. Il n’est plus question de conviction, il n’est plus question d’expression artistique. Il est plutôt question d’enjeux financiers. Charlie VAN DAMME met en garde les réalisateurs contre la ruée vers le financement extérieur. Selon lui, le financement a des effets pervers qui déteignent sur la créativité des réalisateurs. L’essors du documentaire incombe aux cinéastes qui doivent imaginer des actions idoines pour booster ce domaine. L’Afrique regorge de potentiali- tés et « le documentaire africain est vécu aujourd’hui comme un combat[21] »
5.2 Une coopération basée sur le partenariat
Au delà de l’engagement, les cinéastes africains doivent travailler à rompre avec la situation d’éternels assis- tés. Un nouvel ordre doit s’instaurer dans les relations Nord/Sud pour aboutir à une relation de partenariat.
Toutes les personnes intervenant dans le cinéma, gagneront à établir une coopération équitable. Que ce soit sur le plan de la réalisation, du montage ou de l’écriture. La question qui demeure cependant et la suivante les cinéastes africains sont-ils prêts à vivre et à accepter les conditions de ce partenariat qui font d’eux des partenaires égaux aux réalisateurs du Nord? Sont- ils donc aptes à assumer les mêmes responsabilités que leurs confères du Nord?
5.3 Le déploiement de moyens techniques et financiers provenant du Nord et du
Il est vrai que le Nord est plus avancé que le Sud dans les technologies qui entrent dans la conception de l’image. Depuis l’invention des Frères Lumière jusqu’au 21è siècle, des outils performants sont conçus au Nord pour capter des images de qualité. Le rôle du Sud s’est confiné à consommer les inventions technologiques provenant du Nord. Dans le domaine du cinéma, les matériels de prise de vue et de son sont souvent inadap- tés au contexte africain. Les matériels sont sensibles à la poussière, très présente sur le continent. En plus, la caméra ne parvient pas restituer une image nette de la peau noire. Ce qui suppose, que c’est une caméra conçue uniquement pour la peau blanche, donc pour le Nord. Il est donc temps que l’Afrique se mette à la tâche pour fabriquer ses propres caméras, ses propres matériels de prise de son comme la mixette, le tascam, la perche etc. Ce n’est pas un idéal mais une possibilité.
ECOLES/ FORMATION
PRESENTATION DE LA INSTITUT SUPERIEUR DE L’IMAGE ET DU SON (ISIS)
01 BP 647 – Ouagadougou Burkina Faso tel.1 (+ 226) 50.34.03.01 fax (+ 226) 50.34.03.01 [envoyer un mail] site http://www.iris.gov.bf
S’appelle aussi ISIS (Programme de Formation aux Métiers de l’Image et du Son).
Cet institut à vocation sous-régionale installé dans des lo- caux entièrement rénovés et équipés en matériel professi- onnel par l’Ambassade de France au Burkina Faso, offrira, dès septembre 2005, aux futurs techniciens du cinéma africain des formations et diplômes de niveau BTS.
Ce “Cycle de Spécialisation” d’une durée de 2 ans, encadré par des professionnels du Nord et du Sud, s’adresse à toute personne désireuse de se former et de se spécialiser aux métiers techniques et créatifs de l’image et du son.
Face à ces constatations, les professionnels du cinéma burkinabé ont émis un certain nombre de proposi- tions, dont celle d’un plan de relance du cinéma et de l’audiovisuel comportant un ambitieux Programme de Relance de la Formation aux Métiers de l’Image et du Son (PROFIS).
L’Institut Supérieur de l’Image et du Son (ISIS), école supérieure de formation, représente la dernière étape du Programme de Relance de la Formation aux métiers de l’Image et du Son (PROFIS) développé au sein de la Direction de la Cinématographie Nationale (DCN).
MINISTERE DE LA CULTURE ET DU TOURISME
SECRETARIAT GENERAL
INSTITUT SUPERIEUR DE L’IMAGE ET DU SON/STUDIO ECOLE
DELEGATION GENERALE
DIRECTION DU STUDIO ECOLE
BURKINA FASO
Unite- Progrès- Justice
PRESENTATION DU STUDIO-ECOLE
Le Studio-Ecole de l’ISIS dispose d’equipements professionnels complets de productions et de postproduction ans tous les formats. Grace au soutien de l’Union Européenne, son pare materiél s’est renforcé avec l’acquisition d’équipements numériques de demieres générations dont la caméra HDW F900R avec accessoires de toumage. Elle permet désormais d’opérer des prises de vues de réve.
Son atout majeur qui fait la difference réside dans chaine de postproduction intégrée. Cette chaine s’articule autour de la station de montage virtuelle “PYRAMIX”, la demière-née de la haute technologie.
Elle comprend :
- Un studio de et d’etalonnage AVID SYMPHONY HD et magnétoscope HDW-F1800
- Un studio d’effets spéciaux (compositing, trucage et habillages)
- Deux stations PYRAMIX qui permettent de réaliser toutes les étapes (enregistrement, montage, mixage, édition en synchronisation et réseau)
L’ensemble fonctionne en symbiose dans un processus intégré (workflow), méthodique, générant des produits répondant aux exigences de qualité conformes aux normes intemationale.
LES EQUIPEMENTS
- Un nodal HD avec magnetoscope HD et disques durs extemes
- Un studio d’enregistrement et de montage PYRAMIX
- Un auditorium de mixage avec PYRAMIX et Console RAMSES MSC
- Une caméra HDW F900R avec accessoires de tournage
- Un ensemble de matériels d’éclairage Cineflo et HMI 1200 avec accessoires d’électricité
- Une station de montage et d’étalonnage AVID SYMPHONY
- Deux stations de montage et AFTER EFFECT, MEDIA COMPOSER avec palette
Dans sa mission de remise à niveau des professionnels et leur perfectionnement, le Studio-Ecole a defini un programme a court, moyen et long terme de stages de formation continue. Il a déjà organisé plusieurs ateliers qui ont porté sur plusieurs domaines dont entre autres :
- La maintenance : pour développer et incruster la culture de l’entretien et l’esprit de durabilité chez es techniciens et gestionnaires de structures de production
- Le jeu d’acteur : en vue de perfectionner les qualités d’interprétation des comédiens de cinéma
- La prise de vue HD et la direction photo : familiariser et perfectiofl!ler les opérateurs de prise de vue a la camera hd900r et à la direction photo avec les normes nouvelles que l’outil numérique
- Le mixage son sur PYRAMIX
- Le montage AFTER EFFECTS (03 ateliers)
- Le montage et l’etalonnage sur AVID SYMPHONY (02 ateliers)
L’accompagnement des projets et l ‘appui aux productions se sont traduits de manière plus visibles avec sa participation à des films de court et long métrage don
- Le poids du serment de Daniel KOLLO SANOU (long métrage)
- En attendant le vote de MISSA HEBIE (long métrage)
- Julie et Romeo de Boubacar DIALLO (long métrage)
STUDIO-ECOLE
La création d’un studio école au sein de l’Institut de l’Image et du Son relève de la dynamique de la relance des secteurs du cinéma et de 1’audiovisuel qui vivent depuis quelques années une crise de croissance. Elle répond aux besoins de recyclage des professionnels en déphasage avec l’évolution technologique et d’accompagnement des projets pour les rendre compétitifs. Le cadre de l’ISIS SE favorise le brassage entre les professionnels et les étudiants. Les missions du Studio Ecole consiste en la definition et à la mise en reuvre d’une politique nationale d’amelioration de la qualite technique et artistique de la production cinematographique et audiovisuelle. Pour se faire la structure a mis en place un programme de formation continu au profit les professionnels de tous corps de m é tier. Elle a en outre la charge de :
Suivre 1’encadrement et 1’accompagnement des projets spécifiques des professionnels
Coordonner les présentations techniques initiées où soumises à l’ISIS SE
Organiser et superviser 1’animation professionnelle
Renforcer les relations entre 1’institut et son environnement
Aider à l’insertion professionnelle des étudiants
Organiser et coordonner les activités du comité de gestion du matériel technique.
INSTITUT DE FORMATION IMAGINE
L’Institut de formation IMAGINE a organisé un atelier de formation au profit de 12 étudiants venus du Nigeria et du Burkina Faso. Débutée le 21 novembre 2005, cette formation a pris fin le 19 décembre dernier.
Premier atelier du genre en anglais, dix étudiants nigérians et deux burkinabé ont reçu durant un mois au sein de l’Institut Imagine, une formation dans le domaine de la scénarisation pour la télévision et le cinéma. Cet atelier vise à offrir selon M. Gaston Kaboré, coordonnateur général de l’Institut IMAG- INE, à offrir au cinéma africain et à la télévision des « professionnels expérimentés et aguerris dans div- ers domaines de la scénarisation » précisément en ces volets, « direction d’acteurs, production, caméra, prise de son, montage, décoration, maquillage, etc ».
Les étudiants en fin de formation venus du Nigerian Film Institute de Jos (sept étudiants), d’Independant Télévision Producers Association of Nigeria (trois étudiants) et de l’Université de Ouagadougou (deux étudiants) ont bénéficié de l’expérience d’enseignants irlandais, canadiens et burkinabés. L’Institut IMAG- INE, pour l’organisation de cet atelier a fait jouer son partenariat avec Houston School of film and digital media dans le but d’échanges d’étudiants et d’enseignants. Durant un mois, les étudiants ont travaillé 8 heures par jour avec des professeurs dans l’écriture des séries de télévision et de la fiction pour le cinéma. Selon une participante venue de Jos, Ngong Q. Janvier, cette formation a été bénéfique dans la mesure où elle a beaucoup appris dans l’écriture des scénarios de télévision et de cinéma.
Au déjà de cette formation en scénarisation, le coordon- nateur général d’IMAGINE, Gaston Kaboré, pense que son institut n’est pas seulement un centre de formation, mais une entité qui a une certaine vision de ce que le cinéma et la télévision peuvent apporter à l’Afrique en terme d’affirmation des identités culturelles.
IMAGINE selon M. Kaboré, créé en février 2003 lors de la XVIIIeme édition du Fespaco, veut permettre aux Africains de raconter leurs propres histoires en vue d’apporter dans un monde où on lutte pour la diversité culturelle, ce qui est propre et singulier à l’Afrique. D’où « l’ambition de l’Institut de ne pas former seule- ment des professionnels et des techniciens d’horizons divers mais d’ouvrir leurs préoccupations à des do- maines de réflexion qui touchent au destin de nos sociétés » a confié M. Kaboré.
De ce fait, IMAGINE se propose d’offrir des possi- bilités de formation initiale, de perfectionnement et de former des formateurs dans l’ensemble des métiers liés au cinéma, à la télévision et au multimédia. Selon M. Kaboré, les cours à vocation nationale et internationale reposent sur un système d’atelier et de panels profes- sionnels. Trois niveaux de formation sont proposés au public selon les capacités des étudiants.
Ainsi le niveau 1 s’adresse à des jeunes débutants désirant consolider leurs connaissances techniques. Le niveau 2 s’adresse à des professionnels qui désirent se perfectionner et le niveau 3 concerne des ateliers de formation de formateurs. C’est pourquoi, le coordon- nateur général de l’Institut IMAGINE Gaston Kaboré dit s’inscrire dans la devise de l’institut qui est « d’être un lieu où se transmettent le savoir et le savoir-faire ».
Daouda Emile OUEDRAOGO
Dans le cadre de ses activités, le Pôle Archives Audio- visuelles (PAA) de l’Institut IMAGINE organise, les 29 et 31 mars 2012, un camp mémoire à l’intention des élèves et étudiants de la commune de Ouagadougou. En effet, le camp mémoire se veut un cadre qui offre à la jeunesse une opportunité de revisiter et de se réap- proprier une trame de son histoire par des communi- cations, des projections et des ateliers d’initiation aux techniques de numérisation de documents audiovisuels.
A cette occasion l’Institut IMAGINE invite les élèves et les étudiants intéressés à bien vouloir s’inscrire gratuitement en écrivant sur polearchives@institutimagine. com ou en appelant le 50 36 46 16.
Par ailleurs, il convie les différents organes de pres- se à venir couvrir l’événement qui se déroulera dans ses locaux à Wayalguin au secteur 27 de Ouagadou- gou, entre la gare et l’échangeur de l’est à 400m au côté gauche de la station Total au croisement des rues Bayenna et 27.50 non loin du grand Séminaire Saint Jean-Baptiste.
Ouagadougou — L’institut de formation en cinéma, télévision et multimédia “IMAGINE” qui a fêté ses huit ans d’existence le 28 février 2011, évolue “dans le bon sens” même s’il fait face à la limite des ressources financières, a déclaré son fondateur et directeur, le ciné- aste burkinabé Gaston Kaboré.
“Je pense que ça évolue dans le bon sens vu ce qu’on a pu attendre, malgré les limites objectives dues au manque de ressources”, a dit Kaboré dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de l’APS à la 22ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou.
“Le bilan est positif, pas seulement du point de vue statistique (plus de 700 professionnels passés à l’institut depuis huit ans). Je me réjouis surtout du fait que beaucoup de gens se réclament de l’esprit IMAGINE “, a-t-il indiqué, précisant que, “fait intéressant”, les plus nombreux viennent du Nigeria.
Pour Gaston Kaboré, l’Institut a acquis “l’internationalité” recherchée à ses débuts, en plus des Nigérians, des ressortissants de 23 pays dont le Togo, le Mali, le Niger, le Bénin, le Sénégal, le Tchad, la Zam- bie, le Zimbabwe, le Gabon font partie de ceux qui ont bénéficié d’une formation à “Imagine”.
Les ateliers concernent notamment l’écriture de scénarios de films radiophoniques, la prise de son en dramatique radiophonique, l’analyse de scénarios, le cinéma d’animation, la formation des comédiens de cinéma, la technique de la réalisation, le montage, etc.
Les trois niveaux de formation s’adressent aux jeunes débutants, aux professionnels déjà expérimentés et à des formateurs souhaitant transmettre leurs connaissances.
Le fondateur de l’institut regrette qu’il n’y ait pas encore eu de stage pour des lusophones, insistant par- ticulièrement sur la question des ressources. “On aurait pu faire beaucoup plus si les ressources étaient mobilis- ables”, a-t-il dit à ce sujet.
“Il y a un esprit Imagine, a-t-il ajouté. Par exemple, une Nigériane et une Sud-Africaine, qui se sont rencontrées ici, sont en train de monter un projet de documentaire sur les rapports entre le Nigeria et l’Afrique du Sud à l’époque de l’Apartheid”.
Pour le Fespaco, l’institut réalise les Newsreel, un magazine à mi-chemin entre le reportage et le docu- mentaire sur les activités de la Biennale des cinémas d’Afrique, objet singulier diffusé avant la projection des films dans les salles et à la télévision. Lors de la 22-ème édition, il a abrité un symposium sur les imaginaires, les mythes fondateurs et récits.
Prié d’esquisser des perspectives pour la structure, Gaston Kaboré a dit qu’il s’agit aujourd’hui de “s’armer pour finir la première décennie d’existence et se pro- jeter”. Dans cette optique, il a été créé, en juin 2010, l’Association “Institut Imagine”, de droit burkinabé à vocation internationale.
“Elle a pour principal objectif de prolonger et de péren- niser l’activité de l’institut”, explique Gaston Kaboré, ajoutant “J’en assure la présidence même si je ne me sens pas propriétaire de l’esprit Imagine fait de partage d’une vision, d’une expérience commune”.
Kaboré précise que “tout le monde peut être membre de l’association. Ce qui est intéressant c’est la façon dont les gens prennent possession de l’esprit +Imag- ine+. Les professionnels en ont fait leur affaire”.
“IMAGINE” abrite un Pôle “Archives audiovisuelles”, qui a déjà organisé des formations pour des agents de la Bibliothèque nationale du Burkina Faso, de la Ciné- mathèque africaine, du Centre des Archives nation- ales, de la Télévision nationale du Burkina, du Musée national, de la Direction du Patrimoine.
“C’est très important ce travail, estime Gaston Kaboré. ça va nous permettre de régler des problèmes dans bien d’autres domaines. Nous avons fait le pari de les rendre accessibles pour qu’elles (les archives) soient utilisées comme carburant pour nous projeter.”
Selon lui, “si les gens reprenaient possession d’eux- mêmes en termes de mémoire, de connaissance d’eux- mêmes, on ferait un grand pas dans l’analyse et la compréhension de notre présent ainsi que la prépara- tion de l’avenir”.
“C’est utile de réfléchir et de capitaliser pour l’action d’aujourd’hui et les projets de demain”. Il remplit ainsi sa principale mission qui est “la restauration d’une forte identité africaine à travers les arts, les cultures et les imaginaires des peuples africains”.
Né en 1951 à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), Gas- ton Jean-Marie Kaboré obtient une maîtrise d’histoire à La Sorbonne avant d’étudier à l’Ecole Supérieure d’Etudes Cinématographiques (ESEC). C’est à la vi- sion de Xala (1975), du réalisateur sénégalais Ousmane Sembène, qu’il envisage pour la première fois le cinéma comme un moyen d’explorer et de faire découvrir la culture africaine. Il réalise son premier long-métrage au Burkina-Faso Wênd Kûuni, (Le don de Dieu en 1982), récompensé par le César du film francophone ce qui lui vaut une reconnaissance internationale. Ce premier long métrage sera suivi de Zan Boko (1988), de Rabi (1992) qui remporteront également de très nombreux prix, et de Buud Yam (1997), Etalon d’ Or du FESPACO 97.
Scénariste, réalisateur et producteur, Gaston Kaboré a par ailleurs réalisé plusieurs documentaires ainsi qu’un chapitre de Lumière et compagnie (1995), film choral pour les cent ans du cinématographe. Gaston Kaboré n’a cessé de promouvoir le cinéma africain, notamment en dirigeant le Centre National du Cinéma du Burkina (1977-1988) mais aussi en tant que secrétaire général de la FEPACI (Fédération Panafricaine des Cinéastes) entre 1985-1997. Il a fondé en 2003 l’Institut de For- mation en Audiovisuel Imagine basé à Ouagadougou.
SOCIETIÉS DE PRODUCTION
RESEAU AFRICADOC
BENIN
Clémentine Dramani issifou clementine.dramaniissi- [email protected]
Arnaud Akoha [email protected]
Faissol Gnonlonfin [email protected]
BURKINA FASO
Kouka Aimé Zongo [email protected]
Laurentine Bayala [email protected]
Loci Hermann Kwene [email protected]
Mamounata Safy Nikiema [email protected]
Michel K.Zongo [email protected]
Nabié Wabinle [email protected]
Parfait Kaboré [email protected]
Rachelle Somé [email protected]
Sanon Bakary [email protected]
Simplice Herman Ganou [email protected]
CAMEROUN
Anne Elisabeth Ngo Minka [email protected]
Cyrille Masso [email protected]
Georges Biyong [email protected]
Kisito Jacques Mvondo Eyegue [email protected]
Martin Nganguem Kamdem [email protected]
Simon-Pierre Bell [email protected]
CONGO(s)
Delphe Kifouani [email protected]
Ori huchi kozia [email protected]
Relaine Aimé Nkounkou Banzouzi [email protected]
Robert Nzuzi Ngoyi [email protected]
Rufin Mbou [email protected]
MALI
Kassim Sanogo [email protected]
Boubacar Sidibe [email protected]
Bilaly Konaté [email protected]
Awa Traoré [email protected]
Andrey S. Diarra [email protected]
Aboubacar Gakou [email protected]
MAURITANIE
Abdrahmane Ahmaed Salem [email protected]
Djibril Diaw [email protected]
Ethmane Tijany Diagana [email protected] / [email protected]
NIGER
Abba Kiari [email protected]
Malam saguirou [email protected]
Moussa Djingarey [email protected]
Moustapha Seini [email protected]
Rakia Laminou Kader [email protected]
Sani Magori [email protected]
SENEGAL
Adama Salle [email protected]
Adams Sie [email protected]
Aïcha Thiam [email protected]
Alassane Diago [email protected]
Alioune Babee Ndiaye [email protected]
Amadou Ndiaye mour[email protected]
Angèle Diabang [email protected]
Dièynaba Ndiaye Dia [email protected]
Gora Seck [email protected]
Mame Woury Thioubou [email protected]
Marie Louise Sarr [email protected]
Ndeye Souna Dieye [email protected]
Oumar Ba [email protected]
Rama Thiaw [email protected]
Sébastien Tendeng [email protected]
Sellou Diallo [email protected]
Serign Mbodj [email protected]
Siga Diouf [email protected]
Soukeynatou Diop [email protected]
TOGO
Augustin Battita Talakaena [email protected]
Gentille M.Assih [email protected]
Joël Tchedre [email protected]
Koffi Segla Oloubegnon [email protected]
Koffivi Assem Paulin [email protected]
Luc Abaki [email protected]
ARCHIVES
LA CINEMATHEQUE AFRICAINE DE OUAGADOUGOU
Salle de conservation des films
La Cinémathèque Africaine de Ouagadougou a été créée en 1989 à l’occasion de la commémoration du vingtième anniversaire du FESPACO. Créée à l’initiative des cinéastes africains qui y réfléchissaient depuis 1973 au fil des congrès et des rencontres profes- sionnelles, cette Cinémathèque Africaine vise à sauveg- arder le patrimoine cinématographique de l’Afrique. Elle répond à l’attente des cinéastes et hommes de cul- ture, soucieux de la sauvegarde du patrimoine culturel de l’Afrique.
La Cinémathèque Africaine de Ouagadougou est une institution publique de l’Etat, placée sous la tutelle du FESPACO et affiliée à la Fédération Internationale du Film (FIAF) depuis 1994.
LES OBJECTIFS
- La collecte des films africains et de toute oeuvre relative à l’Afrique.
- Le traitement, la conservation et la mise en valeur des films collectés à travers des consultations diverses par les chercheurs et les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel.
- L’inventaire et le catalogage du patrimoine cinématographique de l’Afrique.
- L’élaboration de filmographies des pays
LES ACTIVITÉS
Collecte, inventaire et catalogage des films
Quarante copies de films constituaient les premiers fonds d’archives de la cinémathèque. Aujourd’hui, elle possède un centre moderne de conservation des œuvres (centre fonctionnel depuis 1995), où ont été traitées et stockées plus d’un millier d’œuvres des documentaires, fictions, actualités, longs et courts mé- trages représentatifs des cinématographies de toutes les régions d’Afrique.
Les films d’actualités
Les archives filmiques de la télévision nationale du Burkina ont été récupérées, identifiées, nettoyées et stockées dans les cellules de conservation. Quatre cents bobines de 16 mm pratiquement à l’abandon, ont ainsi été sauvées en 1998. Elles représentent l’histoire socio-économique et poli- tique du Burkina Faso, des années 60 à 70.
Les films de la période coloniale
Les films de cette époque sont importants, dans la mesure où ils constituent les seules images de l’Afrique dans la première moitié du 20ème siècle. La Ciné- mathèque africaine en possède une vingtaine dont les périodes de production s’étalent des années 1920 à celles de 1950.
Matériel de restauration de films Les films didactiques
La collection de la cinémathèque comporte également des films à caractère éducatif. Ces œuvres pour la plupart datent des années 1960. Elles étaient produites par les gouvernements et traitaient de thèmes différents tels l’agriculture, la santé, le civisme, … à l’intention des populations en majorité analphabètes.
Les films d’auteurs africains
Les films d’auteurs recueillis sont assez représentatifs des cinématographies africaines, du Maghreb en pas- sant par l’Afrique Occidentale, l’Afrique Orientale et l’Afrique Australe. Une quantité importante de copies d’œuvres a été collectée en 1988.
La cinémathèque africaine possède aussi la quasi- totalité des films de certains auteurs célèbres tels que Sembène Ousmane et de certains pays comme le Burkina Faso et le Gabon.
Autres films
Le reste de la collection est constitué d’une vingtaine de films de Cuba et de quelques classiques du cinéma Français et Européen.
La conservation
La Cinémathèque Africaine ne possède pas de labora- toire, mais du matériel nécessaire pour de petits travaux de restauration sur les copies de films usagées, analyse physique des copies, réparation des perforations, net- toyage à sec des bobines de film. Des prestations en la matière sont régulièrement accordées aux profession- nels, aux ciné-clubs, etc.
Les copies de films sont conservées dans des salles spé- cialement aménagées où la température et l’humidité sont rigoureusement contrôlées. Un système de pro- duction d’air conditionné permet de maintenir la température à l’intérieur des cellules entre 15°c et 20°c avec une humidité relative entre 30% et 40%.
La documentation
Un important matériel non film, relatif au cinéma africain a été réuni. Un centre de documentation très variée est mis à la disposition du public pour consul- tation. Ce centre possède un fond de plus de 6000 photos, plus de 500 affiches de films, plusieurs milliers d’articles de presse, des revues spécialisées, des revues de presse, des dossiers de presse des films, des livres, des scénarios, etc.
L’accès aux collections
La cinémathèque a déjà ouvert ses collections à de nombreux étudiants, enseignants, chercheurs et pro- fessionnels du cinéma. Des étudiants sont venus d’Afrique, d’Europe et d’Amérique pour voir des films, faire des recherches et rencontrer des personnes res- sources, dans le cadre de leurs mémoires ou thèses de fin d’études. L’accès aux collections est conditionné par une demande motivée.
La Cinémathèque Africaine dispose également de plusieurs unités de cinéma et de vidéo mobiles, ainsi que du personnel qualifié pour l’organisation de projec- tions de films dans les villes et villages du Burkina. Ces projections à but non lucratif se font en partenariat avec les ONG, associations, écoles et autres institutions publiques et privées.
En dehors de ces projections, le FESPACO œuvre pour la promotion du cinéma africain dans les festivals inter- nationaux. L’institution organise aussi des manifesta- tions cinématographiques diverses: semaine de cinéma, grandes premières de films, etc.
LA COOPÉRATION INTERNATIONALE
La Cinémathèque Africaine de Ouagadougou est membre de la Fédération Internationale des Archives du film (FIAF), depuis 1994. Elle est jumelée au service des archives du film du CNC/France depuis 1995. A l’instar des autres membres de la FIAF, la cinémathèque africaine contribue à la promotion des archives de films à travers des activités communes telles que
- les stages de la FIAF à Londres en 1992 et 1996
- la programmation des films à Amsterdam en 1996 et Paris en 2000
- le congrès de la FIAF à Jérusalem en
LES PROJETS DE LA CINÉMATHÈQUE
La cinémathèque africaine de Ouagadougou envis- age de renforcer la collecte des films pour avoir une filmographie par pays et localiser les négatifs de films africains dispersés pour la plupart, dans des labora- toires européens.
Elle a aussi en projet
- La construction d’une salle de projection de la cinémathèque africaine dotée d’un espace d’exposition pouvant recevoir un marché de films et de programmes de télévision, un musée du cinéma, etc.
- Le développement du centre de documentation, avec la création d’une banque de données sur le cinéma africain sur le site Web de l’institution.
DE L’IMPORTANCE DE LA CINÉMATHÈQUE AFRICAINE DE OUAGADOUGOU
La cinémathèque africaine de Ouagadougou sans conteste, assure au cinéma du continent une visibilité permanente et permet de stimuler la réflexion et une recherche endogène sur le cinéma africain.
En outre, elle contribue à une meilleure connaissance de l’histoire contemporaine de l’Afrique, par les consul- tations scientifiques des anciens films et est une source d’inspiration pour les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel.
Enfin, la cinémathèque africaine de Ouagadougou participe à l’éducation cinématographique du public, à travers des programmations régulières de rétrospectives et par l’organisation d’expositions diverses.
FESTIVALS
FESTIVAL CINE DROIT LIBRE
http://www.cinedroitlibre.bf
Concours du meilleur projet de film documentaire sur les droits humains et la liberté d’expression. L’association SEMFILMS Burkina est organisatrice du festival “Ciné Droit Libre”.
“Ciné Droit Libre” est un festival autour de films enga- gés pour la cause des droits de l’homme et de la liberté d’expression.
C’est un festival annuel, qui se tient en trois phases la phase centrale se déroulant à Ouagadougou au Burkina Faso avec des invités (réalisateurs, activistes des droits humains et défenseurs de la liberté de la presse) et la phase décentralisée qui se déroule dans les villes et vil- lages intérieurs du Burkina.
Enfin, la phase régionale qui accompagne le Forum So- cial Mondial (version africaine) notamment pour ceux tenus à Bamako 2006 et à Nairobi 2007, et maintenant une programmation autonome à Abidjan.
“Ciné Droit Libre” est le cinéma qui va droit au but sur les questions liées aux droits humains et à la liberté d’expression, c’est également un cinéma qui se veut libre d’expression et “d’accès”.
Le festival CDL a pour credo les trois principes suiv- ants – “Un film, un thème, un débat”, – “Une indépen- dance dans la sélection et la programmation des films”, – “Une liberté de diffuser les films censurés, engagés, polémiques”.
Ciné Droit libre c’est aussi une série d’activités qui se tiennent parallèlement aux projections débats tels les ateliers de formations sur la réalisation documentaire, le concours du meilleur projet documentaire, le forum, les expositions etc.
Pour la petite histoire, Ciné Droit Libre est né après une frustration de jeunes réalisateurs burkinabés et néerlandais, qui ont fait le constat que certains films politiquement “incorrects” avaient de la peine à être vus par le public africain. Ils ont vécu cet apartheid ciné- matographique lorsque leur film “Borry bana: le destin fatal de Norbert Zongo” a été refusé dans la sélection du Fespaco et dans presque toutes les salles du Burkina parce qu’il aborde la question de la liberté d’expression et les violations des droits humains au Burkina. C’est ainsi que l’idée de créer un festival alternatif au Fespaco est née.
La vocation de Ciné Droit Libre est résolument cul- turelle et citoyenne.
En quatre éditions Ciné Droit Libre est devenu un événement culturel qui mobilise le public, les intellec- tuels et les citoyens des villes et campagnes autour des questions d’actualités touchant aux droits humains et à la liberté d’expression.
Au nombre des personnalités ayant participés aux dif- férentes éditions de Ciné Droit Libre, on peut citer Pius N’djawé (Cameroun) Latif Coulibaly (Sénégal) Aminata Traoré (Mali), Joseph Ramaka (Sénégal), Thierry Michel (Belgique), Robin Shufield (France- Belgique) Djamel Tahi (Tunisie- France) Gilles Remische (Belgique), Kim Loginotto (Angleterre) Gahité FOFANA (Guinée) Abdoulaye Sangaré (Côte d’Ivoire), Samba KONE (Côte D’Ivoire), etc.
DIFFUSEURS
LES TÉLÉVISIONS DU BURKINA FASO
Télévision Nationale du Burkina (TNB)
BP 2530 Ouagadougou 01
Tél ( 226) 50 31-83-53/63
Fax (226) 50 32-48-09
Site web http://www.tnb.bf
Neerwaya Multivision (TV5, CFI, CANAL +)
128 rue Houari Boumedienne – Immeuble F. A. KABORE
01 BP 3340 Ouagadougou
Tél.(00226) 50 31 71 71
Fax (00226) 50 31 23 19
[email protected]
Canal Burkina 3 (CB3)
11 BP 340 Ouagadougou
Tél.(00226) 50 30 06 54/55
Fax (00226) 50 30 06 32
Canal Viim Koèga (CVK) 01 BP 108 Ouagadougou Tél.(00226) 50 38 18 16